La dépression est un trouble mental courant. Elle peut se présenter sous forme de perte d'intérêt ou de plaisir, de tristesse, de troubles du sommeil ou d'appétit, de sentiments de culpabilité ou d'une faible estime de soi. En 2008, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé que la dépression était la deuxième cause d'années de vie ajustées sur l'incapacité chez les hommes et les femmes entre 15 et 44 ans. Le traitement de choix pour la dépression sévère et récurrente est l'électroconvulsivothérapie (ECT). L'ECT implique l'application d'un courant électrique à la tête du patient. L'objectif est de stabiliser les convulsions. Les patients subissent généralement plusieurs séances d'ECT.
De manière à minimiser les effets indésirables et à améliorer la qualité de l'ECT, les patients reçoivent des agents anesthésiques, tels que des sédatifs administrés par voie intraveineuse ou des hypnotiques. Ces agents peuvent avoir une influence sur l'efficacité de l'ECT mais peuvent potentiellement provoquer des effets indésirables. Il serait utile d'identifier le meilleur agent anesthésique pour l'ECT chez ce groupe de patients.
Cette revue Cochrane a examiné si les différents types d'agents anesthésiques pouvaient avoir un effet sur le traitement contre la dépression et a rapporté sur l'innocuité de ces agents. Les preuves sont à jour en décembre 2012. Dans cette revue, nous avons inclus 18 essais contrôlés randomisés (599 participants). Nous avons analysé neuf paires de comparaisons : le méthohexital par rapport au propofol, le thiopental par rapport au propofol, l'etomidate par rapport au propofol, le thiopental par rapport à l'etomidate, l'etomidate par rapport au méthohexital, le méthohexital par rapport au midazolam, le thiopental par rapport au midazolam, le midazolam par rapport au propofol et le thiamylal par rapport au propofol.
Notre analyse n'a révélé aucune différence dans la réduction des scores de dépression lorsque le méthohexital était comparé au propofol. Le propofol réduisait plus la durée des crises par rapport au méthohexital. Aucune différence en termes de durée des crises n'était observée lorsque le thiopental était comparé au propofol. Les patients récupéraient plus rapidement suite à l'anesthésie lorsque le propofol, plutôt que le thiopental, était utilisé. Dans la plupart des essais, les effets indésirables liés aux agents anesthésiques inducteurs et au traitement de la dépression n'étaient pas correctement rapportés. Nous avons trouvé que la qualité des preuves était faible. De plus grands essais contrôlés randomisés bien planifiés sont nécessaires. Plus de critères de jugement cliniquement pertinents (tels que la rémission des symptômes dépressifs et les effets indésirables post-anesthétiques) pendant une plus longue période de suivi devraient être rapportés dans les études futures.
Nous avons réitéré la recherche en février 2017. Quatre nouvelles études potentielles d'intérêt ont été ajoutées à une liste des « Études en attente de classement » et seront intégrées dans les conclusions formelles de l'examen lors de la mise à jour de l'examen.
La plupart des études incluses étaient à risque de biais élevé et la qualité des preuves était généralement faible. Les études n'ont pas été conçues pour détecter des différences cliniquement pertinentes pour les scores de dépression. Les agents anesthésiques devraient être choisis selon le profil d'effets indésirables, l'émergence et la manière dont ces médicaments affectent la durée des crises. S'il est difficile de provoquer une longue crise de manière adéquate, le méthohexital pourrait être supérieur au propofol (preuves de faible qualité). Si la période de rétablissement d'un patient après l'anesthésie est lente, le propofol peut permettre d'écourter la durée pour suivre les commandements comparé au thiopental (preuves de faible qualité). Un facteur de préoccupation clinique qui n'a été traité par aucune étude était la suppression surrénale par l'etomidate. Les dosages optimaux des sédatifs administrés par voie intraveineuse ou des hypnotiques n'ont pas encore été déterminés.
Des études randomisées à plus grande échelle et bien planifiées sont nécessaires pour déterminer quel médicament anesthésique administré par voie intraveineuse conduit à la plus grande amélioration dans les scores de dépression avec des effets indésirables minimes.
La dépression est un trouble mental courant. Elle touche des millions de personnes à travers le monde et est considérée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant l'une des principales causes d'incapacité. L'électroconvulsivothérapie (ECT) est un traitement bien établi pour la dépression sévère. L'administration d'anesthésique par voie intraveineuse est utilisée pour minimiser les effets secondaires subjectifs, désagréables et indésirables des crises tonico-cloniques induites. L'influence des différents médicaments anesthésiques sur la réussite de la réduction des symptômes dépressifs et des effets indésirables n'est pas claire.
Cette revue a évalué les effets de différents schémas thérapeutiques des sédatifs administrés par voie intraveineuse et des hypnotiques sur l'efficacité contre la dépression, sur la guérison et sur la durée des crises chez les adultes déprimés subissant une ECT.
Nous avons effectué des recherches dans le Registre Central Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, 2014, numéro 12), MEDLINE via Ovid SP (de 1966 au 31 décembre 2012) et EMBASE via Ovid SP (de 1966 au 31 décembre 2012). Nous avons effectué une recherche manuelle dans des revues connexes et aucune restriction concernant la langue n'a été appliquée. Nous avons réitéré la recherche en février 2017. Quatre nouvelles études d'intérêt potentielles ont été ajoutées à une liste d'« Etudes en attente de classification » et seront intégrées aux résultats officiels de l'étude au cours de la mise à jour de cette dernière.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des essais croisés évaluant les effets des différents sédatifs administrés par voie intraveineuse et des hypnotiques pour l'ECT. Nous avons exclu les études et les essais utilisant un placebo ou les anesthésiques par inhalation et les études n'ayant pas utilisé d'anesthésie.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué la qualité des essais et extrait les données. Lorsque cela était possible, les données ont été combinées et les risques relatifs (RR) et les différences moyennes (DM), chacun avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %, ont été calculés à l'aide du logiciel statistique Review Manager de Cochrane (RevMan).
Nous avons inclus dans la revue 18 ECR (599 participants, publiés entre 1994 et 2012). La plupart des essais inclus étaient à risque de biais élevé.
Nous avons analysé les résultats d'études comparant différents anesthésiques administrés par voie intraveineuse.
Seules quelques études comparant le propofol par rapport au méthohexital (quatre études) et au thiopental (trois études) ont pu être combinées.
Aucune différence n'était observée dans la réduction des scores de dépression observée chez les participants traités avec le propofol par rapport au méthohexital (preuves de faible qualité). Ces quatre études n'ont pas été conçues pour détecter des différences dans les scores de dépression.
La durée de l'électro-encéphalographie (EEG) et des crises était plus courte dans le groupe de propofol par rapport au groupe de méthohexital (preuves de faible qualité). Aucune différence n'était observée dans la durée de l'EEG et des crises lorsque le propofol était comparé au thiopental (preuves de faible qualité).
Le temps de récupération (après les commandements) était plus long chez les participants suite à une anesthésie avec le thiopental par rapport au propofol (preuves de faible qualité).
Pour les autres comparaisons d'anesthésiques, seules des études uniques ou des données insuffisantes étaient disponibles. Les effets indésirables n'étaient pas correctement rapportés dans les essais éligibles et aucun des essais inclus ne rapportait sur la mortalité liée à une anesthésie.
Traduction réalisée par Cochrane France