Objectif de la revue
L'objectif de cette revue était de déterminer si les probiotiques administrés aux bébés en bonne santé préviennent les coliques infantiles et s'ils sont sans danger.
Messages principaux
Bien que les probiotiques n'aient que peu ou pas d'effet sur l'apparition des coliques infantiles, ils pourraient réduire le temps de pleurs et n’ont présenté aucun risque. Nous avons encore besoin de plus d’études pour déterminer si l'apparition de coliques peut être réduite.
Quel est l'objectif de cette revue de littérature ?
Les coliques infantiles affectent un grand nombre de nourrissons et leurs familles dans le monde entier. La colique infantile se définie comme des épisodes de pleurs inconsolables qui durent plus de trois heures par jour, plus de trois jours par semaine, pendant au moins trois semaines.
Les probiotiques sont des bactéries vivantes qui, lorsqu'elles sont ingérées, peuvent être bénéfiques pour les patients. Les probiotiques sont bon marché et facilement disponibles. Des recherches récentes ont étudié leur utilisation pour ce problème.
Quels ont été les principaux résultats de cette revue ?
Cette revue a inclus six études. Les nourrissons du groupe des probiotiques ont reçu différents types de probiotiques, à différentes doses, et ont été comparés aux nourrissons qui ont reçu un placebo (médicament factice).
La revue a révélé que, comparativement au placebo, les probiotiques n'avaient que peu ou pas d'effet sur l'apparition de coliques infantiles, mais qu'ils semblaient réduire le temps de pleurs. Il n'y a pas eu de différence dans la déclaration des effets secondaires. Seulement quatre effets graves ont été signalés dans le cadre d'une grande étude, et il était peu probable cliniquement que ces effets soient liés à la prise de l'un ou l'autre des produits de l'étude.
Cette revue est-elle à jour ?
Nous avons cherché des études qui avaient été publiées jusqu'en janvier 2018.
Il n'existe aucune preuve formelle indiquant que les probiotiques sont plus efficaces que le placebo pour prévenir les coliques infantiles ; cependant, le temps de pleurs quotidiens a semblé diminuer avec l'utilisation des probiotiques par rapport au placebo. Il n'y avait pas de différences évidentes en ce qui concerne les effets indésirables.
Notre capacité à conclure est limitée par la valeur probante des données, que nous avons jugée faible pour les trois critères de jugement, ce qui signifie que nous ne sommes pas convaincus que ces résultats resteront inchangés à la suite d’autres recherches.
Les coliques infantiles se définissent généralement par des pleurs violents pendant au moins trois heures par jour, au moins trois jours par semaine, pendant au moins trois semaines. Les coliques infantiles affectent un grand nombre de nourrissons et leurs familles dans le monde entier. Ses symptômes sont vagues et généraux et, bien qu'ils ne soient pas révélateurs d'une maladie, ils peuvent être dus à une affection sous-jacente grave chez un faible pourcentage de nourrissons qui peuvent avoir besoin d'une évaluation médicale. Les probiotiques sont des microorganismes vivants qui modifient la microflore de l'hôte et ont des effets bénéfiques sur la santé. Les probiotiques les plus couramment utilisés sont composés de Lactobacillus, Bifidobacterium et Streptococcus. De plus en plus de données probantes suggèrent que la flore intestinale des nourrissons souffrant de coliques diffère de celle des nourrissons en bonne santé. Il est suggéré que les probiotiques peuvent rétablir cet équilibre et améliorer la santé du microbiote intestinal. Le faible coût et la grande disponibilité des probiotiques en font une solution prophylactique potentielle pour réduire l'incidence et la prévalence des coliques infantiles.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des probiotiques prophylactiques pour prévenir ou réduire la gravité des coliques infantiles.
En janvier 2018, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO, CINAHL, 10 autres bases de données et deux registres d'essais. Nous avons également examiné manuellement les actes de conférence pertinents et consulté les références bibliographiques, notamment celles des études incluses. Nous avons aussi contacté des auteurs et des experts dans le domaine, y compris les fabricants de probiotiques, pour identifier des essais non publiés.
Essais cliniques randomisés (ECR) sur des nouveau-nés de moins d'un mois sans diagnostic de coliques infantiles à l’inclusion. Nous avons inclus les études qui se focalisaient sur l’effet des probiotiques, administrés seuls ou en association avec un prébiotique (aussi connu sous le nom de symbiotiques), par rapport à l’absence d’intervention, à une ou plusieurs autres interventions ou à un placebo, sur les coliques infantiles.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards de Cochrane.
Notre recherche a retrouvé 3284 références, dont 21 ont été sélectionnées pour un examen en texte intégral. Six études menées auprès de 1 886 participants répondaient à nos critères d'inclusion, comparant les probiotiques au placebo. Deux études ont porté sur Lactobacillus reuteri DSM, deux sur des probiotiques multi souches, une sur Lactobacillus rhamnosus et une sur Lactobacillus paracasei et Bifidobacterium animalis. Dans deux études, les probiotiques ont été débutés pendant la grossesse et ont continué à être administrés au bébé après la naissance.
Nous avons considéré que le risque de biais de randomisation était faible pour les six essais ; concernant l’assignation secrète, il était aussi faible dans deux études et incertain dans quatre autres. Toutes les études ont été réalisées en aveugle et présentaient un faible risque de biais d'attrition et de déclaration.
Une méta-analyse à effets aléatoires de trois études (1 148 participants) n'a révélé aucune différence entre les groupes quant à l'apparition de nouveaux cas de coliques : risque relatif (RR) de 0,46, intervalle de confiance à 95 % (IC) de 0,18 à 1,19 ; données faible valeur probante ; I2 = 72 %.
Une méta-analyse à effets aléatoires des six études (1851 participants) n'a révélé aucune différence entre les groupes en ce qui concerne les effets indésirables graves (RR 1,02, IC à 95 % : 0,14 à 7,21 ; données de faible valeur probante ; I2 non calculable car seulement quatre événements graves pour une comparaison, deux dans chaque groupe : bouchon méconial, persistance du canal artériel et hépatite néonatale).
Une méta-analyse à effets aléatoires de trois études (707 participants) a révélé une différence moyenne (DM) de -32,57 minutes de pleurs par jour (IC à 95 % -55,60 à -9,54 ; données de faible valeur probante ; I2 = 93 %) en faveur des probiotiques.
Une analyse par sous-groupe de l'agent le plus étudié, Lactobacillus reuteri, a montré une réduction de 44,26 minutes des pleurs quotidiens avec un modèle à effets aléatoires (IC 95 % -66,6 à -21,9 ; I2 = 92 %), en faveur des probiotiques.
Post-édition effectuée par Alan CHARISSOU et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr