Contexte
Le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) est un problème courant qui affecte les enfants et les adolescents. Le TDAH se caractérise par une inattention (le fait d'être facilement distrait ou incapable de se concentrer sur une tâche), une impulsivité (la personne bouge constamment), et une hyperactivité (la personne est impatiente et agit sans réfléchir). L'un des traitements les plus courants pour la prise en charge du TDAH correspond aux amphétamines, qui sont une classe de médicaments stimulants. Ils sont supposés réduire la gravité des symptômes associés au TDAH.
Question de la revue
Est-ce que les enfants et les adolescents âgés de moins de 18 ans et présentant un diagnostic de TDAH peuvent tirer profit d'un traitement à base d'amphétamines ayant pour objectif de réduire les principaux symptômes du TDAH par rapport à d'autres enfants et adolescents qui ne reçoivent pas de médicament ou un médicament factice (placebo) ?
Caractéristiques de l'étude
En août 2015, nous avons identifié 23 essais contrôlés randomisés (ECR : un type d'expérience scientifique dans lequel les patients sont assignés de manière aléatoire à un des deux (ou plus) traitements), qui incluaient 2675 enfants et adolescents âgés de 3 à 17 ans. Ces études comparaient des amphétamines à un placebo. Trois types différents d'amphétamines ont été étudiés : la dexamphétamine, la lisdexamphétamine et des sels mixtes d'amphétamine. La durée des études incluses variait de 14 à 365 jours. Les ECR ont été réalisés aux États-Unis et en Europe.
Résultats principaux
Nous avons constaté que les amphétamines étaient efficaces pour améliorer les principaux symptômes du TDAH au court terme, mais qu'elles étaient également associées à un risque plus élevé d'événements indésirables tels que des troubles du sommeil, une diminution de l'appétit et des douleurs à l'estomac. Nous n'avons trouvé aucune preuve indiquant qu'un type d'amphétamines était plus efficace qu'un autre et nous n'avons pas trouvé de différences entre les amphétamines qui agissent sur une plus longue durée par rapport à celles ayant un effet plus court.
Qualité des preuves
La qualité des études incluses était faible à très faible en raison de problèmes dans leur conception et des différences considérables entre les études. Des ECR bien conçus et clairement rapportés, réalisés sur de plus longues durées sont nécessaires, de sorte que nous puissions mieux comprendre les effets au long terme (tant positifs et négatifs) des amphétamines.
La plupart des études incluses présentaient un risque élevé de biais et la qualité globale des preuves était faible à très faible sur la plupart des critères de jugement. Bien que les amphétamines semblent efficaces pour réduire les principaux symptômes du TDAH au court terme, ceux-ci ont été associés à un certain nombre d'effets indésirables. Cette revue n'a trouvé aucune preuve favorisant un quelconque dérivé des amphétamines par rapport à un autre, et n'a pas mis en évidence de différences entre les préparations de courte ou longue durée d'action. Les futurs essais devraient être de durée plus longue (c'est-à-dire supérieure à 12 mois), inclure davantage les résultats psychosociaux (par ex : la qualité de vie et le stress vécu par les parents), et ces essais devraient être rapportés de manière transparente.
Le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) est l'un des troubles psychiatriques les plus fréquents observés chez les enfants et les adolescents. Les amphétamines sont parmi les médicaments les plus couramment prescrits pour la prise en charge du TDAH. Il existe trois grandes classes d'amphétamines : les dexamphétamines, les lisdexamphétamines et les sels mixtes. Ces classes peuvent encore être divisées en fonction de la durée d'action des préparations (de courte ou longue durée). Une revue systématique évaluant leur efficacité et leur innocuité dans cette population n'a jamais été réalisée.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des amphétamines pour le traitement du TDAH chez les enfants et les adolescents.
En août 2015, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, Ovid MEDLINE, Embase, PsycINFO, ProQuest Dissertation and Theses et la Networked Digital Library of Theses and Dissertations. Nous avons également consulté ClinicalTrials.gov, et examiné les références bibliographiques des études et revues pertinentes identifiées lors de nos recherches. Aucune restriction de langue ou de date n'a été appliquée.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) en groupes parallèles et croisés comparant des dérivés des amphétamines par rapport à un placebo dans une population pédiatrique (< 18 ans) atteinte de TDAH.
Deux auteurs ont indépendamment extrait les données portant sur les participants, les contextes, les interventions, la méthodologie et les critères de jugement pour chaque étude incluse. Pour les résultats continus, nous avons calculé la différence moyenne standardisée (DMS) et pour les résultats dichotomiques, nous avons calculé le risque relatif (RR). Lorsque cela était possible, nous avons effectué une méta-analyse au moyen d'un modèle à effets aléatoires. Nous avons également effectué une méta-analyse des événements indésirables les plus fréquemment rapportés dans les études primaires.
Nous avons inclus 23 essais (8 en groupes parallèles et 15 en essais croisés), avec un total de 2675 enfants âgés de 3 à 17 ans. Toutes les études comparaient des amphétamines à un placebo. La durée des études allait de 14 à 365 jours et la majorité était d'une durée inférieure à six mois. La plupart des études ont été réalisées aux États-Unis ; trois études ont été menées en Europe. Nous avons estimé que 11 des études incluses présentaient un risque élevé de biais en raison de méthodes de mise en aveugle insuffisantes, parce que celles-ci ne parvenaient pas à prendre en compte les participants ayant mis fin à leur participation et ceux exclus de l'analyse, et lorsque certains des critères de jugement prédéterminés n'étaient pas rapportés. Nous avons estimé que les 12 autres études présentaient un risque de biais incertain en raison de leurs contenus inadéquatement rapportés.
Les amphétamines amélioraient la gravité globale des symptômes principaux du TDAH selon les évaluations des parents (DMS -0,57 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % de -0,86 à -0,27 ; 7 études ; 1247 enfants / adolescents ; preuves de très faible qualité), les évaluations des enseignants (DMS -0,55 ; IC à 95 % de -0,83 à -0,27 ; 5 études ; 745 enfants / adolescents ; preuves de faible qualité), et les évaluations des cliniciens (DMS -0,84 ; IC à 95 % de -1,32 à -0,36 ; 3 études ; 813 enfants / adolescents ; preuves de très faible qualité). En outre, la proportion de personnes répondant au traitement, évaluée par l'échelle de l'Amélioration de l'Impression Clinique Globale (l'échelle CGI-I) était plus élevée lorsque les enfants prenaient des amphétamines (RR 3,36 ; IC à 95 % de 2,48 à 4,55 ; 9 études ; 2207 enfants / adolescents ; preuves de très faible qualité).
Les événements indésirables les plus couramment signalés incluaient une diminution de l'appétit, l'insomnie / des troubles du sommeil, des douleurs abdominales, des nausées / vomissements, des céphalées et de l'anxiété. Les amphétamines étaient associées à une plus grande proportion de participants ressentant une diminution de l'appétit (RR 6,31 ; IC à 95 % de 2,58 à 15,46 ; 11 études ; 2467 enfants / adolescents), des insomnies (RR 3,80 ; IC à 95 % de 2,12 à 6,83 ; 10 études ; 2429 enfants / adolescents), et des douleurs abdominales (RR 1,44 ; IC à 95 % de 1,03 à 2,00 ; 10 études ; 2155 enfants / adolescents). En outre, la proportion d'enfants ayant vécu au moins un événement indésirable était plus élevée dans le groupe ayant pris des amphétamines (RR 1,30 ; IC à 95 % de 1,18 à 1,44 ; 6 études ; 1742 enfants / adolescents ; preuves de faible qualité).
Nous avons réalisé des analyses de sous-groupes en fonction de la préparation des amphétamines (dexamphétamine, lisdexamphétamine et sels mixtes), de la formulation de la libération des amphétamines (action prolongée versus courte durée d'action) et de la source de financement des essais (financés par l'industrie ou non). Des différences entre les groupes ont été observées quant à la proportion de participants ressentant une diminution de l'appétit à la fois pour les sous-groupes de la préparation des amphétamines (P < 0,00001), de la formulation de la libération des amphétamines (P = 0,008), ainsi que pour la rétention dans le sous-groupe de la formulation de la libération des amphétamines (P = 0,03).
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France