Quel est l'objectif de cette revue ?
L'objectif de cette revue était de déterminer si les pansements en mousse (conçus pour absorber les liquides présents dans les plaies tout en préservant un milieu humide) présentent des avantages ou des inconvénients lorsqu'ils sont utilisés pour la cicatrisation des escarres par rapport à d'autres pansements (tels que les pansements en mousse de silicone, les pansements à base d'hydrocolloïdes ou d'hydrogel, ou les pansements standards pour les plaies). Les chercheurs de Cochrane ont recueilli et analysé toutes les études pertinentes (les essais contrôlés randomisés) afin de répondre à cette question et ceux-ci ont trouvé neuf études pertinentes.
Principaux messages
Il n'existe aucune preuve probante dans les études incluses dans cette revue indiquant que les pansements en mousse sont plus efficaces pour la cicatrisation des escarres que d'autres types de pansements ; ou que les pansements en mousse sont plus rentables que d'autres pansements. Cette conclusion est due en partie à la faible qualité des études, au faible nombre de participants dans la plupart de celles-ci et au manque de détails quant à leurs méthodes.
Qu'est-ce qui a été étudié dans la revue ?
Les escarres (aussi appelées plaies de pression ou « plaies de lit ») sont des plaies qui se développent sur les parties osseuses du corps, telles que les hanches, les talons et le bas du dos. Rester assis ou allongé dans la même position pendant de longues périodes peut entraîner des lésions de la peau et des tissus biologiques sous-jacents. Les personnes présentant un risque de développer des escarres comprennent celles ayant une mobilité physique limitée, telles que les personnes ayant des lésions à la colonne vertébrale, les personnes âgées, ou les malades ayant été hospitalisés.
Le traitement des escarres représente un fardeau considérable pour les patients, leur(s) soignant(s) et pour les systèmes de santé dans le monde entier. Les escarres sont traitées au moyen de pansements, d'antibiotiques, d'antiseptiques et de matelas ou de coussins réduisant les pressions. De nombreux pansements aux coûts variables sont disponibles pour traiter les escarres, et leur efficacité pourrait varier.
Les pansements en mousse sont conçus pour absorber les liquides (les exsudats) provenant de certaines escarres et pour maintenir un environnement humide. Nous voulions savoir comment les pansements en mousse ont affecté la cicatrisation des escarres et les taux de récurrence. Nous avons également cherché à savoir si les pansements en mousse ont eu un impact sur la qualité de vie et la satisfaction des participants vis-à-vis du traitement, et déterminer s'il existe des effets indésirables liés à ces pansements, tels que des infections ou des douleurs. Nous avons également évalué le coût des pansements en mousse par rapport à d'autres traitements.
Quels sont les principaux résultats de la revue ?
Nous avons trouvé neuf études publiées entre 1994 et 2016, portant sur un total de 483 participants ayant des escarres de catégorie/stade II ou plus (plaies ouvertes). Sept des neuf essais comprenaient davantage de participants féminins que masculins. En moyenne, les personnes dans ces études avaient 59 ans ou plus. Les études ont comparé des pansements en mousse à d'autres types de pansements, cependant, il n'y avait aucune preuve probante permettant d'indiquer si les pansements en mousse ont été plus efficaces pour la cicatrisation des escarres que d'autres types de pansements, ou si ceux-ci étaient plus rentables. Les preuves concernant la réduction de la taille des escarres, la satisfaction des patients et les douleurs sont très incertaines. Aucune des études n'a rapporté la qualité de vie des participants ou la récurrence des escarres. La majorité des études ont montré que les pansements évalués n'étaient ni plus ni moins efficaces que les autres pansements disponibles sur le marché. Ainsi, bien que les pansements en mousse peuvent être utilisés en toute sécurité pour le traitement des escarres, leur effet sur la cicatrisation des plaies n'est pas corroboré par des preuves scientifiques.
Généralement, les études que nous avons trouvé portaient sur un faible nombre de participants et les résultats étaient rarement concluants. Dans l'ensemble, les preuves existantes sont de très faible qualité.
Cette revue est-elle à jour ?
Nous avons recherché des études ayant été publiées jusqu'en février 2017.
Il n'était pas possible d'établir avec certitude si les pansements en mousse sont cliniquement plus efficaces, plus acceptables pour les utilisateurs ou plus rentables par rapport à d'autres pansements dans le traitement des escarres. Il était difficile de réaliser des comparaisons précises entre les pansements en mousse et d'autres pansements en raison du manque de données concernant la réduction de la taille de la plaie, la cicatrisation complète des plaies, les coûts de traitement, ou bien les durées de suivi étaient insuffisantes. La qualité de vie et l'acceptabilité/satisfaction des patients (ou des soignants) associées aux pansements en mousse n'ont pas été systématiquement mesurées dans les études incluses. Nous avons évalué la certitude des preuves dans les essais inclus comme étant faible à très faible. Les cliniciens devraient soigneusement prendre en compte le manque de preuves solides quant à l'efficacité clinique et la rentabilité des pansements en mousse pour le traitement des escarres lorsqu'il s'agit de prendre des décisions en matière de traitement, en particulier lorsque ceux-ci considèrent les potentielles propriétés des différents types de pansements et le contexte de soins.
Les escarres, également connues sous le nom de plaies de pression et de « plaies de lit » sont des blessures localisées touchant la peau, les tissus sous-jacents, ou ces deux parties anatomiques. Des pansements fabriqués à partir d'une variété de matériaux, y compris la mousse, sont utilisés pour traiter les escarres. Un aperçu d'ensemble fondé sur des données probantes concernant les pansements pour les escarres est nécessaire pour qu'il soit possible de prendre des décisions éclairées en matière de choix des pansements. Cette revue fait partie d'une série de revues Cochrane examinant l'utilisation de divers pansements pour le traitement des escarres. Chaque revue se concentrera sur un type de pansement particulier.
Évaluer l'efficacité clinique et la rentabilité des pansements en mousse pour la cicatrisation des escarres chez les personnes ayant une escarre pré-existante dans tout contexte de soins.
En février 2017, nous avons effectué des recherches dans : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les plaies et contusions ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) ; Ovid MEDLINE In-Process (y compris & Other Non-Indexed Citations) ; Ovid EMBASE ; EBSCO CINAHL Plus et la base d'évaluation économique du NHS (NHS EED). Nous avons également effectué des recherches dans des registres d'essais cliniques pour identifier des études en cours et non publiées, et passé au crible les références bibliographiques des études incluses ainsi que des revues, des méta-analyses et des rapports de technologie de la santé afin d'identifier des études supplémentaires. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue, la date de publication ou le contexte de l'étude.
Les essais contrôlés randomisés publiés ou non publiés (ECR) et les ECR en grappes, ayant comparé l'efficacité clinique et la rentabilité des pansements en mousse pour la cicatrisation des escarres (de catégorie/stade II ou plus).
Deux auteurs de la revue ont indépendamment effectué la sélection des études, l'évaluation du risque de biais et l'extraction des données. Un troisième relecteur a résolu les divergences entre les auteurs de la revue.
Nous avons inclus neuf essais portant sur un total de 483 participants adultes (âgés de 59 ans ou plus) ayant une escarre de catégorie/stade II ou plus. Les essais avaient tous deux bras comparant des pansements en mousse à d'autres pansements pour le traitement des escarres.
La certitude des preuves allait de faible à très faible en raison de différentes combinaisons de biais de sélection, de performance, d'attrition, de détection et de notification, de l'imprécision liée à la petite taille des échantillons et des larges intervalles de confiance. Nous avons très peu confiance dans l'estimation de l'effet provenant des études incluses. Lorsqu'un pansement en mousse était comparé à un autre type de pansement en mousse, nous avons établi que l'effet réel était susceptible d'être sensiblement inférieur à l'effet estimé dans l'étude.
Nous présentons des données pour quatre comparaisons.
Un essai a comparé un pansement en mousse de silicone à un autre pansement en mousse (hydropolymère) (38 participants), avec un suivi à court terme (huit semaines). Il n'était pas possible d'établir avec certitude si des pansement en mousse alternatifs ont affecté l'incidence de la cicatrisation des escarres (RR 0,89, IC à 95 % 0,45 à 1,75) ou les événements indésirables (RR 0,37, IC à 95 % 0,04 à 3,25), car la certitude des preuves était très faible après avoir été rabaissée pour de graves limitations dans la conception de l'étude et de très graves imprécisions.
Quatre essais ayant une taille d'échantillon médiane de 20 participants (230 participants) ont comparé des pansements en mousse à des pansements hydrocolloïdes sur une durée de huit semaines ou moins (court terme). Il n'était pas possible d'établir avec certitude si les pansements en mousse ont affecté la probabilité de guérir en comparaison avec les pansements hydrocolloïdes sur une courte période de suivi dans trois essais (RR 0,85, IC à 95 % 0,54 à 1,34), preuves de très faible certitude, rabaissées pour de très graves limitations dans les études et de graves imprécisions. Il n'était pas possible d'établir avec certitude s'il y avait une différence au niveau du risque d'événements indésirables entre les groupes (RR 0,88, IC à 95 % 0,37 à 2,11), preuves de très faible certitude, rabaissées pour de graves limitations dans les études et de très graves imprécisions. Des données concernant la réduction de la taille des escarres, la satisfaction des patients/l'acceptabilité, les douleurs et la rentabilité ont également été rapportées, mais nous avons évalué les preuves comme étant de très faible certitude.
Un essai (34 participants) a comparé des pansements en mousse à des pansements à base d'hydrogel sur une durée de huit semaines (court terme). Il n'était pas possible d'établir avec certitude si les pansements en mousse ont affecté la probabilité de guérison (RR 1,00, IC à 95 % 0,78 à 1,28), le temps nécessaire pour obtenir une guérison complète (DM 5,67 jours, IC à 95 % -4,03 à 15,37), les événements indésirables (RR 0,33, IC à 95 % 0,01 à 7,65) ou la réduction de la taille des escarres (DM 0,30 cm 2, IC à 95 % -0,15 à 0,75), car la certitude des preuves était très faible après avoir été rabaissée en raison de graves limitations dans l'étude et de très graves imprécisions.
Les trois autres essais (181 participants) ont comparé les pansements en mousse à des pansements de contact standard. Les périodes de suivi variaient de 8 semaines ou moins (court-terme) à 8 à 24 semaines (moyen-terme). Il n'était pas possible d'établir avec certitude si les pansements en mousse ont affecté la probabilité de guérison par rapport aux pansements de contact standard, à court terme (RR 1,33, IC à 95 % 0,62 à 2,88) ou à moyen terme (RR 1,17, IC à 95 % 0,79 à 1,72), ou si ceux-ci ont affecté le temps nécessaire à la cicatrisation complète à moyen terme (DM -35,80 jours, IC à 95 % -56,77 à -14,83) ou les événements indésirables à moyen terme (RR 0,58, IC à 95 % 0,33 à 1,05). Cela était du aux preuves de très faible certitude, rabaissées en raison de graves à très graves limitations dans les études et de l'imprécision. Des données concernant la réduction de la taille des escarres, la satisfaction des patients/l'acceptabilité, les douleurs et la rentabilité ont également été rapportées, mais à nouveau, nous avons évalué les preuves comme étant de très faible certitude.
Aucun des essais inclus n'a rendu compte de la qualité de vie ou de la récurrence des escarres.
Traduction réalisée par Martin Vuillème