La chirurgie de la fibrillation auriculaire chez des patients subissant une chirurgie cardiaque

Question de la revue
Quelles sont les données probantes concernant les bénéfices et les effets délétères potentiels de la chirurgie concomitante de la fibrillation auriculaire chez des patients souffrant de fibrillation auriculaire et subissant une chirurgie cardiaque ?

Contexte
Les patients qui subissent une chirurgie cardiaque peuvent avoir un trouble du rythme cardiaque anormal connu sous le nom de fibrillation auriculaire qui augmente le risque de développer un accident vasculaire cérébral (AVC). Certains patients peuvent présenter des symptômes tels que des palpitations. Il est recommandé à de nombreux patients de prendre des anticoagulants pour réduire le risque d'AVC. De nombreux chirurgiens offrent aux patients une procédure pour traiter ce trouble du rythme cardiaque en même temps que la chirurgie cardiaque.

L'objectif de cette revue systématique était d'évaluer les effets de cette procédure concernant le rythme cardiaque, connue sous le nom de chirurgie de la fibrillation auriculaire, effectuée au moment de la chirurgie cardiaque.

Caractéristiques de l'étude
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données scientifiques en mars 2016 et avons trouvé 22 essais randomisés (études cliniques où les gens sont assignés de façon aléatoire dans un de deux ou plusieurs groupes de traitement) portant sur 1899 adultes qui répondaient à nos critères d'inclusion. La plupart des essais présentaient au moins une limitation méthodologique. Pour la plupart des essais, le financement n'était pas rapporté ou provenait de financements internes ou d'organismes de financement nationaux, notamment d'organisations professionnelles et gouvernementales.

Résultats principaux
L'effet de la de la chirurgie de la fibrillation auriculaire sur la mortalité toutes causes confondues est incertain parce que les taux de mortalité toutes causes confondues étaient similaires entre les individus qui avaient subi la procédure supplémentaire pour traiter leur fibrillation auriculaire et ceux qui ne l'avaient pas subie. Les personnes ayant subi cette procédure supplémentaire ont été deux fois plus susceptibles d'être exemptes de fibrillation auriculaire et d'arrêt de médicaments trois mois après la chirurgie (51 % [fourchette de 39 % à 62 %] comparé à 24 %), mais ces personnes étaient également plus susceptibles d'avoir besoin d'un stimulateur cardiaque après la procédure (7 % [fourchette de 5 % à 10 %] comparé à 4 %). D'autres critères de jugement, y compris la sécurité de la procédure, le risque d'AVC et la qualité de vie liée à la santé étaient similaires entre les deux groupes, mais la confiance dans nos estimations pour ces critères de jugement est incertaine. Nous n'avons pas trouvé de bénéfice pour un type de traitement chirurgical de la fibrillation auriculaire par rapport à un autre.

Qualité des données probantes
La qualité des preuves étayant la chirurgie de la fibrillation auriculaire pour traiter la fibrillation auriculaire est faible à modérée en raison des limitations des études originales. Il est probable que des recherches supplémentaires pourront avoir une influence sur ces résultats.

Conclusions des auteurs: 

Pour les patients souffrant de FA subissant une chirurgie cardiaque, il existe des preuves de qualité modérée que la chirurgie concomitante de la FA fait environ doubler la probabilité d'absence de fibrillation auriculaire, de flutter auriculaire ou de tachycardie auriculaire hors médicaments antiarythmiques tout en augmentant le risque d'implantation permanente d'un stimulateur cardiaque. Les effets sur la mortalité sont incertains. De futurs essais de haute qualité et de puissance adéquate devrait probablement affecter la confiance dans les estimations des effets de la chirurgie concomitante de la FA sur les résultats cliniques.

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Contexte: 

Les personnes souffrant de fibrillation auriculaire (FA) font souvent l'objet d'une chirurgie cardiaque pour d'autres raisons sous-jacentes et on leur propose souvent une chirurgie concomitante de la FA pour réduire la fréquence de la FA à court et long terme et pour améliorer les résultats à court et long terme.

Objectifs: 

Évaluer les effets de la chirurgie concomitante de la FA chez les patients présentant une FA et subissant une chirurgie cardiaque sur les résultats à court et à long terme (12 mois ou plus) liés à la santé, la qualité de vie liée à la santé et les coûts.

Stratégie de recherche documentaire: 

En partant de 1987, année où la première chirurgie « maze » d'une FA a été rapportée, nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans la Bibliothèque Cochrane (mars 2016), MEDLINE Ovid (mars 2016), Embase Ovid (mars 2016), Web of Science (mars 2016), Database of Abstracts of Reviews of Effects (DARE, avril 2015) et Health Technology Assessment Database (HTA, mars 2016). Nous avons effectué des recherches dans les registres des essais en avril 2016. Nous n'avons utilisé aucune restriction concernant la langue.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés évaluant l'effet de n'importe quelle chirurgie concomitante de la FA par rapport à l'absence de chirurgie de la FA chez des adultes souffrant de FA préopératoire, indépendamment des symptômes et qui subissaient une chirurgie cardiaque pour une autre indication.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études et extrait les données. Nous avons évalué le risque de biais en utilisant l'outil « Risque de biais » Cochrane. Nous avons inclus les données de résultat concernant la mortalité toutes causes confondues et la mortalité spécifique cardiovasculaire, l'absence de fibrillation auriculaire, de flutter ou de tachycardie hors médicaments anti-arythmiques (selon la mesure faite par surveillance électrocardiographique du patient à plus de trois mois après la procédure), la sécurité de la procédure, la réhospitalisation à 30 jours, la nécessité d'une cardioversion directe après sortie de l'hôpital, la qualité de vie liée à la santé et les coûts directs. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) pour les données dichotomiques avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % à l'aide d'un modèle à effets fixes lorsque l'hétérogénéité était faible (I² ≤ 50 %) et d'un modèle à effets aléatoires lorsque l'hétérogénéité était élevée (I² > 50 %). Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant le système GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation) pour créer un tableau « Résumé des résultats ».

Résultats principaux: 

Nous avons identifié 34 rapports de 22 essais (1899 participants), plus cinq études en cours et trois études en attente de classification. Toutes les études incluses ont été évaluées comme présentant un risque élevé de biais dans au moins un domaine. L'effet de la chirurgie concomitante de la FA sur la mortalité toutes causes confondues était incertain comparé à l'absence de chirurgie concomitante de la FA (7,0 % contre 6,6 %, RR 1,14, IC à 95 % de 0,81 à 1,59, I² = 0 %, 20 essais, 1829 participants, preuves de faible qualité), mais l'intervention augmentait le taux d'absence de fibrillation auriculaire, de flutter auriculaire ou de tachycardie auriculaire hors médicaments anti-arythmiques > trois mois (51,0 % contre 24,1 %, RR 2,04, IC à 95 % de 1,63 à 2,55, I² = 0 %, huit essais, 649 participants, preuves de qualité modérée). L'effet de la chirurgie concomitante de la FA sur la mortalité à 30 jours était incertain (2,3 % contre 3,1 %, RR de 1,25, IC à 95 % de 0,71 à 2,20, I² = 0 %, 18 essais, 1566 participants, preuves de faible qualité), mais l'intervention augmentait le risque d'une implantation permanente d'un stimulateur cardiaque (6,0 % contre 4,1 %, RR 1,69, IC à 95 % de 1,12 à 2,54, I² = 0 %, 18 essais, 1726 participants, preuves de qualité modérée). Les événements indésirables, définis par les investigateurs, comprenant mais limités à la nécessité d'une ré-exploration chirurgicale ou la survenue d'une médiastinite, n'étaient pas systématiquement rapportés mais n'étaient pas différents entre les deux groupes (autres événements indésirables : 24,8 % contre 23,6 %, RR 1,07, IC à 95 % de 0,85 à 1,34, I² = 45 %, neuf essais, 858 participants), mais la qualité de ces preuves était très faible.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Daniel Pinchenzon et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.