Question de la revue
Nous avons examiné l’efficacité et l’innocuité des inhalateurs d’uméclidinium par rapport à des inhalateurs de placebo (médicament factice) chez des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Contexte
Les personnes souffrant de BPCO sont souvent essoufflées et leur qualité de vie est médiocre. Les symptômes peuvent s’aggraver lors de poussées, augmentant les coûts des soins de santé et réduisant l’espérance de vie. Des médicaments qui élargissent les voies respiratoires (bronchodilatateurs) et agissent pendant 12 à 24 heures sont généralement utilisés pour traiter les symptômes. L’uméclidinium est un nouveau traitement de ce type. Nous avons voulu savoir s’il donnait de meilleurs résultats qu’un placebo, ou de moins bons.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus quatre études portant sur 3798 personnes atteintes de BPCO. La plupart étaient des hommes d’une soixantaine d’années, fumeurs modérés ou gros fumeurs. Au début du traitement, ils présentaient des symptômes de BPCO modérés à sévère. La durée des études allait de trois mois à un an. Les études étaient bien conçues et financées par les fabricants des médicaments. Ni les participants à l’étude ni les équipes de recherche ne savaient quel traitement prenaient les participants : soit de l’uméclidinium, soit un placebo chaque matin, à l’aide d’un inhalateur.
Les conclusions de cette revue sont à jour à la date d'avril 2017.
Résultats principaux
Nous avons déterminé le nombre de personnes ayant eu une poussée modérée, traitée brièvement avec des corticoïdes oraux, des antibiotiques ou les deux. Les sujets ayant pris de l’uméclidinium étaient moins susceptibles que ceux ayant reçu un placebo d’avoir une poussée modérée. Il faudrait traiter dix-huit patients souffrant de BPCO avec de l’uméclidinium pour prévenir une de ces poussées.
Les sujets prenant de l’uméclidinium avaient probablement une meilleure qualité de vie et leur fonction pulmonaire était plus efficace. Ils étaient moins essoufflés et prenaient moins de doses de leur inhalateur de secours.
Les résultats n’ont montré que peu ou pas du tout de différence avec l’uméclidinium pour d’autres critères de jugement tels que le risque de décès au cours de la période de l’étude, les effets secondaires ou la nécessité d’une hospitalisation en raison d’une poussée sévère.
Qualité des preuves
Nous sommes raisonnablement sûrs que les inhalateurs d’uméclidinium réduisent plus probablement que les inhalateurs de placebo les poussées modérées et améliorent les symptômes et la fonction pulmonaire. Cependant, nous sommes moins certains de leurs effets sur la qualité de vie, les effets secondaires et les effets secondaires graves. Nous avons une confiance limitée dans les statistiques des hospitalisations pour des poussées, mais il s’agit là d’un événement rare.
Conclusions
Chez les personnes souffrant de BPCO, les inhalateurs d’uméclidinium améliorent les symptômes, la fonction pulmonaire et la qualité de vie par rapport à des inhalateurs de placebo. Ils réduisent également l’utilisation de médicaments de secours et diminuent les poussées nécessitant des médicaments supplémentaires. Cependant, aucune preuve convaincante n’indique que l’uméclidinium serait meilleur que le placebo en ce qui concerne les hospitalisations, les effets secondaires, les effets secondaires graves ou les décès.
L’uméclidinium a réduit les exacerbations aiguës nécessitant des corticoïdes, des antibiotiques ou les deux, bien qu’aucune preuve ne suggère qu’il ait réduit le risque d’hospitalisation pour cause d’exacerbations. En outre, il a apporté une amélioration significative de la qualité de vie, de la fonction pulmonaire et des symptômes et réduit l’utilisation des médicaments de secours. Les études n’ont rapporté aucune différence dans les événements indésirables, les événements indésirables graves non mortels ou la mortalité entre les groupes uméclidinium et les placebo. Toutefois, des études à plus grande échelle permettraient d’obtenir une estimation plus précise pour ces critères de jugement.
Les personnes souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ont une mauvaise qualité de vie et une espérance de vie réduite et leur fonction pulmonaire décline rapidement, en particulier à cause des exacerbations aiguës de la maladie, ce qui entraîne des coûts de santé élevés. Les bronchodilatateurs à action prolongée sont le pilier du traitement pour l'amélioration des symptômes. L’uméclidinium est un nouvel antagoniste muscarinique à action prolongée autorisé pour le traitement des patients atteints de BPCO stable.
Évaluer l’efficacité et l’innocuité du bromure d’uméclidinium par rapport à un placebo chez des patients atteints de BPCO stable.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les voies respiratoires (CAGR), ClinicalTrials.gov, la plateforme d’essais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le registre des essais cliniques de GlaxoSmithKline (GSK), en utilisant des termes prédéfinis, ainsi que dans les références bibliographiques de toutes les études identifiées. Les recherches étaient à jour à la date d’avril 2017.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) de conception parallèle comparant le bromure d’uméclidinium à un placebo chez les personnes souffrant de BPCO pendant au moins 12 semaines.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard de Cochrane. Si nous avons noté une hétérogénéité significative dans les méta-analyses, nous avons subdivisé les études en fonction de la dose d’uméclidinium.
Nous avons inclus quatre études durant entre 12 et 52 semaines et portant sur 3798 personnes atteintes de BPCO. L’âge moyen des participants variait de 60,1 à 64,6 ans ; la plupart d’entre eux étaient des hommes qui avaient atteint au début de l’étude une moyenne de 39,2 à 52,3 paquets-années. Ils souffraient de BPCO modérée à sévère et présentaient un volume expiratoire-seconde moyen au début de l’étude (VEMS) de 44,5 % à 55,1 % de la valeur prédite normale. Étant donné que toutes les études ont été systématiquement réalisées conformément à des protocoles prédéfinis, nous avons jugé que le risque de biais de sélection, d’exécution, de détection, d’attrition et de notification était faible.
Par rapport à ceux ayant reçu un placebo, les participants du groupe uméclidinium présentaient une moindre probabilité de développer des exacerbations modérées nécessitant un traitement de courte durée avec des corticoïdes, des antibiotiques ou les deux (rapport des cotes (RC) 0,61, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,46 à 0,80 ; quatre études, N = 1922 ; qualité selon GRADE élevée), mais pas spécifiquement des exacerbations sévères nécessitant une hospitalisation (RC 0,86, IC à 95 % de 0,25 à 2,92 ; quatre études, N = 1922, qualité selon GRADE mauvaise). Le nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique supplémentaire (NSTb) pour prévenir une exacerbation aiguë nécessitant des corticoïdes, des antibiotiques ou les deux était de 18 (IC à 95 % de 13 à 37). La qualité de vie était meilleure dans le groupe uméclidinium (différence moyenne (DM) -4,79, IC à 95 % de -8,84 à -0,75 ; trois études, N = 1119), et ces participants avaient significativement plus de chances d’obtenir une différence cliniquement importante a minima d’au moins quatre unités dans le questionnaire sur les maladies respiratoires de St George (SGRQ) par rapport au groupe placebo (RC 1,45, IC à 95 % de 1,16 à 1,82 ; trois études, N = 1397 ; qualité selon GRADE moyenne). Le NSTb pour un sujet présentant une amélioration cliniquement significative était de 11 (IC à 95 % de 7 à 29). La probabilité de décès par toutes causes confondues, d’événements indésirables graves non mortels (RC 1,33 ; IC à de 95 % 0,89 à 2,00 ; quatre études, N = 1922 ; qualité selon GRADE moyenne) et d’événements indésirables (RC 1,06, IC à 95 % de 0,85 à 1,31 ; quatre études, N = 1922 ; qualité selon GRADE moyenne) n’était pas différente entre les groupes uméclidinium et placebo. Le groupe uméclidinium a manifesté une amélioration significativement plus importante du VEMS au nadir par rapport au début de l’étude que le groupe placebo (DM 0,14, IC à 95 % de 0,12 à 0,17 ; quatre études, N = 1381 ; qualité selon GRADE élevée). Une amélioration symptomatique était plus fréquente dans le groupe uméclidinium que dans le groupe placebo, selon la détermination par le score focal de l’indice de dyspnée transitoire (TDI) (DM 0,76, IC à 95 % de 0,43 à 1,09 ; trois études, N = 1193), et les chances d’obtenir une différence cliniquement importante a minima d’au moins une unité d’amélioration étaient significativement plus élevées avec l’uméclidinium qu’avec le placebo (RC 1,71, IC à 95 % de 1,37 à 2,15 ; trois études, N = 1141 ; qualité selon GRADE élevée). Le NSTb pour un sujet présentant une amélioration cliniquement importante des symptômes était de 8 (IC à 95 % de 5 à 14). La probabilité d’utilisation d’un médicament de secours (évolution du nombre d’inhalations par jour par rapport au début de l’étude) était significativement plus faible dans le groupe uméclidinium que dans le groupe placebo (DM -0,45, IC à 95 % de -0,76 à -0,14 ; quatre études, N = 1531).
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France