Objectif de la revue
Notre objectif était de trouver et d'analyser les résultats d'études examinant les programmes d'aide au retour au travail des personnes souffrant de maladies cardiaques afin de déterminer si ces programmes les aident réellement à retourner au travail, et aussi si ces programmes affectent la qualité de vie ou ont des effets indésirables.
Messages principaux
Les programmes de réadaptation cardiaque, y compris les programmes d'exercice et de counselling, raccourcissent probablement le temps nécessaire pour retourner au travail (données probantes de certitude modérée) et peuvent augmenter le nombre de patients qui retournent au travail au cours des six premiers mois suivant une crise cardiaque, un pontage ou une endoprothèse (données probantes de faible certitude), mais pourraient n’avoir que peu voire pas d'effet sur le retour au travail après six mois. Les programmes ne comprenant que du counseling ou de l'exercice physique peuvent n'avoir que peu ou pas d'effet sur le nombre de patients qui retournent au travail ou sur le temps nécessaire pour retourner au travail données probantes de très faible certitude).
Quel est le sujet de la revue ?
Les personnes qui se remettent d'une crise cardiaque ou d'une intervention visant à améliorer une maladie cardiaque peuvent avoir de la difficulté à retourner au travail. Il peut s'agir par exemple d'un pontage (intervention chirurgicale pour contourner les artères coronaires rétrécies, aussi appelée pontage aortocoronarien) ou d'une intervention non chirurgicale, notamment l'implantation d’endoprothèses (ou stents) (appelée intervention coronarienne percutanée (ICP)). La faiblesse physique et les problèmes émotionnels résultant d'une maladie cardiaque peuvent entraîner de longues absences du travail ou conduire à la retraite pour cause d'invalidité. Les conditions de travail peuvent également rendre le retour au travail difficile pour les patients. Cela peut avoir un impact durable sur leur qualité de vie. Nous avons examiné des programmes qui facilitent le retour au travail, par exemple en modifiant les conditions de travail, ou en s'attaquant à l'anxiété qui accompagne souvent les maladies cardiaques en éduquant les patients sur la santé cardiaque, en les aidant à faire de l'exercice ou en combinant counselling et exercice pour les aider à retrouver une santé suffisante pour retourner au travail.
Quels sont les principaux résultats de la revue ?
Nous avons trouvé un total de 39 études qui portaient sur le retour au travail des personnes atteintes de maladie cardiaque dans le cadre de programmes conçus pour soutenir le processus de rétablissement ou encourager le retour au travail comparativement aux patients recevant des soins habituels.
Nous n'avons trouvé aucune étude qui ait apporté des changements au milieu de travail ou aux politiques concernant le milieu de travail pour faciliter le retour au travail, par exemple en réduisant les heures de travail ou les tâches des patients et en augmentant graduellement les heures de travail et les tâches à mesure que la santé s'améliore.
Nous avons trouvé 11 études évaluant des programmes qui s'attaquaient aux craintes et à la dépression qui accompagnent souvent les maladies cardiaques, en instruisant les patients sur ces maladies. Nous ne savons pas si ces programmes de counselling et d'éducation à la santé augmentent le nombre de patients qui retournent au travail ou raccourcissent la durée d’arrêt de travail (données probantes de très faible certitude).
Nous avons trouvé quatre études utilisant des programmes de conseils destinés aux personnes atteintes d'une maladie cardiaque pour déterminer le bon moment pour retourner au travail ou qui donnaient des conseils à leurs collègues pour répondre à leurs préoccupations concernant les causes des crises cardiaques et la capacité du patient à reprendre le travail. Les interventions de counselling axées sur le travail peuvent n'avoir que peu ou pas d'effet sur le temps dont les patients ont besoin pour retourner au travail (données probantes de faible certitude).
Nous avons trouvé neuf études portant sur des programmes d'exercices seulement. Les programmes d'exercices pourraient n'avoir que peu ou pas d'effet sur le nombre de patients qui retournent au travail entre six mois et un an (données de faible valeur probante) et pourraient n'avoir que peu ou pas d'effet sur le nombre de patients travaillant entre un et cinq ans ou sur le temps nécessaire pour retourner au travail (données probantes de faible certitude).
Nous avons trouvé 17 études qui ont évalué des programmes combinés d'exercices et de counselling. Ces programmes combinés peuvent augmenter le nombre de patients retournant au travail dans les six mois après une crise cardiaque, un pontage ou une endoprothèse (données probantes de faible certitude) : pour cinq patients inscrits à un programme combiné de réadaptation cardiaque, un patient supplémentaire pourrait retourner au travail. Ces programmes réduisent probablement d'environ un mois le temps nécessaire pour le retour au travail (données probantes de certitude modérée).
Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?
Nous avons cherché des études qui avaient été publiées jusqu'au 11 octobre 2018.
Les interventions combinées peuvent augmenter le retour au travail jusqu'à six mois et probablement réduire le temps d'arrêt de travail. Autrement, nous n'avons trouvé aucune données probantes d'un effet bénéfique ou néfaste des interventions s’adressant aux personnes. La valeur des données probantes pour les diverses interventions et les critères de jugement varie de très faible à modérée. Le retour au travail était habituellement un critère de jugement secondaire des études et, à ce titre, les résultats relatifs au retour au travail étaient souvent mal rapportés. Le respect des lignes directrices en matière de rapports d'ECR pourrait grandement améliorer les données probantes des recherches futures. Il existe un manque de recherche en ce qui concerne les essais contrôlés des interventions axées sur le travail, la qualité de vie liée à la santé dans le cadre du processus de retour au travail et les effets indésirables.
Les personnes atteintes de maladie coronarienne ont souvent besoin d'absences prolongées du travail pour convalescence après un infarctus du myocarde (IM) ou une intervention de revascularisation comme un pontage aortocoronarien ou une intervention coronarienne percutanée (ICP). La réduction de la capacité fonctionnelle et l'anxiété causées par la maladie coronarienne peuvent retarder davantage ou empêcher le retour au travail.
Évaluer les effets des interventions axées sur la personne et le travail visant à améliorer le retour au travail chez les patients atteints de maladie coronarienne comparativement aux soins habituels ou à aucune intervention.
Nous avons consulté les bases de données CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO, NIOSHTIC, NIOSHTIC-2, HSELINE, CISDOC et LILACS jusqu'au 11 octobre 2018. Nous avons également fait des recherches dans le registre de la National Library of Medicine des États-Unis, clinicaltrials.gov, pour trouver des études en cours.
Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR) portant sur le retour au travail des personnes atteintes de coronaropathie qui ont reçu soit une intervention, soit des soins habituels. Les études choisies ne portaient que sur des personnes traitées pour un infarctus du myocarde ou qui avaient subi un pontage aortocoronarien ou une ICP. Au moins 80 % de la population des études devait avoir occupé un emploi avant la maladie coronarienne et non au moment de l'essai, ou les auteurs de l'étude devaient avoir envisagé un sous-groupe de retour au travail. Nous avons inclus des études dans toutes les langues. Deux auteurs de la revue ont sélectionné les études de façon indépendante et ont consulté un troisième auteur pour résoudre les désaccords.
Deux auteurs ont extrait des données et évalué de façon indépendante le risque de biais. Nous avons effectué des méta-analyses des taux de retour au travail et du délai avant le retour au travail. Nous avons examiné les données sur les critères de jugement secondaires, la qualité de vie liée à la santé et les événements indésirables des études dans lesquelles au moins 80 % des participants étaient admissibles à retourner au travail.
Nous avons trouvé 39 ECR (dont un ECR en grappe et quatre ECR à trois bras). Nous avons inclus les résultats du retour au travail de 34 études dans les méta-analyses.
Counseling psychologique axé sur la personne par rapport aux soins habituels
Nous avons inclus 11 études portant sur le retour au travail à la suite d'interventions psychologiques parmi un sous-groupe de 615 participants dans la méta-analyse. La plupart des interventions ont eu recours à une forme ou une autre de counseling pour répondre aux inquiétudes des participants face à la maladie et ont fourni de l'information sur les causes et l'évolution des maladies coronariennes afin de dissiper les idées fausses. Nous ne savons pas si ces interventions augmentent le retour au travail dans les six mois (risque relatif (RR) de 1,08, intervalle de confiance à 95 % (IC) de 0,84 à 1,40; six études; données probantes de très faible certitude) ou de six à 12 mois (RR 1,24, IC 95 % de 0,95 à 1,63; sept études; données probantes de très faible certitude). Nous ne savons pas non plus si les interventions psychologiques raccourcissent le délai de retour au travail. Les interventions psychologiques peuvent avoir peu ou pas d'effet sur la proportion de participants qui travaillent entre un et cinq ans (RR 1,09, IC à 95 %: 0,88 à 1,34; trois études; données probantes de faible certitude).
Le counseling axé sur la personne et le travail par rapport aux soins habituels
Quatre études portaient sur le counselling axé sur le travail. Ces interventions consistaient à conseiller les patients sur le moment de leur retour au travail à la suite d'un test sur tapis roulant ou d'un counselling prolongé afin d'inclure les craintes et les idées fausses de leurs collègues au sujet des maladies coronariennes. Le counselling axé sur le travail peut entraîner peu ou pas de différence dans la différence moyenne (DM) en jours avant le retour au travail (DM -7,52 jours, IC à 95 % -20,07 à 5,03 jours; quatre études; données probantes de faible certitude). Le counselling axé sur le travail entraîne probablement peu ou pas de différence dans les décès cardiaques (RR 1,00, IC à 95 %: 0,19 à 5,39; deux études; données probantes de certitude modérée).
Interventions de conditionnement physique axées sur la personne par rapport aux soins habituels
Neuf études ont examiné l'impact des programmes d'exercices. Comparativement aux soins habituels, nous ne savons pas si les interventions physiques augmentent le retour au travail dans les six mois (RR 1,17, IC à 95 %: 0,97 à 1,41; quatre études; données probantes de très faible certitude). Les interventions de conditionnement physique peuvent entraîner peu ou pas de différence dans les taux de retour au travail après six à 12 mois (RR 1,09, IC à 95 %: 0,99 à 1,20; cinq études; données probantes de faible certitude), et peuvent aussi entraîner peu ou pas de différence dans les taux des patients travaillant après un an (RR 1,04, IC à 95 %: 0,82 à 1,30; deux études; données de faible valeur probante). Les interventions de conditionnement physique peuvent entraîner peu ou pas de différence pour le temps nécessaire pour retourner au travail (DM -7,86 jours, IC à 95 % -29,46 à 13,74 jours; quatre études; données probantes de faible certitude). Les interventions de conditionnement physique n'augmentent probablement pas les taux de mortalité cardiaque (RR 1,00, IC à 95 %, 0,35 à 2,80; deux études; données probantes de certitude modérée).
Interventions combinées axées sur la personne par rapport aux soins habituels
Nous avons inclus 13 études portant sur le retour au travail à la suite d'interventions combinées dans la méta-analyse. Les programmes combinés de réadaptation cardiaque peuvent avoir augmenté le retour au travail dans les six mois (RR 1,56, IC à 95 % 1,23 à 1,98; nombre de sujets à traiter pour un résultat bénéfique supplémentaire (NST) 5; quatre études; données probantes de faible certitude), et peuvent avoir peu ou pas de différence dans les taux de retour au travail à six à 12 mois (RR 1,06, IC à 95 % 1,00 à 1,13; dix études; données probantes de faible certitude). Nous ne savons pas si les interventions combinées ont augmenté la proportion de participants travaillant entre un et cinq ans (RR 1,14, IC à 95 %: 0,96 à 1,37; six études; données de très faible valeur probante) ou après cinq ans (RR 1,09, IC à 95 %: 0,86 à 1,38; quatre études; données probantes de très faible certitude). Les interventions combinées ont probablement raccourci le temps nécessaire avant le retour au travail (DM -40,77, IC à 95 % -67,19 à -14,35; deux études; données probantes de certitude modérée). La combinaison des interventions entraîne probablement peu ou pas de différence dans les ré-infarctus (RR 0,56, IC à 95 %: 0,23 à 1,40; trois études; données probantes de certitude modérée).
Interventions axées sur le travail
Nous n'avons trouvé aucune étude portant exclusivement sur les interventions strictement axées sur le travail dans le milieu de travail.
Post-édition effectuée par Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr