Principaux messages
Nous ne savons pas si certains traitements sont efficaces dans la prise en charge des personnes atteintes d'une tumeur cérébrale primitive et d'une grande fatigue, car nous n'avons trouvé que trois essais, chacun avec un faible nombre de participants.
Qu'est-ce qu'une tumeur cérébrale primitive ?
Une tumeur cérébrale primitive est un cancer qui a commencé dans le cerveau plutôt que de se propager à partir d'autres parties du corps. Les tumeurs cérébrales sont classées en deux catégories : les tumeurs de haut grade sont constituées de cellules très anormales qui se développent rapidement, tandis que les tumeurs de bas grade sont constituées de cellules anormales qui se développent lentement. La fatigue est fréquente chez les personnes atteintes d'une tumeur cérébrale primitive. Cela pourrait être dû à la tumeur, à son traitement ou à l'utilisation d'autres médicaments, tels que les médicaments antiépileptiques (utilisés pour traiter les crises d'épilepsie). Elle pourrait également s'accompagner d'autres symptômes tels que des troubles du sommeil, des problèmes de réflexion et une détresse émotionnelle.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous avons voulu savoir si les traitements destinés à gérer la fatigue pourraient améliorer la qualité de vie des personnes concernées, leur capacité à tolérer le traitement du cancer (qui est lui-même associé à la fatigue) et leur capacité à mener à bien leurs activités sociales et quotidiennes.
Comment avons-nous procédé ?
En avril 2022, nous avons fait des recherches dans quatre bases de données médicales. Nous avons trouvé trois essais cliniques qui étaient éligibles pour l'inclusion. Les trois essais ont porté sur l'utilisation de trois médicaments (modafinil, armodafinil et sulfate de dexamphétamine) chez des adultes atteints d'une tumeur cérébrale primitive et présentant des niveaux élevés de fatigue. Ces médicaments favorisent l'éveil.
Qu’avons-nous trouvé ?
Les trois essais inclus n'ont pas trouvé de données probantes suggérant une différence entre le médicament et le placebo (un traitement factice) dans le traitement de la fatigue au moment où les essais ont pris fin. Il est possible que cela soit dû au fait que deux essais n'ont pas atteint le nombre de participants prévu.
Quelles étaient les limites des données probantes ?
Avec seulement trois essais inclus, et le manque de résultats positifs, nous ne savons pas actuellement si des traitements sont efficaces dans la gestion des personnes atteintes d'une tumeur cérébrale primitive et d'une grande fatigue. En outre, aucune étude n'a été incluse sur les interventions non médicales, telles que la thérapie par la parole et l'exercice. D'autres études de haute qualité sont nécessaires pour recruter des adultes atteints de tumeurs cérébrales primitives et présentant une grande fatigue. Nous avons trouvé trois études en cours portant sur des interventions non médicales qui pourraient donner des résultats utiles.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'en avril 2022.
Les données probantes sont actuellement insuffisantes pour tirer des conclusions fiables et généralisables quant à l'efficacité ou à la nocivité potentielle de tout traitement pharmacologique ou non pharmacologique de la fatigue chez les personnes atteintes d’un tumeur cérébrale primitive. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la meilleure façon de traiter les personnes atteintes de tumeurs cérébrales avec de niveaux élevés de fatigue.
La fatigue est un symptôme courant et invalidant chez les personnes atteintes d'une tumeur cérébrale primitive (TCP). L'efficacité des interventions pour traiter les niveaux de fatigue cliniquement significatifs dans cette population n'est pas claire. Il s'agit d'une version mise à jour de la revue Cochrane originale publiée dans le numéro 4 de 2016.
Évaluer l'efficacité et la tolérance des interventions pharmacologiques et non pharmacologiques chez les adultes atteints d’un TCP et présentant une fatigue cliniquement significative (ou de niveaux élevés).
Pour la mise à jour de cette revue, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et Embase, et vérifié les références bibliographiques des études incluses en avril 2022. Nous avons également effectué des recherches dans les comptes rendus de conférence pertinents et dans ClinicalTrials.gov pour les essais en cours.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur toute intervention pharmacologique ou non pharmacologique chez des adultes atteints d'une TCP et de fatigue, où la fatigue était le critère de jugement principal. Afin d'améliorer l'utilité clinique des résultats, nous avons spécifiquement limité l'inclusion aux études qui ne comprenaient que des participants présentant des niveaux de fatigue cliniquement significatifs.
Deux auteurs de la revue (JD, DC) ont évalué indépendamment les résultats de la recherche actualisée. Deux auteurs de la revue (JD, SYK) ont extrait les données des études sélectionnées et ont procédé à une évaluation du risque de biais. Nous avons extrait les données sur les critères de jugement concernant la fatigue, l'humeur, la cognition, la qualité de vie et les événements indésirables.
La revue originale a identifié une étude et cette mise à jour en a identifié deux autres à inclure. Une étude a porté sur l'utilisation du modafinil, une étude sur l'utilisation de l'armodafinil et une étude sur l'utilisation de la dexamphétamine. Nous avons identifié trois études en cours.
Dans la revue initiale, l'unique essai admissible comparait le modafinil à un placebo chez 37 participants présentant une TCP de haut ou de bas grade. Une nouvelle étude a comparé deux doses d'armodafinil (150 mg et 250 mg) à un placebo chez 297 personnes atteintes d'un gliome de haut grade. La deuxième nouvelle étude a comparé le sulfate de dexamfetamine à un placebo chez 46 participants présentant une TCP de bas ou de haut grade. Les données probantes étaient incertaines pour le modafinil et la dexamphétamine en ce qui concerne les mesures des critères de jugement de la fatigue, par rapport aux témoins, au terme de l'étude. Deux essais n'ont pas atteint l'objectif de recrutement prévu et pourraient donc, en pratique, ne pas avoir eu la puissance suffisante pour détecter une différence. Ces essais présentaient un faible risque de biais dans la plupart des domaines. Le risque de biais lié à l'utilisation de l'imputation par la moyenne était incertain pour une étude, car les chercheurs n'ont pas analysé l'impact de l'imputation sur les résultats et les informations concernant les caractéristiques à l'inclusion et la randomisation n'étaient pas claires. Le niveau de confiance des données probantes mesuré à l'aide de GRADE était très faible dans les trois études.
Une étude a été identifiée, en attente de classification une fois les données disponibles, qui a examiné la faisabilité d'un « coaching de santé » pour les personnes atteintes d'une TCP et souffrant de fatigue. Il y avait trois études en cours qui pourraient être éligibles pour une mise à jour de cette revue, toutes examinant une intervention non-pharmacologique pour la fatigue chez les personnes atteintes d’une TCP.
Post-édition effectuée par Hussein Ayoub et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr