L'utilisation de la capnographie chez les personnes en service d'urgence endormies pour réaliser des soins

Question de la revue

La surveillance du gaz carbonique aide-t-elle à réduire les complications au niveau du cœur, des poumons, et des voies respiratoires chez les personnes en service d'urgence étant endormies pour des procédures douloureuses ?

Contexte

Des médicaments sont souvent utilisés afin de réduire la douleur ou la reconnaissance de celle-ci (ou les deux) chez les personnes subissant des procédures douloureuses. Parfois, ces médicaments peuvent mener à des complications impliquant le cœur, les poumons, ou les voies respiratoires (les « tubes » permettant de respirer) (par exemple, l'inhalation de vomissement dans les poumons). Les professionnels de la santé surveillent la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la respiration, et les taux d'oxygène dans le sang pour aider à prévenir les complications.

La capnographie (mesurant le dioxyde de carbone qu'une personne expire) a été proposée afin d'accroître la sécurité des personnes endormies dans les services d'urgence. Cette étude a été réalisée pour déterminer si la capnographie apporte quelque chose lorsque celle-ci est ajoutée à la surveillance classique.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons recherché des études à l'aide de multiples bases de données de recherches, de recherches dans les résumés de conférences, et en contactant des experts dans le domaine. Les preuves sont à jour en août 2016. Nous avons uniquement pris en compte les études avec des participants étant endormis pour des procédures dans un service des urgences. Nous avons uniquement inclus les études comparant la capnographie et la surveillance classique à la surveillance classique seulement.

Les principaux résultats impliquaient de faibles taux d'oxygène dans le sang, une baisse de la pression artérielle et des vomissements. Nous avons également noté combien de fois les professionnels de la santé devaient aider le patient à respirer plus facilement. Cela pouvait signifier réaliser des actions simples, telles qu'ouvrir la bouche ou des actes plus complexes, telles qu'installer des machines respirant à la place de la personne.

Trois études ayant un total de 1272 personnes, et rapportant des preuves de certitude modérée, ont été incluses dans cette étude.

Principaux résultats

Il n'y avait aucune différence au niveau des complications impliquant le cœur, les poumons, ou les voies respiratoires avec l'ajout de la capnographie. Lorsque seuls les adultes étaient étudiés, les professionnels de la santé ont réalisé plus de manœuvres pour aider les personnes à respirer lorsque la capnographie était utilisée. Cela pourrait être dû à de fausses alarmes.

Qualité des preuves

Le niveau de preuve a été déterminé comme étant modéré.

Conclusions des auteurs: 

Il existe un manque de preuves convaincantes indiquant que l'ajout de la capnographie à la surveillance classique en SU lors des SAP réduit le taux d'événements indésirables cliniquement significatifs. Les preuves ont été évaluées comme étant de qualité modérée en raison de l'hétérogénéité de la population et des définitions des résultats ainsi que des biais de notification limités. Notre revue était limitée par le faible nombre d'essais cliniques réalisés dans ce contexte.

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Contexte: 

La sédation et l'analgésie procédurale (SAP) est fréquemment utilisée dans le service des urgences (SU) pour faciliter les interventions et les procédures douloureuses. La capnographie, un moyen de surveillance largement utilisé en salle d'opération et dans des contextes d'endoscopie, est de plus en plus utilisée dans le contexte des soins d'urgence, dans le but de réduire les événements indésirables cardiorespiratoires. Contrairement aux contextes en dehors des services d'urgence, il n'existe actuellement aucun consensus concernant la question de l'ajout de la capnographie aux moyens de surveillance classiques pour réduire les événements indésirables dans le contexte des services d'urgence.

Objectifs: 

Évaluer si la capnographie en complément de la surveillance classique (l'oxymétrie de pouls, la surveillance de la pression artérielle et du cœur) est plus efficace que la surveillance cardiorespiratoire standard seule pour prévenir les événements indésirables (par ex. la désaturation en oxygène, l'hypotension, les vomissements, et les aspirations pulmonaires) chez les personnes en services d'urgence subissant une SAP.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (2016, numéro 8) et sur MEDLINE, Embase, et CINAHL jusqu'au 9 août 2016 pour identifier les essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi-randomisés portant sur des personnes en services d'urgence nécessitant une SAP, sans aucune restriction de langue. Nous avons consulté les méta-registres (www.controlled-trials.com,www.clinicalstudyresults.org, et clinicaltrials.gov) pour identifier les essais en cours (en février 2016). Nous avons contacté les principaux auteurs des études incluses ainsi que les conseillers scientifiques des fabricants de dispositifs de capnographie afin d'identifier les études non publiées (en février 2016). Nous avons effectué une recherche manuelle dans les actes de conférences de quatre organisations de 2010 à 2015.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tout ECR ou essai quasi randomisé comparant la capnographie et la surveillance classique à la surveillance classique seule pour les personnes en services d'urgence nécessitant une SAP.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont effectué indépendamment la sélection des études, l'extraction des données et l'évaluation de la qualité méthodologique pour les tableaux de « Risque de biais ». Un chercheur indépendant a extrait les données pour toutes les études incluses ayant impliqué les auteurs de cette revue. Nous avons contacté les auteurs des études incluses pour obtenir des données incomplètes lorsque cela était possible. Nous avons utilisé Review Manager 5 pour combiner les données et calculer les risques relatifs (RR) et les intervalles de confiance à 95 % (IC) à l'aide de modèles à effets fixes et à effets aléatoires.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié trois essais (κ = 1,00) portant sur 1272 participants. En comparaison au groupe recevant la capnographie par rapport au groupe de surveillance standard, il n'y avait aucune différence dans les taux de désaturation en oxygène (RR 0,89, IC à 95 % 0,48 à 1,63 ; n = 1272, 3 essais ; preuves de qualité moyenne) et les hypotensions (RR 2,36, IC à 95 % 0,98 à 5,69 ; n = 986, 1 essai ; preuves de qualité modérée). Il n'y avait qu'un seul épisode de vomissements rapporté, sans différence significative entre les groupes (RR 3,10, IC à 95 % 0,13 à 75,88, n = 986, 1 essai ; preuves de qualité modérée). La qualité des preuves pour les critères de jugement principaux était modérée avec des déclassements, principalement en raison de l'hétérogénéité et des biais de notification.

Il n'y avait aucune différence dans le taux d'interventions réalisées impliquant les voies respiratoires (RR 1,26, IC à 95 % 0,94 à 1,69 ; n = 1272, 3 essais ; preuves de qualité modérée). Dans l'analyse en sous-groupe, nous avons trouvé un taux plus élevé d'interventions impliquant les voies respiratoires pour les adultes dans le groupe recevant la capnographie (RR 1,44, IC à 95 % 1,16 à 1,79 ; n = 1118, 2 essais ; preuves de qualité modérée) avec un nombre de sujets à traiter pour observer un effet indésirable du traitement de 12. Bien que l'hétérogénéité statistique était réduite, il y avait des preuves de qualité modérée en raison de l'hétérogénéité dans la définition des résultats et des biais de notification. Aucune des études n'a rapporté le temps de récupération.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.