Problématique de la revue
Chez les personnes atteintes d'un cancer de la paroi interne de la vessie, quels sont les effets comparés de deux médicaments différents, appelés Bacille Calmette-Guérin (BCG) et mitomycine (MMC), qui sont administrés dans la vessie, après l'ablation de la tumeur ?
Contexte
Les tumeurs des couches superficielles de la vessie, appelées cancer de la vessie n’infiltrant pas le muscle, sont traitées en introduisant de petits instruments dans la vessie, en les découpant pour les enlever. Cela fonctionne bien mais ces tumeurs reviennent souvent. Quand elles reviennent, elles peuvent être plus agressives et d’un stade plus avancé qu'avant. Différents types de médicaments appliqués dans la vessie par la suite peuvent rendre cela moins fréquent, le BCG et la MMC étant les plus utilisés. Nous ne savons pas quelles sont les différences entre les deux traitements concernant les effets recherchés et indésirables.
Caractéristiques des études
Le contenu de cette revue est à jour en septembre 2019. Nous avons inclus uniquement les études où le traitement reçu par les participants était déterminé par le hasard.
Principaux résultats
Nous avons trouvé 12 études, incluant 2 932 personnes, qui correspondaient à notre question.
Nous avons constaté que le BCG pourrait entraîner un risque similaire de décès toutes causes confondues au fil du temps (données probantes de faible qualité), mais pourrait augmenter le risque d'effets indésirables graves (données probantes de faible qualité), bien qu'il soit possible que cela ne fasse pas de différence.
Le BCG pourrait réduire le risque que la tumeur revienne avec le temps (données probantes de faible qualité), bien qu'il soit possible que cela ne fasse pas de différence.
Le BCG pourrait avoir peu ou pas d'effet sur le risque que la tumeur s'aggrave avec le temps (données probantes de faible qualité).
Nous n'avons pas trouvé de donnée sur la qualité de vie.
Valeur probante des données
La valeur probante des données a systématiquement été jugée faible, ce qui signifie que notre confiance est limitée dans les résultats et que des recherches futures pourraient modifier ces résultats.
Selon nos conclusions, le BCG pourrait réduire le risque de récidive au fil du temps, bien que les intervalles de confiance incluent la possibilité qu'il n'y ait pas de différence. Il pourrait ne pas y avoir d’effet sur le risque de progression ou le risque de décès toutes causes confondues au fil du temps. Le BCG pourrait causer plus d’événements indésirables graves, bien que les intervalles de confiance incluent encore une fois la possibilité qu'il n'y ait pas de différence. Nous n'avons pas été en mesure de déterminer l'impact sur la qualité de vie. La qualité des données probantes était systématiquement faible, en raison de préoccupations sur de possible biais de sélection, biais de performance, étant donné l'absence d’insu dans ces études, et l'imprécision.
Les personnes atteintes d'un carcinome urothélial de la vessie sont à risque de récidive et de progression après une résection transurétrale de vessie (RTUV). La mitomycine C (MMC) et le Bacille Calmette-Guérin (BCG) administrés par voie intravésicale sont couramment utilisés et concurrents, pour le traitement du cancer urothélial de la vessie n’infiltrant pas le muscle vésical (Ta et T1) de grade intermédiaire à haut, mais leurs mérites relatifs ne sont pas connus.
Évaluer les effets du BCG intravésical par rapport à la MMC intravésicale, pour le traitement des cancers de la vessie Ta et T1, de grade intermédiaire à haut, chez les adultes.
Nous avons effectué une recherche documentaire systématique dans plusieurs bases de données (CENTRAL, MEDLINE, Embase, Web of Science, Scopus, LILACS), ainsi que dans deux registres d'essais cliniques. Nous avons effectué des recherches dans les listes de référence des publications pertinentes et dans les actes et résumés de conférences. Nous n'avons pas appliqué de restriction de langue. La dernière recherche a été effectuée en septembre 2019.
Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs randomisés (ECR) comparant le BCG intravésical à la MMC intravésicale pour le traitement du cancer urothélial de la vessie n’infiltrant pas le muscle vésical.
Deux auteurs de la revue ont, de manière indépendante, examiné la littérature scientifique, extrait les données, évalué le risque de biais et noté la qualité des données probantes avec l’approche GRADE par critère de jugement. Dans les méta-analyses, nous avons utilisé le modèle à effets aléatoires.
Nous avons recensé 12 ECR comparant le BCG et la MMC chez des participants présentant des tumeurs vésicales n’infiltrant pas le muscle de la vessie de grade intermédiaire à élevé (publiés de 1995 à 2013). Au total, 2 932 participants ont été randomisés.
Délai avant décès toutes causes confondues : Le BCG pourrait faire peu ou pas de différence sur le délai avant décès toutes causes confondues par rapport à la MMC (rapport des risques instantanés (HR) 0,97, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,79 à 1,20 ; participants = 1 132, études = 5 ; 567 participants dans le groupe BCG et 565 dans le groupe MMC ; données probantes de faible qualité). Cela correspond à 6 décès de moins (40 de moins à 36 de plus) pour 1 000 participants traités par le BCG à cinq ans. Nous avons abaissé la qualité des données probantes de deux niveaux en raison des limites des études et de l'imprécision.
Effets indésirables graves : 12/577 participants traités par le BCG ont subi des effets indésirables graves non mortels, par rapport à 4/447 participants dans le groupe MMC. Le rapport de risque (RR) global est de 2,31 (IC à 95 % : 0,82 à 6,52 ; participants = 1 024, études = 5 ; données probantes de faible qualité). Par conséquent, le BCG pourrait augmenter le risque d'effets indésirables graves par rapport à la MMC. Cela correspond à neuf effets indésirables graves de plus (un de moins à 37 de plus) avec le BCG. Nous avons abaissé la qualité des données probantes de deux niveaux en raison des limites des études et de l'imprécision.
Délai avant récidive : Le BCG pourrait réduire le délai avant récidive par rapport à la MMC (HR 0,88, IC à 95 % 0,71 à 1,09 ; participants = 2 616, études = 11, 1 273 participants dans le groupe BCG et 1 343 dans le groupe MMC ; données probantes de faible qualité). Cela correspond à 41 récurrences de moins (104 de moins à 29 de plus) avec le BCG à cinq ans. Nous avons abaissé la qualité des données probantes de deux niveaux en raison des limites des études, de l'imprécision et de l'incohérence.
Temps sans progression : Le BCG pourrait faire peu ou pas de différence sur le temps sans progression par rapport à la MMC (HR 0,96, IC à 95 % 0,73 à 1,26 ; participants = 1 622, études = 6 ; 804 participants dans le groupe BCG et 818 dans le groupe MMC ; données probantes de faible qualité). Cela correspond à quatre progressions de moins (29 de moins à 27 de plus) avec le BCG à cinq ans. Nous avons abaissé la qualité des données probantes de deux niveaux en raison des limites des études et de l'imprécision.
Qualité de vie : nous avons trouvé très peu de données sur ce critère de jugement et nous n'avons pas pu estimer la taille de l'effet.
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