Est-il préférable d'insérer un implant ou un dispositif intra-utérin (stérilet) pour la contraception dans les jours qui suivent l'accouchement ou d'attendre 4 à 6 semaines ?

Lorsque nous utilisons le terme « personnes » dans ce résumé, nous entendons des individus ayant la capacité actuelle de devenir enceintes.

Principaux messages

- L'insertion d'implants contraceptifs ou de dispositifs intra-utérins (DIU) dans les jours qui suivent l'accouchement (insertion immédiate, à l'hôpital), plutôt que d'attendre 4 à 6 semaines pour les insérer (insertion différée), augmente le nombre de personnes chez qui ils sont insérés.

- Le moment de l'insertion ne fait que peu ou pas de différence quant au nombre de personnes qui utilisent ces méthodes de contraception 6 ou 12 mois après l'accouchement.

- L'expulsion des DIU semble se produire plus fréquemment chez les personnes qui ont bénéficié d’une insertion immédiate.

- Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur les taux de grossesse non désirée avec l'insertion immédiate et l'insertion différée des implants et des DIU.

Que sont les implants contraceptifs ou les dispositifs intra-utérins ?

L'implant contraceptif et le dispositif intra-utérin (DIU) sont des méthodes de contraception très efficaces, réversibles et sûres à utiliser peu après l'accouchement. Les implants sont insérés dans la partie supérieure du bras, et les DIU dans l'utérus par des médecins ou des infirmiers. Les personnes qui utilisent ces méthodes de contraception utilisent soit un implant, soit un DIU.

Un espacement approprié des grossesses est bon pour la santé des femmes enceintes et des nouveau-nés. Normalement, la contraception est fournie lors de la première visite médicale complète après l'accouchement (généralement environ six semaines après l'accouchement). Cependant, certaines personnes ont des rapports sexuels avant cette visite ou ne s'y rendent pas, ce qui augmente le risque de grossesse non planifiée. L'insertion d'un implant contraceptif ou d'un DIU dans les jours qui suivent l'accouchement, avant la sortie de l'hôpital, est pratique pour les patientes et le personnel médical. On sait que la personne qui porte l'implant ou le DIU n'est pas enceinte, et cette pratique pourrait augmenter le nombre de personnes capables d'utiliser ces méthodes de contraception.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous avons voulu savoir si l'insertion d'implants contraceptifs ou de DIU dans les jours suivant l'accouchement était préférable à l'attente de 6 à 8 semaines :

- le nombre de personnes ayant accepté l'insertion (taux d'insertion) ;

- le nombre de personnes qui ont continué à utiliser ces méthodes de contraception (taux d'utilisation) ;

- la prévention de la grossesse ; et

- si l'insertion d'implants contraceptifs ou de DIU dans les jours suivant l'accouchement était associée à des effets indésirables.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études portant sur l'insertion d'implants contraceptifs ou de DIU chez des personnes dans les jours suivant l'accouchement (insertion « immédiate ») par rapport à l'insertion 6 à 8 semaines après l'accouchement (insertion « différée »).

Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué le niveau de confiance dans les données probantes, sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé 16 études portant sur un total de 2609 personnes (715 personnes dans les études sur les implants contraceptifs et 1894 personnes dans les études sur les DIU). Toutes les études ont été menées dans des hôpitaux. La plupart ont eu lieu aux États-Unis, mais d'autres ont eu lieu en Ouganda, en Égypte, au Brésil et au Sri Lanka. Les études portaient sur des personnes qui venaient d'accoucher, la plupart âgées de 18 ans ou plus, bien qu'une étude ait porté sur des personnes plus jeunes. Les études ont porté sur différents types d'implants contraceptifs et de DIU.

Principaux résultats

Implants contraceptifs

Les personnes étaient 48 % plus susceptibles de se faire poser des implants contraceptifs lorsqu'ils pouvaient être insérés dans les jours suivant l'accouchement, par rapport à une insertion différée.

Le moment de l'insertion a fait peu ou pas de différence sur le nombre de personnes utilisant des implants contraceptifs 6 ou 12 mois après l'accouchement.

Les saignements vaginaux semblaient durer plus longtemps chez les personnes dont les implants étaient insérés quelques jours après l'accouchement par rapport à une insertion différée (3 jours de saignement en plus), mais il n'y avait pas de différence entre les groupes pour les saignements 6 mois après l'accouchement.

Nous ne sommes pas certains qu'il y ait eu une différence dans les taux de grossesse non désirée entre les groupes à 6 et 12 mois après l'accouchement.

DIU

Les personnes étaient 27 % plus susceptibles de se faire poser un DIU lorsqu'il pouvait être inséré dans les jours suivant l'accouchement, par rapport à une insertion différée.

On ne sait pas si le moment de l'insertion fait une différence dans le nombre de personnes utilisant un DIU 6 ou 12 mois après l'accouchement.

Six mois après l'accouchement, l'expulsion des DIU de l'utérus semblait se produire plus fréquemment chez les personnes qui s'étaient fait poser un DIU dans les jours suivant l'accouchement.

Nous ne sommes pas certains qu'il y ait eu une différence dans les taux de grossesse non désirée entre les groupes à 6 et 12 mois après l'accouchement.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Notre confiance dans les données probantes pour les différents résultats va de modérée à incertaine. Cela s'explique par le fait que les participants aux études savaient à quel moment leurs implants ou leurs DIU avaient été posés, ce qui a pu affecter la déclaration de certains critères de jugement, et par le taux d'abandon des études. En outre, pas toutes les études ont fourni de données sur tous les aspects qui nous intéressaient, ce qui signifie que certains résultats sont basés sur un nombre de personnes plus bas.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'en décembre 2020.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes de cette la mise à jour de cette revue indiquent que l'insertion immédiate en post-partum améliore le taux d'initiation des implants contraceptifs et des DIU lors de la première visite post-partum par rapport à l'insertion différée. Cependant, il n'est pas clair s'il existe des différences dans les taux d'utilisation à six et 12 mois du post-partum. Nous ne sommes pas certains qu'il y ait une différence dans le taux de grossesses non désirées à 12 mois. La fourniture d'implants contraceptifs et de DIU immédiatement après l'accouchement pourrait avoir peu ou pas d'impact négatif sur l'allaitement. Cependant, le taux d'expulsion des DIU et les saignements vaginaux prolongés associés aux implants immédiats semblent être plus élevés.

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Contexte: 

La contraception réversible à longue durée d'action (LARC), y compris les dispositifs intra-utérins (DIU) et les implants contraceptifs, est une méthode de contraception réversible très efficace. Il est important de fournir des méthodes LARC pendant la période post-partum afin de soutenir le choix de la contraception et de prévenir les grossesses non désirées et les courts intervalles inter-gravidiques. Le fait de retarder l'offre de contraception aux personnes en post-partum jusqu'à la première visite complète en post-partum, traditionnellement à environ six semaines du post-partum, pourrait exposer certaines personnes en post-partum à un risque de grossesse non désirée, soit en raison de la perte de suivi, soit en raison de l'initiation de rapports sexuels avant de recevoir une contraception. Par conséquent, la fourniture immédiate d'une contraception hautement efficace, avant la sortie de l'hôpital, a le potentiel d'améliorer l'utilisation de la contraception et de prévenir les grossesses non désirées et les courts intervalles inter-gravidiques.

Objectifs: 

Comparer le taux d'initiation, les taux d'utilisation (six mois et douze mois après l'accouchement), l'efficacité et les effets indésirables de l'insertion immédiate par rapport à l’insertion différée d'implants et de DIU en post-partum pour la contraception.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), Medline, Embase et Popline pour trouver des études éligibles jusqu'en décembre 2020. Nous avons examiné les articles de revues et contacté les investigateurs. Nous avons vérifié les registres d'essais cliniques en cours, les listes de citations des études incluses, les principaux manuels, la littérature grise et les revues systématiques précédentes pour trouver des études potentiellement pertinentes.

Critères de sélection: 

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'insertion immédiate à l'insertion différée de l'implant contraceptif et du DIU pour la contraception en post-partum.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue (JS, SK) ont indépendamment examiné les titres et les résumés des résultats de la recherche, et ont évalué les articles dans leur intégralité des études potentiellement pertinentes en vue de leur inclusion. Ils ont extrait les données des études incluses, évalué le risque de biais, comparé les résultats et résolu les désaccords en consultant un troisième auteur de la revue (PL, SA ou PP). Nous avons contacté les investigateurs pour obtenir des données supplémentaires, lorsque cela était possible. Nous avons calculé le risque relatif (RR) de Mantel-Haenszel ou de variance inverse avec un intervalle de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement binaires et la différence de moyennes (DM) avec un IC à 95 % pour les variables continues.

Résultats principaux: 

Dans cette mise à jour de la revue, 16 études répondaient aux critères d'inclusion ; cinq étaient des études sur les implants contraceptifs (715 participantes) et 11 étaient des études sur les DIU (1894 participantes). Nous avons identifié 12 études en cours. Nous avons appliqué les jugements GRADE à nos résultats ; le niveau de confiance globale des données probantes pour chaque critère de jugement allait de modéré à très faible, les principales limitations étant le risque de biais, l'incohérence et l'imprécision.

Implants contraceptifs

L'insertion immédiate améliore probablement le taux d'initiation des implants contraceptifs par rapport à l'insertion différée (RR 1,48, IC à 95 % 1,11 à 1,98 ; 5 études, 715 participantes ; I2 = 95 % ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).

Nous ne sommes pas certains qu'il y ait eu une différence entre les deux groupes pour le taux d'utilisation des implants contraceptifs six mois après l'accouchement (RR 1,16, IC à 95 % 0,90 à 1,50 ; 3 études, 330 participantes ; I2 = 89 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou 12 mois après l'insertion (RR 0,98, IC à 95 % 0,93 à 1,04 ; 2 études, 164 participantes ; I2 = 0 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Les personnes qui ont reçu un implant contraceptif en post-partum immédiat pourraient avoir eu un nombre moyen de jours plus élevé de saignements vaginaux prolongés dans les six semaines suivant l'accouchement (différence de moyennes (DM) 2,98 jours, IC à 95 % -2,71 à 8.66 ; 2 études, 420 participantes ; I2 = 91 % ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et un taux plus élevé d'autres effets indésirables dans les six premières semaines après la naissance (RR 2,06, IC à 95 % 1,38 à 3,06 ; 1 étude, 215 participantes ; données probantes d’un niveau de confiance faible) que celles qui ont reçu une insertion post-partum différée. Nous ne sommes pas certains qu'il y ait eu une différence entre les deux groupes en ce qui concerne les saignements prolongés six mois après l'accouchement (RR 1,19, IC à 95 % 0,29 à 4,94 ; 2 études, 252 participants ; I2 = 0 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les deux groupes en ce qui concerne les taux de grossesses non désirées à six mois (RR 0,20, IC à 95 % 0,01 à 4,08 ; une étude, 205 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous ne sommes pas sûrs qu'il y ait eu une différence dans les taux de grossesses non désirées à 12 mois du post-partum (RR 1,82, IC à 95 % 0,38 à 8,71 ; 1 étude, 64 participantes ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les deux groupes pour les taux d'allaitement à six mois (RR 0,97, IC à 95 % 0,92 à 1,01 ; 2 études, 225 participants ; I2= 48 % ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

DIU

L’insertion immédiate des DIU améliore probablement le taux d'initiation par rapport à l’insertion différée, quel que soit le type de DIU (RR 1,27, IC à 95 % 1,07 à 1,51 ; 10 études, 1894 participantes ; I2 = 98 % ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Cependant, les personnes qui ont bénéficié d'une insertion de DIU en post-partum immédiat pourraient avoir eu un taux d'expulsion plus élevé six mois après l'accouchement (RR 4,55, IC à 95 % 2,52 à 8,19 ; 8 études, 1206 participantes ; I2 = 31 % ; données probantes d’un niveau de confiance faible) que celles qui ont bénéficié d'une insertion différée en post-partum.

Nous ne sommes pas certains qu'il y ait eu une différence entre les deux groupes en ce qui concerne l'utilisation des DIU six mois après l'insertion (RR 1,02, IC à 95 % 0,65 à 1,62 ; 6 études, 971 participantes ; I2 = 96 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou 12 mois après l'insertion (RR 0,86, IC à 95 % 0,5 à 1,47 ; 3 études, 796 participantes ; I2 = 92 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

L'insertion immédiate d'un DIU pourrait réduire le nombre de grossesses non désirées à 12 mois (RR 0,26, IC à 95 % 0,17 à 0,41 ; 1 étude, 1000 participantes ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous ne sommes pas sûrs qu'il y ait eu une différence dans les taux d'allaitement à six mois chez les personnes recevant des DIU à libération de progestatifs (RR 0,90, IC à 95 % 0,63 à 1,30 ; 5 études, 435 participantes ; I2 = 54 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Manar Moussaide et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.