Bilan
Cette revue a constaté que quelques personnes souffrant de céphalées de tension 2 à 14 fois par mois obtiennent un bon soulagement de la douleur en prenant 25 mg de kétoprofène. Des questions se posent sur la manière dont les études sur ce type de céphalées sont menées. Ces questions concernent le type de personnes choisies pour les études et les types de critères de jugement rapportés. Cela limite l'utilité des résultats, surtout pour les personnes souffrant juste de céphalées occasionnelles.
Contexte
Les personnes souffrant de céphalées de tension épisodiques fréquentes ont entre 2 et 14 jours de céphalées par mois. Les céphalées de tension empêchent les personnes de se concentrer et de travailler correctement, et entraînent une incapacité importante. Lorsque des céphalées surviennent, elles s'atténuent avec le temps, même sans traitement.
Le kétoprofène est un analgésique couramment utilisé, disponible sur ordonnance dans la plupart des régions du monde, mais sans ordonnance (en vente libre) dans certaines. La dose habituelle est de 25 mg ou 50 mg pris par voie orale.
Caractéristiques des études
En mai 2016, nous avons fait une recherche dans la littérature médicale et avons trouvé quatre études impliquant 1253 participants qui ont examiné le kétoprofène pour des céphalées de tension épisodiques fréquentes. Seule une fraction des participants a participé aux comparaisons entre le kétoprofène 25 mg et le placebo (un comprimé factice). Les résultats étaient généralement mesurés deux heures après la prise du médicament ou du placebo. L'International Headache Society recommande une disparition de la douleur au bout de deux heures après avoir pris un médicament comme critère de jugement, mais d'autres critères de jugement sont également suggérés. Peu d'études ont fait état de ces critères de jugement recommandés, de sorte que les informations à analyser pour certains critères de jugement étaient limitées.
Principaux résultats
Le critère de jugement d'absence de douleur à deux heures a été rapporté par 27 personnes sur 100 prenant du kétoprofène 25 mg, et par 16 personnes sur 100 prenant un placebo, ce qui signifie que seulement 11 personnes sur 100 ont bénéficié du kétoprofène 25 mg (données probantes de mauvaise qualité). Le critère de jugement d’absence de douleur ou de douleur légère deux heures après la prise du traitement a été rapporté par 66 personnes sur 100 prenant du kétoprofène 25 mg, et par 38 personnes sur 100 prenant un placebo (données probantes de qualité modérée), ce qui signifie que 28 personnes sur 100 ont bénéficié du kétoprofène 25 mg.
Environ 14 personnes sur 100 prenant 25 mg de kétoprofène ont déclaré avoir eu un effet secondaire, ce qui était légèrement supérieur à celui du placebo (7 personnes sur 100) (données probantes de faible qualité). La plupart des effets secondaires étaient d'intensité légère ou modérée. Aucun effet secondaire grave n'a été constaté.
Le kétoprofène 25 mg n'était pas différent du paracétamol 1 000 mg pour toute mesure de soulagement des maux de tête (données probantes de qualité modérée et faible), mais était associé à plus d'effets secondaires (données probantes de faible qualité).
Valeur probante des données
La qualité des données probantes sur la disparition de la douleur après deux heures était faible, et celle sur la douleur légère à deux heures était moyenne. Des données probantes de qualité moyenne signifient que nous accordons une confiance modérée aux résultats. Des données probantes de faible qualité signifient que nous n’accordons pas une grande confiance aux résultats et qu'ils pourraient changer avec plus d'informations.
Pour les personnes souffrant de céphalées de tension épisodiques fréquentes, le kétoprofène 25 mg a apporté un petit bénéfice par rapport au placebo en termes d'absence de douleur à deux heures ou de douleur légère ou nulle à deux heures lors d’un épisode de céphalée aigüe d'intensité modérée ou sévère. Son utilisation a été associée à un plus grand nombre de personnes subissant des effets indésirables. Le kétoprofène 25 mg n'était pas supérieur au paracétamol 1 000 m pour tout critère de jugement d'efficacité.
Les céphalées de tension touchent environ 1 personne sur 5 dans le monde. On les divise en céphalées de tension épisodiques peu fréquentes (moins d'un jour de céphalée par mois), en céphalées de tension épisodiques fréquentes (2 à 14 jours de céphalée par mois) et en céphalées de tension chroniques (15 jours de céphalée par mois ou plus). Le kétoprofène est l'un des nombreux analgésiques suggérés pour le traitement aigu des céphalées dans les cas de céphalées de tension épisodiques fréquentes.
Évaluer l'efficacité et l’innocuité du kétoprofène pour le traitement de la céphalée de tension épisodique chez l'adulte par rapport à un placebo ou à tout autre comparateur actif.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, Embase et dans la Oxford Pain Relief Database jusqu'en mai 2016, et nous avons également consulté les références bibliographiques des études et des revues pertinentes publiées. Nous avons recherché des études non publiées en interrogeant des contacts personnels et en consultant des registres d'essais cliniques en ligne et des sites web de fabricants.
Nous avons inclus toute étude randomisée en double aveugle, contrôlée par placebo (en groupes parallèles ou croisés) utilisant le kétoprofène par voie orale pour le soulagement symptomatique d'un épisode aigu de céphalée de tension. Les études devaient être prospectives, avec des participants âgés de 18 ans ou plus, et comprendre au moins 10 participants par groupe de traitement.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les études à inclure et ont extrait les données. Nous avons utilisé le nombre de participants ayant rempli chaque critère de jugement pour calculer le risque relatif (RR) et le nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat bénéfique supplémentaire ou le nombre nécessaire pour nuire (NNN) pour le kétoprofène par voie orale par rapport au placebo ou à une intervention active pour une série de critères de jugement, principalement ceux recommandés par l'International Headache Society (IHS).
Nous avons évalué les données probantes en utilisant l’approche GRADE et avons créé un tableau récapitulatif des résultats.
Nous avons inclus quatre études, toutes composées d’adultes souffrant de céphalées de tension épisodiques fréquentes. Toutes ces études utilisaient les critères de diagnostic IHS et rapportaient une douleur moyenne à l’inclusion d'une intensité au moins modérée. Alors que 1 253 personnes atteintes de céphalées de tension ont participé à ces études, les chiffres disponibles pour toute analyse étaient inférieurs à ce chiffre parce que les critères de jugement n'étaient pas rapportés de manière cohérente et parce que de nombreux participants ont reçu des comparateurs actifs.
Aucune des études incluses ne présentait un faible risque de biais dans tous les domaines considérés, bien que pour la plupart des études et des domaines, cela soit probablement dû à des rapports inadéquats plutôt qu'à de mauvaises méthodes. Nous avons jugé qu'une étude présentait un risque élevé de biais en raison de sa petite taille.
Des informations pertinentes n'étaient disponibles que pour le kétoprofène 25 mg. Pour le critère de jugement privilégié de l'IHS qui concerne la disparition de la douleur après deux heures, le NST pour le kétoprofène 25 mg par rapport au placebo était de 9,0 (intervalle de confiance (IC) à 95%, 4,8 à 72) dans deux études (272 participants ; données probantes de faible qualité). Le NST était de 3,7 (IC à 95 % 2,6 à 6,3) pour une absence de douleur ou une douleur légère à deux heures dans deux études (272 participants ; données probantes de qualité moyenne). Moins de personnes ont eu besoin d'un traitement de secours avec 25 mg de kétoprofène qu'avec un placebo, avec un nombre de sujets à traiter pour éviter un événement de 6,2 (IC à 95 % 4,3 à 11) dans trois études (605 participants ; données probantes de qualité moyenne). Le nombre de participants ayant signalé un événement indésirable était plus élevé avec 25 mg de kétoprofène qu'avec un placebo (NNN 15, IC à 95 % 8,7 à 45) dans trois études (651 participants avec 66 événements ; données probantes de faible qualité). La plupart des événements étaient d'intensité légère à modérée.
Le kétoprofène 25 mg n'était pas différent du paracétamol 1 000 mg dans deux études avec 276 participants pour tout critère de jugement d’efficacité (données probantes de qualité faible à modérée) ; le RR pour la disparition de la douleur à deux heures était de 1,3 (IC à 95 % 0,9 à 2,0). Le nombre de participants ayant signalé tout événement indésirable était plus élevé avec le kétoprofène 25 mg qu'avec le paracétamol (NNN 17, IC à 95 % 8,9 à 130) dans deux études (582 participants, 68 événements ; données probantes de faible qualité).
Les études n'ont fait état d'aucun événement indésirable grave.
Nous avons jugé la qualité des données probantes comparant le kétoprofène 25 mg à un placebo ou au paracétamol 1 000 mg comme étant modérée à très faible. Lorsque les données probantes étaient déclassées, c'était en raison du petit nombre d'études et d'événements.
Post-édition : Alicia Kodsi - Révision : Margaux Millet (M2 ILTS, Université de Paris)