Problématique de la revue
L'objectif de cette revue était de déterminer dans quelle mesure différents traitements non antistreptococciques (c.-à-d. des médicaments qui ne visent pas à éradiquer l'infection à streptocoques) sont efficaces pour traiter le psoriasis aigu en goutte ou une poussée aiguë de psoriasis en gouttes sur psoriasis chronique chez les adultes et les enfants, et leur degré d’innocuité par rapport à un placebo (un traitement non actif mais de forme identique) ou un autre traitement. Cela est important parce qu'il y a un manque d'information et de données probantes sur la meilleure façon de traiter le psoriasis en gouttes. Nous avons recueilli et analysé toutes les études pertinentes pour répondre à cette question et avons trouvé une étude.
Contexte
Le psoriasis est une maladie chronique de la peau caractérisée par des taches de peau rouge et recouvertes de squames (appelées plaques). Environ 2 % de la population souffrent de psoriasis. Le psoriasis en gouttes est un type de psoriasis qui se caractérise par des lésions plus petites et est plus fréquent chez les enfants et les jeunes. Les traitements du psoriasis en gouttes visent à éliminer le plus longtemps possible les lésions cutanées et comprennent les médicaments topiques (appliqués sur la peau) ou oraux (pris par la bouche), la photothérapie (c.-à-d. la thérapie par la lumière ultraviolette ou UV) et les médicaments biologiques (ou biomédicament où un organisme vivant produit la substance active) . On ne sait pas lesquels de ces traitements sont les plus efficaces pour éliminer les lésions du psoriasis en gouttes et s'ils sont sans danger.
Caractéristiques de l’étude
Nous avons trouvé une étude pertinente qui comparait les effets d'injections intraveineuses de deux émulsions lipidiques (graisse) différentes deux fois par jour pendant 10 jours : une émulsion (deux liquides ou plus qui sont souvent non mélangeables) était dérivée d'huile de poisson et l'autre d'huile de soja. Les participants ont été suivis pendant 40 jours au total. L'étude a été menée en Allemagne chez 21 adultes (18 hommes et 3 femmes) âgés de 21 à 65 ans, avec une moyenne de surface cutanée atteinte de 25 %, qui étaient hospitalisés pour un psoriasis en gouttes aigu. L'étude a été financée par la compagnie qui produit les émulsions d'huile.
Résultats principaux
Les traitements pour lesquels nous n'avons pas trouvé de preuve comprennent la photothérapie et les médicaments topiques, oraux et biologiques. La seule étude identifiée n'a pas mesuré nos deux critères de jugement principaux : le pourcentage de personnes traitées dont la peau est devenue exempts (ou presque exempts) de lésions ; et les effets secondaires, ou risques , des traitements.
La plupart de nos critères de jugement secondaires n'ont pas non plus été mesurés, y compris l'aggravation du psoriasis en gouttes ou la récidive dans les six mois suivant la fin du traitement ; et le pourcentage de participants ayant atteint un score de gravité du psoriasis (Psoriasis Area Severity Index ou PASI) à 75 ou une évaluation globale par un médecin de 1 ou 2. Les auteurs de l'étude incluse n'ont pas signalé avoir mesuré les effets indésirables des traitements ; toutefois, ils ont signalé de rares irritations cutanées au point d'injection, mais ils n'ont pas fourni le nombre de participants affectés.
Les participants à l'étude ont eux-mêmes évalué certains résultats, notamment l'apparence des lésions cutanées, les effets sur leur vie quotidienne, les démangeaisons, les brûlures et la douleur. Après 10 jours de traitement, les participants à l'étude qui ont reçu l'émulsion lipidique à base d'huile de poisson (75 % des personnes de ce groupe) ont évalué des améliorations plus importantes que ceux qui ont reçu l'émulsion lipidique à base d'huile de soya (18 % des personnes de ce groupe). Toutefois, ces résultats sont incertains, car ils sont fondés sur des données de très faible valeur probante.
Les données sont à jour jusqu'en juin 2018.
Qualité des données probantes
Nous avons jugé que la qualité des données probantes disponibles était très faible.
Nous avons considéré que l'étude risquait d'être biaisée en raison des limites de sa conception, et seul un petit nombre de personnes ont été incluses dans l'étude. De plus, l'étude ne portait que sur des adultes, bien que le psoriasis en gouttes soit plus fréquent chez les enfants.
Il n’y a pas de données probantes concernant les médicaments topiques et systémiques, la biothérapie ou la photothérapie dans le psoriasis en gouttes (nous n'avons pas tenu compte des médicaments visant à éradiquer l'infection à streptocoques, car ceux-ci sont évalués dans une autre étude Cochrane). Nous sommes pas certains de l'effet de l'émulsion lipidique administrée par voie intraveineuse sur le psoriasis en gouttes parce que les données sont de très faible valeur probante, en raison du risque de biais (risque incertain de biais pour tous les domaines), du caractère indirect de l’essai (ne portant que sur des adultes et le suivi n'était que de 10 jours) et de l'imprécision (petit nombre de participants).
Cet revue souligne la nécessité d'évaluer l'efficacité et l'innocuité de la photothérapie et des médicaments topiques et systémiques contre le psoriasis en gouttes. Il est également nécessaire de mener des études qui distinguent clairement la population spécifique atteinte de psoriasis en gouttes du groupe plus vaste des personnes atteintes de psoriasis en plaques chronique, et les enfants et les jeunes adultes devraient être évalués comme un groupe distinct.
Le psoriasis en gouttes présente des caractéristiques épidémiologiques et cliniques distinctes, ce qui en fait une entité distincte dans le groupe hétérogène des types de psoriasis cutané. Il est associé à des facteurs génétiques, immunitaires et environnementaux (comme le stress et les infections) et survient habituellement chez les plus jeunes (y compris les enfants, les adolescents et les jeunes adultes). Il n'existe actuellement aucun remède contre le psoriasis, mais divers traitements peuvent aider à soulager les symptômes et les signes. Les objectifs du traitement lors de la prise en charge d'une poussée aiguë de psoriasis en gouttes sont de réduire le délai de guérison et d'induction d'une rémission à long terme après guérison. Il s'agit d'une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois en 2000 ; depuis lors, de nouveaux traitements ont élargi le spectre thérapeutique des traitements systémiques utilisés pour le psoriasis.
Évaluer les effets des interventions non antistreptococciques pour le psoriasis en gouttes ou une poussée aiguë de psoriasis en gouttes sur psoriasis chronique en .
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes Jusqu'en juin 2018 : le registre spécialisé de la Cochrane Skin , CENTRAL, MEDLINE, Embase et LILACS. Nous avons fait des recherches dans cinq registres d'essais et vérifié les références des études incluses pour trouver d'autres références d’essais contrôlés randomisés pertinents. Nous avons vérifié les actes des principales conférences de dermatologie de 2004 à 2018, et nous avons également cherché des essais dans la base de données de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour l'enregistrement des médicaments.
Tous les essais contrôlés randomisés évaluant les effets des traitements pour le psoriasis en gouttes aigu ou une poussée aiguë de psoriasis en gouttes sur psoriasis chronique diagnostiqués cliniquement chez les enfants et les adultes. Cela comprenait tous les médicaments topiques et systémiques, la thérapie biologique, la photothérapie (toutes les formes : topique et systémique) et les thérapies complémentaires et alternatives. Nous avons comparé ces traitements à un placebo ou à un autre traitement. Nous n'avons pas inclus les études sur les médicaments qui visent à éradiquer l'infection à streptocoques. Nous n'avons pas inclus les études lorsque les résultats séparés pour les participants ayant un psoriasis en gouttes n'étaient pas disponibles.
Deux auteurs de la revue ont évalué de façon indépendante l'éligibilité de l'étude, ainsi que la qualité méthodologique, et ont extraits les données. Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards définies par Cochrane. Nos principaux critères de jugement étaient les suivants : " pourcentage de participants clairs ou presque clairs (c.-à-d. obtention d’un score PASI (Psoariasis Area Severity index) 100/90 et/ou une évaluation globale du médecin (Physician’s Global Assessment ou PGA) de 0 ou 1) " et " pourcentage de participants ayant des effets indésirables et des effets indésirables graves ". Nos critères de jugement secondaires étaient les suivants : "nombre de rechute de psoriasis en gouttes ou de poussées dans les six mois suivant la fin du traitement", "pourcentage de participants ayant obtenu un PASI 75 ou un PGA de 1 ou 2" et "amélioration des mesures de satisfaction des participants et d’évaluation de la qualité de vie". Nous avons utilisé GRADE pour évaluer la qualité des données probantes pour chaque critère de jugement.
Cette revue n’a inclut qu'un seul essai (21 participants), qui comparait une émulsion lipidique à base d'acides gras dérivés (n-3) d'huile de poisson (50 mL par perfusion (1,05 g d'acide eicosapentaénoïque et 10,5 g d'acide docosahexaénoïque)) (10 participants) à une émulsion lipidique à base d'acide gras dérivés (n-6) d'huile de soja (50 mL par perfusion (1,05 g d'eicosapentaénoïque et 10,5 g d'acide docosahexénoïque)) (11 participants) administrés deux fois par jour, en intraveineuse pendant 10 jours, avec un suivi de 40 jours au total. L'étude a été menée dans un seul centre en Allemagne auprès de 18 hommes et de trois femmes, âgés de 21 à 65 ans, hospitalisés et atteints de psoriasis en gouttes aigu et dont la surface corporelle totale moyenne atteinte était de 25,7 % ± 20,4 % (de 10 à 90). L'étude a été financée par une compagnie qui produit les émulsions d'huile. Nous n'avons pas trouvé d’autres données probantes concernant les interventions non antistreptococciques utilisées en pratique clinique pour le psoriasis en gouttes, comme les traitements topiques (corticostéroïdes, analogues de la vitamine D₃), les médicaments systémiques, la thérapie biologique et la photothérapie.
Les critères de jugement principaux n'ont pas été mesurés, et un seul de nos critères de jugement secondaires a été mesuré : l'amélioration des mesures de satisfaction des participants et des mesures d'évaluation de la qualité de vie. Toutefois, les auteurs de l'étude ont signalé qu'il y avait rarement une irritation cutanée au site de la voie intraveineuse périphérique, mais le nombre de participants affectés n'a pas été fourni.
L'amélioration entre le début de l'étude et le 10e jour, à l'aide d'un score non validé évalué quotidiennement par les participants eux-mêmes en fonction de cinq éléments (apparition de lésions, altération de la vie quotidienne, prurit, brûlure et douleur), était plus grande dans le groupe ayant reçu l'émulsion lipidique à base d'acides gras dérivés (n-3) d’huiles de poisson (75%) que dans le groupe recevant l'émulsion lipidique (18%) à base d'acide gras dérivés (n-6) d’huiles de soja (un essai, 21 participants). Toutefois, ces résultats sont incertains, car ils sont fondés sur des données de très faible valeur probante.
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