Problématique de la revue
Chez les hommes atteints de la maladie de La Peyronie, comment les traitements non chirurgicaux, tels que les pilules, les crèmes, les injections ou les traitements par ondes de choc, affectent-ils la fonction sexuelle déclarée par les hommes ?
Contexte
La maladie de La Peyronie pourrait entraîner une courbure du pénis, des douleurs ou les deux, ce qui rend difficile les rapports sexuels avec pénétration. Outre la chirurgie, de nombreux autres traitements pourraient aider ou non à lutter contre cette maladie, mais leur efficacité n'est pas clairement établie.
Méthodes
Nous avons utilisé les méthodes Cochrane recommandées, y compris la méthode GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.
Date de la recherche
Les conclusions de notre revue sont à jour jusqu'au 23 septembre 2022.
Caractéristiques des études
Nous avons inclus 14 essais portant sur 1810 hommes atteints de la maladie de La Peyronie. Nous n'avons retenu que les études comparant ces traitements à un placebo (pilule ou injection d'apparence similaire mais ne contenant pas de médicament actif), à un traitement fictif (simulacre) ou à l'absence de traitement. Nous n'avons retenu que les études dans lesquelles le hasard décidait du traitement des hommes.
Principaux résultats
Nous avons trouvé des données probantes pour 10 types de traitements différents n'impliquant pas de procédure chirurgicale. Dans ce résumé, nous nous concentrons sur ceux que les experts nous ont dit être les plus importants à connaître. Par ailleurs, nous ne présentons ici que les trois principaux critères de jugement : la capacité rapportée des patients à avoir des rapports sexuels, leur qualité de vie et les effets secondaires. Nous résumons également les données sur le degré de courbure du pénis.
Injection de collagénase (à court terme) : Nous n'avons pas trouvé de données probantes sur la façon dont la collagénase injectable affecte la capacité rapportée des patients à avoir des rapports sexuels ou provoque des effets secondaires indésirables liés au traitement à court terme. L'injection de collagénase pourrait entraîner peu ou pas de différence en termes de qualité de vie. Il pourrait y avoir peu ou pas d'effet sur le degré de courbure du pénis.
Injection de collagénase (à long terme) : Nous n'avons pas non plus trouvé de données probantes sur la façon dont la collagénase injectable affecte la capacité auto rapportée des patients à avoir des rapports sexuels à long terme. L'injection de collagénase entraîne probablement peu ou pas de différence en termes de qualité de vie, mais augmente probablement les effets secondaires indésirables. En outre, à long terme, elle pourrait entraîner peu ou pas de changement dans le degré de courbure du pénis.
Vérapamil injectable (à court terme) : Nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait affecter la capacité déclarée des patients à avoir des rapports sexuels. Nous n'avons pas trouvé de données probantes pour le critère de jugement de la qualité de vie. Nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait influer sur les effets secondaires liés au traitement. De même, nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait affecter le degré de courbure du pénis.
Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Thérapie par ondes de choc extracorporelles (TOCE) : Nous sommes très incertains de l'impact de la TOCE sur la capacité rapportée des patients à avoir des rapports sexuels. La TOCE pourrait entraîner peu ou pas de différence en termes de qualité de vie. Nous ne savons pas non plus si la TOCE a un effet secondaire sur les effets du traitement. La TOCE pourrait entraîner peu ou pas de différence dans le degré de courbure du pénis par rapport au placebo.
Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Thérapie de traction pénienne (à court terme) : Nous n'avons pas trouvé de données probantes permettant de déterminer si le traitement par traction pénienne, comparé à l'absence de traitement, affecte la capacité déclarée des patients à avoir des rapports sexuels. Nous sommes très incertains de l'impact de la thérapie par traction sur la qualité de vie. Nous sommes également très incertains de la manière dont la thérapie par traction pourrait influer sur les effets secondaires liés au traitement et sur le degré de courbure.
Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Niveau de confiance des données probantes
Le niveau de confiance des données probantes est principalement très faible ou faible pour la plupart des interventions évaluées. Le niveau de confiance des données probantes est modéré pour la collagénase injectable (critères de jugement à long terme). Cela signifie que le niveau de confiance dans les résultats varie de très faible à modéré (et est le plus souvent très faible).
Il existe peu de données probantes sur l'efficacité de la plupart des traitements non chirurgicaux de la maladie de La Peyronie. Les essais existants sont pour la plupart de piètre qualité méthodologique et/ou ne prennent pas en compte les critères de jugement des patients. La collagénase injectable semble avoir une certaine efficacité ; cependant, de nombreuses personnes pourraient ne pas ressentir l'amélioration comme cliniquement pertinente, et cela s'accompagne d'un risque d'augmentation des événements indésirables. Il existe un besoin crucial de meilleures options de traitement non chirurgical pour les hommes atteints de la maladie de La Peyronie.
La maladie de La Peyronie est une affection qui se traduit par le développement de plaques péniennes pouvant entraîner une courbure du pénis, des douleurs et des troubles de l'érection, rendant l'activité sexuelle difficile. Il existe un certain nombre d'interventions non chirurgicales pour améliorer cette condition, qui comprennent des agents topiques et des injections ainsi que des méthodes mécaniques ; cependant, leur efficacité reste incertaine. Nous avons effectué cette revue pour déterminer les effets de ces traitements non chirurgicaux.
Évaluer les effets des traitements non chirurgicaux par rapport au placebo ou à l'absence de traitement chez les personnes atteintes de la maladie de La Peyronie.
Nous avons effectué une recherche exhaustive en utilisant plusieurs bases de données (la Cochrane Library, MEDLINE, Embase, Scopus, Google Scholar et Web of Science), des registres d'essais, d'autres sources de littérature grise et des comptes rendus de conférences, jusqu'au 23 septembre 2022. Nous n'avons appliqué aucune restriction quant à la langue ou au statut de publication.
Nous avons inclus des essais dans lesquels des hommes atteints de la maladie de La Peyronie ont été randomisés pour suivre des traitements non chirurgicaux par rapport à un placebo ou à l'absence de traitement pour la courbure du pénis et la fonction sexuelle.
Deux des quatre auteurs de la revue, travaillant en binôme, ont classé les études de manière indépendante et ont extrait les données des études incluses. Les critères de jugement principaux étaient : la capacité des patients à avoir des rapports sexuels, la qualité de vie et les effets indésirables liés au traitement. Les critères de jugement secondaires étaient : le degré de courbure du pénis, l'absence de traitement (quelle qu'en soit la raison), le changement subjectif de la courbure du pénis rapporté par le patient et l'amélioration de la douleur pénienne. Nous avons effectué les analyses statistiques à l'aide d'un modèle à effets aléatoires. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes selon l'approche GRADE.
Notre recherche a permis d'identifier 1288 références pertinentes parmi lesquelles nous avons inclus 18 articles correspondant à 14 essais contrôlés randomisés (ECR) uniques portant sur 1810 hommes. Ils ont permis d'établir 10 comparaisons distinctes avec des critères de jugement pertinents, extraits pour la plupart d'essais uniques. Dans ce résumé, nous nous concentrons uniquement sur les comparaisons les plus pertinentes d'un point de vue clinique pour les trois critères de jugement principaux et nous incluons également le critère de jugement du degré de courbure du pénis.
Injection de collagénase (à court terme) : Nous n'avons pas trouvé de données probantes à court terme sur la collagénase injectable en ce qui concerne la capacité déclarée des patients à avoir des rapports sexuels et les effets indésirables liés au traitement par rapport à l'injection d'un placebo. L'injection de collagénase pourrait entraîner peu ou pas de différence au niveau de la qualité de vie (échelle de 0 à 20, les scores les plus bas indiquant une meilleure qualité de vie ; différence de moyennes (DM) de 1.8 plus faible, intervalle de confiance (IC) à 95 % de -3.58 à -0.02 ; 1 étude, 134 participants ; niveau de confiance faible) et il pourrait y avoir peu ou pas d'effet sur le degré de courbure du pénis (DM de 10.90 degrés en moins, IC à 95 % de -16.24 à -5.56 ; 1 étude, 136 participants ; niveau de confiance faible).
Injection de collagénase (à long terme) : Nous n'avons pas non plus trouvé de données probantes à long terme sur la collagénase injectable en ce qui concerne la capacité auto rapportée des patients à avoir des rapports sexuels par rapport à l'injection d'un placebo. Elle a probablement peu ou pas d'effet sur la qualité de vie (DM 1.00 plus faible, IC à 95 % -1.60 à -0.40 ; 1 étude, 612 participants ; niveau de confiance modéré). Les effets indésirables liés au traitement sont probablement plus nombreux (risque relatif (RR) 2.32, IC à 95 % 1.98 à 2.72 ; 1 étude, 832 participants ; niveau de confiance modéré). L'injection de collagénase entraîne probablement peu ou pas de changement dans le degré de courbure du pénis (DM 6.90 degrés de moins, IC à 95 % -9.64 à -4.14 ; 1 étude, 612 participants ; niveau de confiance modéré).
Vérapamil injectable (à court terme) : Nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait affecter la capacité auto rapportée des patients à avoir des rapports sexuels par rapport à l'injection d'un placebo à court terme (RR 7.00, IC à 95 % 0.43 à 114.70 ; 1 étude, 14 participants ; niveau de confiance très faible). Nous n'avons pas trouvé de données probantes pour le critère de jugement de la qualité de vie. Nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait affecter les effets indésirables liés au traitement (RR non estimable ; 1 étude, 14 participants ; niveau de confiance très faible). De même, nous sommes très incertains de la manière dont le vérapamil injectable pourrait affecter le degré de courbure du pénis (DM -1.86, IC à 95 % -10.39 à 6.67 ; 1 étude, 14 participants ; niveau de confiance très faible). Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Thérapie par ondes de choc extracorporelles (TOCE) (à court terme) : Nous sommes très incertains de la manière dont la TOCE affecte la capacité auto rapportée des patients à avoir des rapports sexuels à court terme (RR 1.60, IC à 95 % 0.71 à 3.60 ; 1 étude, 26 participants ; niveau de confiance très faible). La TOCE pourrait entraîner peu ou pas de différence en termes de qualité de vie (DM 3.10, IC à 95 % 1.57 à 4.64 ; 2 études, 130 participants ; niveau de confiance faible). Nous sommes très incertains quant à l'effet de la TOCE sur les effets indésirables liés au traitement (RR 2.73, IC à 95 % 0.74 à 10.14 ; 3 études, 166 participants ; niveau de confiance très faible). La TOCE pourrait entraîner peu ou pas de différence dans le degré de courbure du pénis par rapport au comparateur (RR -2.84, IC à 95 % -7.35 à 1.67 ; 3 études, 166 participants ; niveau de confiance faible). Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Thérapie de traction pénienne (à court terme) : Nous n'avons pas trouvé de données probantes pour déterminer si la traction pénienne, comparée à l'absence de traitement, affecte la capacité rapportée des patients à avoir des rapports sexuels. Nous sommes très incertains de la manière dont la thérapie par traction pourrait affecter la qualité de vie (DM 1.50 plus bas, IC à 95 % -3.42 à 0.42 ; 1 étude, 90 participants ; niveau de confiance très faible). Nous sommes également très incertains de la manière dont la thérapie par traction pourrait affecter les effets indésirables liés au traitement (RR non estimable ; 1 étude, 90 participants ; niveau de confiance très faible) et de la manière dont elle affecte le degré de courbure (DM 7.40 degrés de moins, IC à 95 % -11.18 à -3.62 ; 1 étude, 89 participants ; niveau de confiance très faible). Nous n'avons trouvé aucune donnée à long terme pour aucun critère de jugement.
Post-édition effectuée par Farah Noureddine et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d’origine? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr