Contexte
L'arthroplastie totale de la hanche (ATH) est une procédure chirurgicale courante utilisée pour traiter les douleurs et l'invalidité causée par l'arthrose. Suite à une ATH, les personnes opérées reçoivent généralement de l'équipement, tels que des sièges de toilette et des chaises surélevées ainsi qu'une formation recommandant d'éviter de croiser les jambes et de réaliser des activités pouvant déplacer l'articulation de la hanche dans une position de torsion ou de flexion. Ces interventions visent à réduire le risque d'une luxation de la nouvelle hanche, un événement douloureux et invalidant. Suite à une ATH les conseils et l'équipement sont souvent fournis par des ergothérapeutes. Nous voulions découvrir si ces types de traitements favorisent la récupération après une ATH.
Caractéristiques de l’étude
Cette revue Cochrane est à jour jusqu'au 29 avril 2016. Nous avons effectué des recherches en parcourant les preuves disponibles et nous avons inclus trois études portant sur 492 personnes ayant subi une ATH. Deux de ces études portaient sur l'offre d'équipement à ces personnes, tels que des sièges de toilettes surélevés et des rampes, ainsi que la restriction des mouvements de leurs corps (l'une de ces études a également offert de la physiothérapie à ces personnes). Une étude a examiné une formation enseignant aux participants comment réaliser certaines activités de la vie quotidienne de manière sûre dans le but de promouvoir l'autonomie tout en limitant le risque de luxation de la nouvelle hanche. Les interventions étaient variées et, par conséquent, nous n'avons pas été en mesure de combiner les résultats.
Principaux résultats
Une étude a comparé les résultats pour les participants randomisés à recevoir des conseils de sécurité, de l'équipement et des restrictions fonctionnelles par rapport à l'absence d'équipement, de conseils de sécurité ou de restrictions fonctionnelles. Cette condition représente le principal comparateur dans la revue.
La qualité de vie liée à la santé (des scores plus faibles indiquent une meilleure qualité de vie)
Nous ne pouvons pas indiquer à partir de nos résultats si l'intervention a un effet important sur la qualité de vie liée à la santé (aucun résultat numérique n'est présenté), car l'échantillon était de petite taille et il y avait des défauts dans la conception de l'étude.
La fonction
Nous ne pouvons pas indiquer à partir de nos résultats si l'intervention a un effet important sur les résultats fonctionnels (aucun résultat numérique présenté), car l'échantillon était de petite taille et il y avait des défauts dans la conception de l'étude.
Les complications et les événements indésirables
Il n'y avait pas de luxations ou d'événements indésirables.
Les résultats d'intérêt non mesurés
Les douleurs, la réussite du traitement et les taux de ré-opération n'ont pas été mesurés.
Qualité des preuves
Nous avons utilisé l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation) pour évaluer la qualité des preuves. En raison du faible nombre de participants, de la petite taille des études et de défauts dans la conception des études (les évaluateurs pouvaient potentiellement deviner dans quels groupes sont les participants), nous avons évalué la qualité des preuves comme étant « très faible ». D'autres recherches sont très susceptibles de modifier les conclusions obtenues à partir de ces résultats. Nous ne savons pas si les interventions ont amélioré les résultats.
Seules des preuves de très faible qualité issues d'essais uniques sont disponibles, et, par conséquent, nous ne savons pas si l'offre de conseils de sécurité avec ou sans un équipement supplémentaire et des restrictions fonctionnelles sont efficaces pour prévenir les luxations et améliorer les résultats après une ATH. De plus, il n'existe pas suffisamment de preuves pour soutenir ou réfuter l'adoption d'un programme de rééducation communautaire postopératoire impliquant une réintégration fonctionnelle et une formation par rapport aux stratégies de rééducation classiques basées sur les résultats fonctionnels.
D'autres essais de haute qualité sont nécessaires pour évaluer les résultats des différentes interventions d'ergothérapie, à court et à long terme pour les personnes subissant une ATH. Des évaluations de l'impact de ce genre d'interventions sur les douleurs et des restrictions sur les AVQ et sur les AIVQ sont nécessaires, ainsi que des évaluations des interventions de type intégration fonctionnelle plutôt que seulement des conseils de sécurité, de l'offre d'équipement et des restrictions.
L'arthroplastie totale de la hanche (ATH) fait partie des opérations chirurgicales orthopédiques les plus fréquemment réalisées dans le monde. Les douleurs causées par une arthrose de la hanche sont la principale indication pour l'ATH. Généralement, suite à une ATH, les personnes ayant subi cette opération reçoivent de l'équipement, tels que des sièges de toilettes ou des chaises surélevées, ainsi que des conseils visant à éviter les activités pouvant mener l'articulation de la hanche à une position de flexion de plus de 90 degrés, ou à une adduction ou à une rotation au delà de la ligne médiane. Ces éléments provenant du domaine de l'ergothérapie ont été proposés pour réduire les risques de luxation des prothèses. Cependant, l'adéquation de ces recommandations a été remise en cause.
Évaluer les effets de l'offre de dispositifs d'assistance, d'une formation sur les précautions liées à une prothèse de la hanche, des modifications de l'environnement et de la formation portant sur les activités de la vie quotidienne (AVQ) et sur les activités de la vie quotidienne étendues (AIVQ) chez les personnes subissant une ATH.
Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE (de 1946 jusqu'à avril 2016), EMBASE (de 1947 jusqu'à avril 2016), dans la Bibliothèque Cochrane, y compris CENTRAL (numéro 4 sur 12, 2016), dans la Database of Reviews of Effects (DARE), Health Technology Assessment (HTA), dans la base d'évaluation économique du NHS (EED), sur CINAHL, PEDro et CIRRIE depuis leur date de création jusqu'en avril 2016. En outre, nous avons parcouru Controlled Clinical Trials, Clinicaltrials.gov, le National Institutes of Health Trial Registry, le World Health Organization International Clinical Trials Registry Platform (ICTRP de l'OMS) et la base de données OpenGrey depuis leur date de création jusqu'en avril 2016.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR), les quasi-ECR et les ECR en grappes évaluant l'efficacité de l'offre de dispositifs d'assistance, d'une formation sur les précautions liées au port d'une prothèse de hanche, des modifications de l'environnement, de la formation portant sur les AVQ ou sur les AIVQ pour les personnes subissant une ATH. Les principaux critères de jugement nous intéressant étaient les douleurs, la fonction, la qualité de vie liée à la santé (QVLS), l'évaluation globale de la réussite du traitement, les taux de réinterventions, les luxations de la hanche et les événements indésirables.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard établies par Cochrane. Nous avons mené une recherche bibliographique systématique en parcourant plusieurs bases de données et contacté les auteurs correspondants, nous avons évalué les preuves à l'aide de l'outil Cochrane d'évaluation du risque de biais, nous avons analysé les données à l'aide d'une approche narrative (car il n'a pas été possible de réaliser une méta-analyse en raison de l'hétérogénéité des interventions), et nous avons interprété tous les critères de jugement en utilisant l'approche GRADE.
Nous avons inclus trois essais portant sur un total de 492 participants ayant subi 530 ATH. Les preuves présentaient un risque élevé de biais de performance, de détection et de notification.
Une étude (81 participants) a comparé les résultats pour les participants randomisés à l'offre d'équipement, de conseils de sécurité ainsi que de restrictions fonctionnelles par rapport à l'absence d'équipement, d'offre de conseils de sécurité ou de restrictions fonctionnelles. En raison de la très faible qualité des preuves, nous ne savons pas si l'offre d'équipement, de conseils de sécurité et de restrictions fonctionnelles a amélioré la fonction mesurée à l'aide du Harris Hip Score lors du suivi à 12 mois, ou la qualité de vie liée à la santé (QVLS) mesurée au moyen du Short Form-12 à quatre semaines de suivi, par rapport aux personnes n'ayant pas reçu ces interventions. Il n'y a eu aucune luxation de la hanche et aucun événement indésirable dans les deux groupes pendant les 12 premiers mois postopératoires. L'étude n'a pas mesuré les douleurs, l'évaluation globale de la réussite du traitement ou le nombre total d'événements indésirables.
Une étude (265 participants ; 303 ATH) a évalué l'offre de conseils de sécurité associée à l'offre d'équipement postopératoire et de restrictions des activités fonctionnelles par rapport à l'offre de conseils de sécurité seulement. En raison de la très faible qualité des preuves, nous ne savons pas si la satisfaction perçue quant aux taux de guérison différait entre les personnes n'ayant pas reçu l'équipement postopératoire et les restrictions (135/151 satisfaits) par rapport aux participants ayant reçu l'équipement et les restrictions (113/152) (risque relatif (RR) 0,83, intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,75 à 0,93 ; 265 participants, un essai ; nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique supplémentaire (NSTB) = 7). En raison de la faible qualité des preuves, nous ne savons pas si l'incidence des luxations de la hanche différait entre les participants ayant reçu des conseils de sécurité (1/152) par rapport aux personnes n'ayant pas reçu d'équipement ou de restrictions post-THA (0/151) (RR 2,98, IC à 95 % 0,12 à 72,59). L'étude n'a pas mesuré les douleurs, la fonction, la QVLS, les taux de ré-opérations ou le nombre total d'événements indésirables.
Une étude (146 participants) a examiné l'offre d'une formation postopératoire améliorée et d'un service de rééducation lors de la sortie de l'hôpital pour promouvoir la réalisation autonome des AVQ par rapport à une intervention de rééducation conventionnelle dans la communauté. Cette étude était de très faible qualité. Nous ne savons pas si l'offre d'une formation postopératoire améliorée et d'une rééducation améliore la fonction au bout de six mois de suivi, lors de l'évaluation à l'aide de l'Objective and Subjective Functional Capability Index (146 participants, un essai ; P > 0,05 ; aucun résultat numérique présenté) par rapport à la rééducation conventionnelle. L'étude n'a pas mesuré les douleurs, la QVLS, l'évaluation globale de la réussite du traitement, les luxations de la hanche, les taux de ré-opérations ou le nombre total d'événements indésirables.
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France