Contexte
Les cardiopathies ischémiques, y compris l'insuffisance cardiaque, constituent la cause la plus fréquente de décès dans le monde, et l'incidence de cette maladie augmente rapidement. L'insuffisance cardiaque est caractérisée par des symptômes tels que la fatigue et l'essoufflement pendant une activité légère, ainsi que des troubles respiratoires pendant le sommeil. En particulier, les troubles respiratoires du sommeil, notamment l'apnée centrale du sommeil (ACS) et l'apnée obstructive du sommeil, sont très fréquents chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque chronique.
But : Evaluer les effets du traitement par pression positive des voies respiratoires pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque qui présentent une ACS.
Méthodes
Nous avons recherché dans la littérature scientifique des essais contrôlés randomisés (ECR) (un type d'étude dans laquelle les participants sont affectés à l'un de deux groupes de traitement ou plus au moyen d'une méthode aléatoire) qui comparent l'efficacité de la thérapie par pression positives des voies respiratoires par rapport aux soins habituels chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque qui présentent une ACS. La thérapie par pression positive des voies respiratoires consistait en une pression positive continue (PPC) ou une ventilation auto asservie (VAA) tandis que les soins habituels consistaient en une thérapie médicale basée sur les directives pertinentes. Les données sont à jour jusqu'en février 2019.
Résultats
Nous avons inclus 16 ECR impliquant un total de 2125 participants. L'effet du traitement par pression positive des voies respiratoires sur la mortalité toutes causes confondues était incertain. De plus, par rapport aux soins habituels, le traitement par pression positive des voies respiratoires n'a pas réduit la mortalité cardiaque, la réhospitalisation toutes causes confondues et la réhospitalisation cardiaque. Cependant, la thérapie par pression positive des voies respiratoires a montré une certaine indication d'une amélioration des scores de qualité de vie. Des décès dus à une pneumonie (N = 1, 3 % du groupe d’intervention), arrêts cardiaques (N = 18, 3 % du groupe d’intervention), transplantations cardiaques (N = 8, 1 % du groupe d’intervention), aggravations d’une insuffisance cardiaque (N = 3, 9 % du groupe d’intervention), thromboses veineuses profondes / embolies pulmonaires (N = 1, 3 % du groupe d’intervention) et ulcères du pied (N = 1, 3 % du d’intervention) ont été observés dans le groupe de traitement par pression positive des voies respiratoires, tandis que des arrêts cardiaques (N = 16, 2 % du groupe de soins habituels), transplantations cardiaques (N = 12, 2 % du groupe de soins habituels), aggravations de l’insuffisance cardiaque (N = 5, 14 % du groupe de soins habituels) et ulcères duodénaux (N = 1, 3 % du groupe de soins habituels) sont survenus dans le groupe de soins habituels dans trois essais.
Valeur probante des données
Nous avons évalué la valeur probante des données pour de nombreux critères de jugement, y compris la réhospitalisation liée au cœur, comme étant faible ou très faible parce que la variabilité entre les études (hétérogénéité) était élevée,les intervalles de confiance étaient larges, la méthode de randomisation et l’assignement en aveugle des participants et du personnel étaient mal décrits.
Conclusion
L'effet du traitement par pression positive des voies respiratoires sur la mortalité toutes causes confondues était incertain. En plus, bien que le traitement par pression positive des voies respiratoires n'ait pas réduit le risque de mortalité cardiaque et de réhospitalisation, il y avait quelques indications d'une amélioration du score de qualité de vie des patients atteints d'insuffisance cardiaque avec ACS. De surcroît, les résultats étaient insuffisants pour déterminer si les effets indésirables étaient plus fréquents avec le traitement par pression positive des voies respiratoires qu'avec les soins habituels. Ces résultats ont été limités par des données de faible ou de très faible valeur probante. La thérapie par pression positive des voies respiratoires peut être envisagée pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque afin d'améliorer leur qualité de vie.
L'effet du traitement par pression positive des voies respiratoires sur la mortalité toutes causes confondues était incertain. De plus, bien que nous ayons trouvé des preuves que le traitement par pression positive des voies respiratoires ne réduisait pas le risque de mortalité cardiaque et de réhospitalisation, il y avait des indications d'une amélioration de la qualité de vie des patients atteints d'insuffisance cardiaque avec ASC. De surcroît, les résultats étaient insuffisants pour déterminer si les effets indésirables étaient plus fréquents avec le traitement par pression positive des voies respiratoires qu'avec les soins habituels. Ces résultats ont été limités par des données de faible ou de très faible valeur probante. La thérapie par pression positive des voies respiratoires peut être envisagée pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque afin d'améliorer leur qualité de vie.
Les cardiopathies ischémiques, y compris l'insuffisance cardiaque, constituent la cause la plus fréquente de décès dans le monde, et l'incidence de cette maladie augmente rapidement. L'insuffisance cardiaque est caractérisée par des symptômes tels que la fatigue et l'essoufflement pendant une activité légère, ainsi que des troubles respiratoires pendant le sommeil. En particulier, les troubles respiratoires du sommeil (TRS), y compris l'apnée centrale du sommeil (ACS) et l'apnée obstructive du sommeil (AOS), sont très fréquents chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque chronique. Une méta-analyse précédente a démontré que le traitement par pression positive des voies aériennes augmentait considérablement la survie des personnes atteintes d'insuffisance cardiaque qui présentaient une ACS, et pouvait donc contribuer à améliorer le pronostic de ces personnes. Cependant, des essais récents ont révélé que la ventilation auto-asservie (VAA) présentait un risque plus élevé de mortalité toutes causes confondues et de mortalité cardiovasculaire. Une méta-analyse incluant des essais récents était donc nécessaire.
Évaluer les effets de la thérapie par pression positive des voies aériennes pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque qui souffrent d'apnée centrale du sommeil.
Nous avons effectué une recherche dans le registre central des essais contrôlés (CENTRAL) de la Cochrane Library, MEDLINE, Embase et Web of Science Core Collection le 7 février 2019, sans aucune restriction quant à la date, la langue ou le statut de publication. Nous avons également effectué une recherche dans deux registres d'essais cliniques en juillet 2019 et vérifié les listes de référence des études primaires.
Nous avons exclu les essais croisés et inclus les essais contrôlés randomisés reportés comme textes intégraux et résumés publiés et les données non publiées.
Deux auteurs de la revue ont extrait indépendamment les données sur les résultats des études incluses. Nous avons revérifié que les données avaient été saisies correctement en comparant les données présentées dans la revue systématique avec les rapports d'étude. Nous avons analysé les variables qualitatives binaires sous forme de rapports de risque (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % et les variables quantitatives continues sous forme de différence moyenne (DM) ou de différence moyenne standardisée (DMS) avec des IC à 95 %. De plus, nous avons effectué une analyse en sous-groupe dans le groupe VAA ou le groupe PPC séparément. Nous avons utilisé le logiciel GRADEpro GDT pour évaluer la valeur probante des données en ce qui concerne les études qui fournissent des données aux méta-analyses pour les critères de jugement préétablis.
Nous avons inclus 16 essais contrôlés randomisés impliquant un total de 2125 participants. Les essais ont évalué la thérapie par pression positive des voies respiratoires consistant en une VAA ou une PPC pendant 1 à 31 mois. De nombreux essais ont inclus des participants souffrant d'insuffisance cardiaque avec une fraction d'éjection réduite. Seul un seul essai a inclus des participants souffrant d'insuffisance cardiaque avec une fraction d'éjection préservée.
Nous sommes incertains des effets du traitement par pression positive des voies respiratoires sur la mortalité toutes causes confondues (RR 0,81, IC à 95 % 0,54 à 1,21 ; participants = 1804 ; études = 6 ; I2 = 47 % ; données de très faible valeur probante). Nous avons trouvé des données de valeur probante modérée de l'absence de différence entre le traitement par pression positive des voies respiratoires et les soins habituels sur la mortalité liée au cœur (RR 0,97, IC à 95 % 0,77 à 1,24 ; participants = 1 775 ; études = 5 ; I2 = 11 %). Nous avons trouvé des preuves de faible valeur probante d'absence de différence entre le traitement par pression positive des voies respiratoires et les soins habituels en ce qui concerne la réhospitalisation toutes causes confondues (RR 0,95, IC à 95 % 0,70 à 1,30 ; participants = 1 533 ; études = 5 ; I2= 40 %) et la réhospitalisation liée au cœur (RR 0,97, IC à 95 % 0,70 à 1,35 ; participants = 1 533 ; études = 5 ; I2 = 40 %). En revanche, le traitement par pression positive des voies respiratoires a montré une certaine indication d'une amélioration des scores de qualité de vie évalués par toutes les mesures (DMS -0,32, 95 % IC -0,67 à 0,04 ; participants = 1617 ; études = 6 ; I2 = 76 % ; preuves de faible valeur probante) et par le Minnesota Living with Heart Failure Questionnaire (DM -0,51, 95 % IC -0,78 à -0,24 ; participants = 1458 ; études = 4 ; I2 = 0 % ; preuves de faible valeur probante) par rapport aux soins habituels. Des décès dus à une pneumonie (N = 1, 3 % du groupe d’intervention) ; arrêts cardiaques (N = 18, 3 % du groupe d’intervention) ; transplantations cardiaques (N = 8, 1 % du groupe d’intervention) ; aggravations de l’insuffisance cardiaque (N = 3, 9 % du groupe d’intervention) ; thrombose veineuse profonde/embolie pulmonaire (N = 1, 3 % du groupe d’intervention) ; et ulcères du pied (N = 1, 3 % du groupe d’intervention) sont survenus dans le groupe traité par pression positive des voies respiratoires, tandis qu'un arrêt cardiaque (N = 16, 2 % du groupe recevant les soins habituels), une transplantation cardiaque (N = 12, 2 % du groupe recevant les soins habituels), une aggravation cardiaque (N = 5, 14 % du groupe recevant les soins habituels) et un ulcère duodénal (N = 1, 3 % du groupe recevant les soins habituels) sont survenus dans le groupe recevant les soins habituels dans trois essais.
Post-édition effectuée par Mamadou Lamarana Diallo et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr