Les infections pulmonaires constituent l'une des raisons les plus fréquentes pour lesquelles on amène les enfants et les jeunes consulter un médecin ou une infirmière. Actuellement, il est difficile pour un médecin ou une infirmière de déterminer le type d'infection dont souffrent leurs patients uniquement d'après les symptômes et les signes qu'ils présentent. De ce fait, un traitement antibiotique peut être prescrit ou bien refusé de manière inadaptée. Mycoplasma pneumoniae (M. pneumoniae) est une cause bactérienne importante d'infections pulmonaires chez les enfants et les adolescents. Cette revue évalue l'utilité des symptômes et des signes cliniques pour aider les médecins et les infirmières à décider si un enfant ou un jeune est susceptible de souffrir d'une infection pulmonaire causée par M. pneumoniae. Nous avons analysé les données de sept études portant sur un total de 1 491 enfants, toutes ayant été menées dans des établissements hospitaliers. Nous avons constaté que la présence d'une respiration sifflante réduit légèrement la probabilité d'une infection à M. pneumoniae et que la présence de crépitations (à savoir râle crépitant lors de l'examen du thorax au stéthoscope) augmente légèrement la probabilité d'une infection à M. pneumoniae. Cependant, ces caractéristiques cliniques ne sont pas suffisamment utiles pour orienter les décisions sur la prescription d'antibiotiques en vue de traiter d'éventuelles infections à M. pneumoniae. D'après les résultats de deux études, la présence de douleurs thoraciques fait doubler la probabilité d'une infection à M. pneumoniae. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires dans ce domaine, en particulier en pratique générale et chez les patients non hospitalisés.
Chez les enfants et les adolescents souffrant d'une pneumonie d'origine extra-hospitalière, il est impossible de diagnostiquer formellement une infection à M. pneumoniae uniquement d'après les symptômes et les signes cliniques. Bien que l'absence de respiration sifflante soit un indicateur diagnostique statistiquement significatif, son potentiel diagnostique est insuffisant pour permettre d'orienter le traitement empirique par macrolides. Les données de deux études semblent indiquer que la présence de douleurs thoraciques fait plus que doubler la probabilité d'une infection à M. pneumoniae. Cependant, des recherches supplémentaires doivent être effectuées pour étayer ce résultat. Des études supplémentaires de haute qualité et à grande échelle dans des contextes de soins primaires sont nécessaires pour aider à déterminer des règles de prédiction à partir des données épidémiologiques et également des caractéristiques cliniques et de base des patients.
Mycoplasma pneumoniae (M. pneumoniae) constitue une cause importante de pneumonie d'origine extra-hospitalière chez les enfants et les adolescents. Le traitement antibiotique par macrolides est recommandé. Cependant, l'infection à M. pneumoniae est difficile à diagnostiquer uniquement d'après les symptômes et les signes cliniques. L'incertitude sur le diagnostic peut entraîner une prescription inappropriée d'antibiotiques, qui peut aggraver le pronostic clinique et augmenter la résistance aux antibiotiques.
Les objectifs de cette revue sont (i) d'évaluer la précision diagnostique des symptômes et des signes dans la reconnaissance clinique de l'infection à M. pneumoniae chez les enfants et les adolescents souffrant d'une pneumonie d'origine extra-hospitalière ; et (ii) d'évaluer l'influence des sources potentielles d'hétérogénéité sur la précision diagnostique des symptômes et des signes dans la reconnaissance clinique de l'infection à M. pneumoniae.
Nous avons effectué une recherche dans MEDLINE (de janvier 1950 au 26 juin 2012) et EMBASE (de janvier 1980 au 26 juin 2012). Nous avons identifié des références supplémentaires en réalisant une recherche manuelle dans les listes bibliographiques des articles inclus et en utilisant des méthodes « boule de neige ». Nous avons effectué une recherche dans les listes bibliographiques des revues systématiques pertinentes identifiées en effectuant une recherche dans la base de données Medion, la Database of Reviews of Effects 2012, numéro 6 (25 juin 2012) et le registre Cochrane des études sur la précision des tests diagnostiques (2 juillet 2012). Des experts dans le domaine ont passé en revue notre liste d'études incluses afin de rechercher d'éventuelles omissions évidentes.
Nous avons inclus les études publiées après évaluation par des pairs qui recrutaient de manière prospective ou consécutive des enfants souffrant d'une pneumonie d'origine extra-hospitalière provenant de n'importe quel établissement de santé, qui confirmaient la présence de M. pneumoniae par sérologie avec ou sans autres méthodes de laboratoire et qui indiquaient les données sur les symptômes et les signes cliniques de manière suffisamment détaillée pour construire des tableaux de 2 x 2.
Un auteur de la revue a analysé les titres pour exclure les articles manifestement inappropriés. Deux auteurs de la revue ont indépendamment analysé les titres et les résumés restants, passé en revue les versions intégrales des articles potentiellement pertinents, évalué la qualité des articles inclus et extrait les données sur les caractéristiques des études et les caractéristiques cliniques suivantes : toux, respiration sifflante, coryza, crépitations, fièvre, rhonchi, essoufflement, douleurs thoraciques, diarrhées, myalgie et céphalées.
Nous avons calculé les valeurs spécifiques aux études pour la sensibilité, la spécificité et les rapports de vraisemblance positifs et négatifs avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons estimé la probabilité post-test de M. pneumoniae d'après l'absence ou la présence de symptômes et de signes.
Nous avons calculé les sensibilités globales, les spécificités, les rapports de vraisemblance positifs et négatifs avec des IC à 95 % pour les symptômes et les signes lorsque les données étaient indiquées par au moins quatre études incluses en ajustant un modèle normal bivarié pour les transformations logit de la sensibilité et de la spécificité. Nous avons recherché les sources potentielles d'hétérogénéité en ajustant les modèles bivariés avec des covariables à l'aide d'une régression logistique à plusieurs niveaux et à effets mixtes. Nous avons réalisé des analyses de sensibilité en excluant les données des études pour lesquelles nous avions des doutes sur la représentativité de la population de l'étude et/ou l'acceptabilité de la norme de référence.
Notre étude a identifié 8 299 articles (en excluant les doublons). Nous avons examiné les titres et les résumés de 1 125 articles et les versions intégrales de 97 articles. Dans notre revue, nous avons inclus sept études rapportant des données sur 1 491 enfants, toutes ayant été menées dans des établissements hospitaliers. Dans l'ensemble, la qualité des études était moyenne. Dans deux études, la présence de douleurs thoraciques faisait plus que doubler la probabilité d'une infection à M. pneumoniae. La probabilité de l'absence de respiration sifflante était 12 % plus élevée chez les enfants souffrant d'une infection à M. pneumoniae (rapport de vraisemblance positif (RV+) combiné 0,76, IC à 95 % 0,60 à 0,97 ; rapport de vraisemblance négatif (RV-) combiné 1,12, IC à 95 % 1,02 à 1,23). Notre analyse de sensibilité indique que la présence de crépitations était associée à une infection à M. pneumoniae, mais ce résultat était à la limite de la signifiance statistique (RV+ combiné 1,10, IC à 95 % 0,99 à 1,23 ; RV- combiné 0,66, IC à 95 % 0,46 à 0,96).