Bilan
Il n'existe pas de bonnes données probantes pour soutenir ou réfuter que l'hydromorphone est efficace dans une quelconque affection neuropathique douloureuse.
Contexte
La douleur neuropathique est une douleur due à des nerfs lésés. Elle est différente des messages de douleur acheminés par des nerfs sains depuis une lésion tissulaire (par exemple, une chute ou une coupure ou une arthrose du genou). La douleur neuropathique est souvent traitée par des médicaments différents de ceux utilisés pour la douleur d'une lésion tissulaire, que nous considérons souvent comme des antidouleurs. Des médicaments parfois utilisés pour traiter la dépression ou l'épilepsie peuvent être très efficaces chez certaines personnes souffrant de douleur neuropathique. Mais parfois des antidouleurs opiacés sont utilisés pour traiter la douleur neuropathique.
Les antidouleurs opiacés sont des médicaments comme la morphine. La morphine est dérivée de plantes, mais de nombreux opiacés sont également faits par synthèse chimique plutôt que d'être extraits de plantes. L'hydromorphone est l'un de ces opioïdes synthétiques. Elle est disponible dans de nombreux pays pour être utilisée comme antidouleur et peut être administrée par voie orale ou par injection.
Cette revue fait partie d'une mise à jour d'une revue précédente, l'hydromorphone pour la douleur aiguë et chronique, qui a été retirée en 2013, car elle nécessitait une mise à jour et une segmentation pour plus de spécificité dans différents types de douleur. Cette revue se centre uniquement sur la douleur neuropathique.
Les caractéristiques de l'étude
En novembre 2015, nous avons recherché des essais cliniques où l'hydromorphone était utilisée pour traiter la douleur neuropathique chez l'adulte. Nous avons trouvé une étude de petite taille et qui répondait à nos critères pour la revue. L'étude avait une méthodologie compliquée. Seule une minorité de participants présentait des douleurs neuropathiques, et seulement 94 pour la comparaison avec un placebo. Des critères de jugement importants concernant les douleurs n'étaient pas rapportées.
Résultats principaux
L'étude n'a fourni aucune preuve convaincante d'un bénéfice quelconque de l'hydromorphone par rapport au placebo. Parmi les personnes ayant commencé à prendre de l'hydromorphone, une sur huit a arrêté le traitement en raison d'effets indésirables dans la première partie de l'étude. Les effets indésirables les plus courants étaient une constipation et des nausées, qui sont des effets typiquement ressentis avec les opioïdes.
La qualité des preuves
Nous avons considéré la qualité des preuves comme très faible en raison de la méthodologie de l'étude, d'une mauvaise notification des critères de jugement importants et du petit nombre de participants. La très faible qualité des preuves signifie que nous nous sommes très incertains concernant les résultats.
Les preuves ont été insuffisantes pour soutenir ou réfuter que l'hydromorphone est efficace dans une quelconque affection neuropathique douloureuse.
Les opiacés, y compris l'hydromorphone, sont couramment utilisés pour traiter la douleur neuropathique, et sont considérés comme efficaces par certains professionnels. La plupart des revues ont étudié tous les opioïdes ensemble. Cette revue a recherché des preuves spécifiquement pour l'hydromorphone, à n'importe quelle dose, par n'importe quelle voie d'administration. D'autres opioïdes sont pris en compte dans des revues distinctes.
Cette revue fait partie d'une mise à jour d'une revue précédente, l'hydromorphone pour la douleur aiguë et chronique qui a été retirée en 2013, car elle nécessitait une mise à jour et une segmentation pour plus de spécificité dans différents types de douleur. Cette revue se centre uniquement sur la douleur neuropathique.
Évaluer l'efficacité analgésique de l'hydromorphone pour la douleur neuropathique chronique chez les adultes et les événements indésirables associés à son utilisation dans des essais cliniques.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), via CRSO ; MEDLINE via Ovid ; et EMBASE via Ovid depuis leur création jusqu'au 17 novembre 2015, ainsi que dans les références bibliographiques des articles et revues retenus et deux registres d'études en ligne.
Nous avons inclus des études randomisées, en double aveugle, d'une durée de deux semaines ou plus, comparant l'hydromorphone (à n'importe quelle dose, par n'importe quelle voie d'administration ou n'importe quelle formulation) à un placebo ou à un autre traitement actif dans la douleur neuropathique chronique.
Deux auteurs de revue ont, de manière indépendante, recherché des études, extrait les données sur l'efficacité et les événements indésirables et étudié les questions de qualité des études. Nous n'avons pas réalisé d'analyse groupée. Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant le système GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).
Les recherches ont identifié sept publications relatives à quatre études. Nous avons exclu trois études. Une analyse post hoc (secondaire) d'une étude publiée dans quatre rapports a évalué l'efficacité de l'hydromorphone pour la douleur neuropathique, elle répondait à nos critères d'inclusion et a été incluse dans la revue. La seule étude incluse avait un recrutement élargi, une méthodologie randomisée du sevrage avec 94 participants étant passés avec succès de la morphine orale à l'hydromorphone orale à libération prolongée (environ 60 % des recrutés). Ces participants ont ensuite été randomisés pour la poursuite de l'hydromorphone pendant 12 semaines ou pour la réduction progressive de l'hydromorphone jusqu'à une dose placebo. La qualité méthodologique de l'étude était globalement bonne, mais nous avons jugé que le risque de biais était incertain, à cause des données incomplètes des résultat, et était élevé, à cause de la taille de l'étude.
Étant donné que nous n'avons identifié qu'une seule étude pour l'inclusion, nous n'avons pas été en mesure de réaliser d'analyse. L'étude incluse n'a rapporté aucun de nos critères de jugement principaux prédéfinis, en relation avec le nombre de participants atteignant des niveaux modérés ou importants de soulagement de la douleur. Elle a rapporté une légère augmentation plus grande de l'intensité moyenne de la douleur pour le placebo dans la phase de sevrage randomisée par rapport à la poursuite de l'hydromorphone. Elle a également rapporté le nombre de participants ayant arrêté le traitement en raison d'un manque d'efficacité dans la phase de sevrage randomisée, ce qui pourrait être un indicateur d'efficacité. Cependant, en plus d'avoir recouru à un recrutement élargi, à une méthodologie randomisée du sevrage, il a été fait un choix inusuel pour les méthodes d'imputation des sevrages (environ 50 % des participants) ; les preuves étaient de très faible qualité et insuffisantes pour émettre un jugement sur l'efficacité. Des événements indésirables sont survenus chez environ la moitié des participants sous hydromorphone, les plus courants étant une constipation et des nausées. Une proportion semblable de participants a eu des événements indésirables sous placebo, les plus courants étant le syndrome de sevrage des opiacés (preuves de très faible qualité). La plupart des événements indésirables étaient légers ou modérés dans leur intensité. Un participant sur huit sous hydromorphone a arrêté le traitement pendant la phase de conversion et de décroissance posologique, bien que les participants aient été tolérants aux opioïdes (preuves de très faible qualité).
Nous avons abaissé la qualité des preuves à très faible parce qu'il n'y avait qu'une seule étude avec peu de participants, qu'elle ne rendait pas compte de critères d'efficacité cliniquement utiles et que c'était une analyse post hoc.
Traduction réalisée par Daniel Pinchenzon et révisée par Cochrane France