Entraînement du corps entier sur appareil vibratoire contre la fibromyalgie chez l’adulte

Question de la revue

Quels sont les effets de l’entraînement sur appareil vibratoire (EAV) du corps entier sur la qualité de vie liée à la santé (QVLS), l’intensité de la douleur, la fatigue, la raideur, les fonctions physiques, l’abandon de l’étude et les événements indésirables chez les adultes (âgés de 18 ans et plus) souffrant de fibromyalgie ?

Contexte

Les personnes atteintes de fibromyalgie souffrent de douleurs généralisées chroniques, souvent associées à une fatigue accrue, une raideur, une dépression et des problèmes de sommeil. L’entraînement sur appareil vibratoire est un nouveau type d’exercice qui pourrait permettre de réduire les symptômes de la fibromyalgie. Il est habituellement réalisé sur une plate-forme vibrante, sur laquelle le patient se tient debout et peut changer de position, s’accroupir ou se tenir sur une jambe. Les vibrations « font croire » au corps qu’il tombe, obligeant les muscles à se contracter et se relâcher plusieurs dizaines de fois par seconde. Elles sont responsables de la plupart des bénéfices attribués à cette forme d’entraînement, notamment des améliorations de la circulation, de la force musculaire, de l’équilibre et de la souplesse.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons effectué des recherches jusqu'à décembre 2016 et trouvé quatre études portant sur un total de 150 participantes, des femmes d’âge moyen, provenant du même pays (Espagne). Une étude (41 participantes) comparait l’EAV aux soins standard (témoin) ; deux études (79 participantes) comparaient l’EAV assorti d’autres exercices (fortification, assouplissement, etc.) aux autres exercices seuls ou à un groupe témoin (EAV + intervention mixte (MX) contre MX) et une dernière étude (30 participantes) comparait l’EAV accompagné d’exercices mixtes aux exercices mixtes seuls.

Résultats

QVLS (Questionnaire FIQ [Fibromyalgia Impact Questionnaire] de 0 à 100, où 0 est le meilleur score)

Comparaison entre EAV et contrôle

L’entraînement sur appareil vibratoire était de 4 % plus efficace que le contrôle (ou 4 points, sur une échelle de 11 pour une amélioration à 3 pour une aggravation).

• Les personnes ayant bénéficié de l’entraînement ont noté leur qualité de vie à 55 points.

• Les personnes qui n’avaient pas fait l’entraînement ont noté leur qualité de vie à 59 points.

Comparaison entre EAV + MX et MX

L’entraînement sur appareil vibratoire associé aux exercices était plus efficace que le témoin (16 % ou 16 points, extrêmes de 32 et 0,5).

• Les personnes ayant bénéficié de l’entraînement ont noté leur qualité de vie à 43 points.

• Les personnes qui n’avaient pas fait l’entraînement ont noté leur qualité de vie à 59 points.

L’intensité de la douleur, la fatigue, la raideur et la fonction physique n’ont pas été mesurées pour l’EAV par rapport au contrôle ; la fonction physique n’a pas été mesurée pour l’EAV + MX par rapport aux MX.

Douleur

L’entraînement sur appareil vibratoire associé aux exercices était plus efficace que le témoin (28 % ou 28 points, extrêmes de 13 et 43).

• Les personnes ayant bénéficié de l’entraînement ont noté leur douleur à 41 points.

• Les personnes qui n’avaient pas fait l’entraînement ont noté leur douleur à 69 points.

Fatigue

L’entraînement sur appareil vibratoire associé aux exercices était plus efficace que le témoin (33 % ou 33 points, extrêmes de 16 et 49).

• Les personnes ayant bénéficié de l’entraînement ont noté leur fatigue à 42 points.

• Les personnes n’ayant pas fait l’entraînement ont noté leur fatigue à 75 points.

Raideur

L’entraînement sur appareil vibratoire associé aux exercices était plus efficace que le témoin (26 % ou 26 points, extrêmes de 10 et 43).

• Les personnes ayant bénéficié de l’entraînement ont noté leur fatigue à 42 points.

• Les personnes n’ayant pas fait l’entraînement ont noté leur raideur à 69 points.

Abandons de traitement (nombre)

Quatre personnes de plus ont abandonné l’entraînement sur appareil vibratoire (4 % de plus, entre 16 % de moins et 24 % de plus) pour une raison ou une autre, par rapport au groupe témoin.

• 14 personnes sur 100 ont abandonné l’entraînement sur appareil vibratoire.

• 10 personnes sur 100 ont abandonné dans le groupe témoin.

Au total, 8 personnes sur 100 ont abandonné l’entraînement sur appareil vibratoire associé aux exercices pour une raison quelconque, contre 33 sur 100 dans le groupe témoin (différence de risque de 24 %).

Événements indésirables (relevé narratif)

Comparaison entre EAV et contrôle

Une personne a abandonné l’étude en raison de douleurs aiguës dans les jambes. Nous ne savons pas avec certitude si l’entraînement sur appareil vibratoire combiné à d’autres exercices apporte des bénéfices supplémentaires par rapport à un groupe témoin ou à l’entraînement vibratoire seul car les données étaient de très mauvaise qualité, en raison de défauts du plan d'étude et du petit nombre de participantes.

Comparaison entre EAV + MX et MX

Les auteurs des études ont indiqué que ce programme n’aggravait pas les symptômes et ne causait pas de blessures ; une patiente a connu une légère crise d’anxiété lors de la première séance.

Qualité des données

Une étude rendant compte de cette comparaison a fourni des données de très mauvaise qualité en raison de défauts de son plan d’étude et du petit nombre de participantes.

Conclusions des auteurs: 

Nous n’avons pas pu déterminer si l’EAV, seul ou associé à des exercices mixtes, était supérieur à un contrôle ou à une autre intervention pour les femmes souffrant de fibromyalgie. La qualité des données est très mauvaise en raison de leur imprécision (peu de participantes dans les études, larges intervalles de confiance) et des problèmes liés au risque de biais. Ces essais n’ont pas mesuré des critères de jugement principaux tels que l’intensité de la douleur, la raideur, la fatigue et la fonction physique. Dans l’ensemble, les études étaient peu nombreuses et de très petite taille, ce qui empêchait d’estimer de façon pertinente les inconvénients de l’EAV et de tirer des conclusions définitives sur son innocuité.

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Contexte: 

L’exercice physique est souvent recommandé aux adultes souffrant de fibromyalgie. Nous avons défini l’entraînement sur appareil vibratoire du corps entier (EAV) comme l'utilisation d’une plate-forme oscillante verticale ou rotative produisant un stimulus physique tandis que le sujet prend des positions statiques prolongées ou effectue des mouvements dynamiques. Le sujet se tient sur la plate-forme, et les oscillations produisent des vibrations qui sont transmises à son corps à travers les jambes. Cette revue fait partie d’une série qui remplace la première revue publiée en 2002.

Objectifs: 

Évaluer les bénéfices et les inconvénients de l’EAV pour les adultes souffrant de fibromyalgie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté la Bibliothèque Cochrane, MEDLINE, Embase, CINAHL, PEDro, Thesis et Dissertation Abstracts, AMED, WHO ICTRP et ClinicalTrials.gov jusqu'en décembre 2016, sans restriction de langue, afin d'identifier des essais potentiellement pertinents.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) chez les adultes présentant un diagnostic de fibromyalgie (sur la base de critères publiés) et incluant une intervention par EAV comparée à un contrôle ou à une autre intervention. Les principaux critères de jugement étaient la qualité de vie liée à la santé (QVLS), l’intensité de la douleur, la raideur, la fatigue, la fonction physique, les abandons et les événements indésirables.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont sélectionné indépendamment les essais à inclure, extrait les données, évalué le risque de biais ainsi que la qualité des données probantes pour les principaux critères de jugement, en utilisant l’approche GRADE. Nous avons utilisé un seuil de 15 % pour le calcul des différences cliniquement pertinentes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre études totalisant 150 participantes d’âge moyen dans un seul pays. Deux études avaient deux bras de traitement (71 participantes) qui comparaient l’association de l’EAV, d’exercices physiques et de relaxation aux exercices associés à la relaxation et à un EAV simulé avec un contrôle, d’une part, et d’autre part un EAV associé à des exercices mixtes avec les exercices mixtes et un contrôle ; deux études avaient trois bras de traitement (79 participants) qui comparaient l’EVC associé à des exercices mixtes à un contrôle et la relaxation avec un EAV simulé. Nous avons jugé que le risque global de biais de sélection (génération de séquences aléatoires), de détection (résultats mesurés objectivement), d’attrition, et d’autres biais était faible, le risque de biais de sélection (assignation secrète) incertain et le risque d’exécution, de détection (rapport par les sujets) et de notification sélective important.

La comparaison de l’EAV avec un contrôle ne rendait compte que de trois critères de jugement principaux évalués 12 semaines après l’intervention, sur la base du questionnaire FIQ (Fibromyalgia Impact Questionnaire, échelle de 0 à 100, 0 étant le meilleur score). Les résultats pour la QVLS dans le groupe témoin à la fin du traitement (59,13) montrent une différence moyenne (DM) de -3,73 (intervalle de confiance [IC] à 95 % de -10,81 à 3,35) pour la QVLS absolue ou une amélioration de 4 % (de 11 % d’amélioration à 3 % d'aggravation) et une amélioration relative de 6,7 % (de 19,6 % d’amélioration à 6,1 % d’aggravation). Les résultats d’abandon indiquent que 14 sujet sur 100 dans les groupes d’intervention et 10 sur 100 dans les groupes témoins ont arrêté l’intervention (RR 1,43, IC à 95 % de 0,27 à 7,67 ; changement absolu de 4 %, IC à 95 % de 16 % de moins à 24 % de plus ; changement relatif 43 % de plus de 95 %, IC de 73 % de moins à 667 % de plus). Le seul événement indésirable signalé était une douleur aiguë dans les jambes, à cause de laquelle une participante a abandonné le programme. Nous avons estimé que la qualité des données pour tous les critères de jugement était très mauvaise. Cette étude ne mesurait pas l’intensité de la douleur, la fatigue, la raideur ni la fonction physique. Aucun des critères de jugement dans cette comparaison n’atteignait le seul de pertinence clinique de 15 %.

L’étude comparant l’EAV associé à des exercices mixtes (exercice aérobie, force, souplesse et relaxation) à un contrôle (N = 21) évaluait les symptômes six semaines après l’intervention en utilisant les résultats de QVLS. La QVLS à la fin du traitement (59,64) montrait une DM de -16,02 (IC à 95 % de -31,57 à -0,47), avec une amélioration absolue de 16 % (de 0,5 % à 32 %) et un changement relatif de 24 % (de 0,7 % à 47 %). Les données montrent une DM pour l’intensité de la douleur de -28,22 (IC à 95 % de -43,26 à -13,18) pour une différence absolue de 28 % (de 13 % à 43 %) et un changement relatif de 39 % dans le sens de l’amélioration (de 18 % à 60 %), une DM pour la fatigue de -33 (IC à 95 % de -49 à-16) pour une différence absolue de 33 % (de 16 % à 49 %) et une différence relative de 47 % (IC à 95 % de 23 % à 60 %), et une DM pour la raideur de -26,27 (IC à 95 % de -42,96 à -9,58) pour une différence absolue de 26 % (de 10 % à 43 %) et une différence relative de 36,5 % (de 23 % à 60 %). Les abandons pour toutes causes représentaient 8 sujets sur 100 dans les groupes d’intervention et 33 sur 100 dans les groupes de contrôle (deux études, N = 46 ; RR 0,25, IC à 95 % de 0,06 à 1,12) pour une différence absolue du risque de 24 % (de 3 % à 51 %). Une participante a eu une légère crise d'anxiété lors de la première séance d’EAV. Aucune étude dans cette comparaison ne rendait compte de la fonction physique. Plusieurs critères de jugement (se basant sur les résultats d’une seule étude) dans cette comparaison atteignaient le seuil de pertinence clinique de 15 % : QVLS, intensité de la douleur, fatigue et raideur, qui ont été améliorées de 16 %, 39 %, 46 % et 36 %, respectivement. Nous avons trouvé des données de très mauvaise qualité pour tous les critères de jugement.

La comparaison de l’EAV associé aux exercices mixtes comparé avec d’autres exercices a fourni des données de très mauvaise qualité pour tous les critères de jugement. Les investigateurs ont évalué les critères de jugement sur une échelle de 0 à 100 (le score le plus bas étant le meilleur) pour l’intensité de la douleur (une étude, N = 23 ; DM -16,36, IC à 95 % de -29,49 à -3,23), la QVLS (deux études, N = 49 ; DM -6,67, IC à 95 % de -14,65 à 1,31), la fatigue (une étude, N = 23 ; DM -14,41, IC à 95 % de -29,47 à 0,65), la raideur (une étude, N = 23 ; DM -12,72, IC à 95 % de -26,90 à 1,46) et les abandons toutes causes confondues (trois études, N = 77 ; RR 0,72, IC à 95 % de -0,17 à 3,11). Les événements indésirables rapportés pour les trois études incluaient une crise d’anxiété lors de la première séance de VGC et un abandon dans le groupe de comparaison (groupe « autres exercices ») en raison d’une blessure qui n’était pas liée au programme. Aucune étude n’a rendu compte de la fonction physique.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.