Contexte
La vitamine D est un nutriment essentiel qui joue un rôle majeur dans la santé du squelette. La carence en vitamine D a également été reliée à des critères de jugement en matière de santé non squelettiques tels que la croissance. Le retard de croissance et le un rythme de croissance faible des enfants de moins de cinq ans restent un défi mondial majeur. Les études antérieures ont montré que le taux de vitamine D dans le sang est associé à un retard de croissance et à un rythme de croissance faible. Nous avons examiné les données probantes concernant les suppléments de vitamine D et leurs effets potentiels sur la croissance linéaire. Nous avons également exploré d'autres critères de jugement liés au niveau de vitamine D, y compris les effets indésirables.
Caractéristiques des études
Nous avons inclus 187 rapports représentant 75 études (12 122 participants), menées le plus souvent en Inde, aux États-Unis et au Canada, auprès d'enfants de moins de cinq ans. En outre, 33 études ont été classées comme étant actuellement en cours et 21 comme « en attente de classification » car elles ne fournissaient pas suffisamment d'informations pour être classées comme incluses, en cours ou exclues. Les comparaisons comprenaient une supplémentation orale en vitamine D par rapport à un placebo (pilule factice) ou l’absence d’intervention ; une dose plus élevée de vitamine D par rapport à une dose plus faible de vitamine D ; de la vitamine D combinée avec des micronutriments (vitamines ou minéraux ou les deux) par rapport aux mêmes micronutriments seuls ; et une dose plus élevée de vitamine D combinée avec des micronutriments (vitamines ou minéraux ou les deux) par rapport à une dose plus faible de vitamine D combinée avec les mêmes micronutriments. Deux études ont déclaré un financement à but lucratif, deux ont été classées dans la catégorie des financements mixtes (à but non lucratif et lucratif), cinq ont indiqué qu'elles n'avaient pas reçu de financement, 26 n'ont pas divulgué de sources de financement et les autres études ont été soutenues par un financement à but non lucratif.
Principaux résultats
La supplémentation en vitamine D par rapport au placebo ou à l'absence d'intervention entraîne probablement peu ou pas de différence dans le développement de l'hypercalciurie, améliore probablement la longueur ou la taille par rapport à l'âge de l'enfant, n'entraîne probablement que peu ou pas de différence dans le retard de croissance, et pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans la longueur ou la taille de l'enfant. Il n'est pas certain que la vitamine D, par rapport au placebo ou à l'absence d'intervention, ait un impact sur le développement de l'hypercalcémie.
Une supplémentation avec une dose plus élevée de vitamine D par rapport à une dose plus faible de vitamine D pourrait ne faire que peu ou pas de différence de longueur ou de taille par rapport à l'âge de l'enfant et au développement d'une hypercalciurie, ou hypercalcémie ; et nous sommes incertains des effets d'une dose plus élevée de vitamine D sur la croissance linéaire.
Une supplémentation avec une dose plus élevée de vitamine D et de micronutriments (vitamines ou minéraux, ou les deux) par rapport à une dose plus faible de vitamine D et les mêmes micronutriments pourrait faire peu ou pas de différence dans la croissance linéaire des enfants de moins de cinq ans et dans le développement de l'hypercalcémie, et pourrait faire peu ou pas de différence dans le développement de l'hypercalciurie.
Conclusions
Les données probantes actuelles suggèrent que la vitamine D pourrait améliorer légèrement le z-score longueur/taille pour l’âge par rapport au placebo ; cependant, en raison de la qualité des données probantes, nous sommes incertains quant aux véritables effets de la vitamine D sur la croissance linéaire ou les effets indésirables chez les enfants de moins de cinq ans par rapport au placebo, à l'absence d'intervention ou à des doses plus faibles de vitamine D, avec ou sans micronutriments.
Les données probantes suggèrent que la supplémentation orale en vitamine D pourrait entraîner une différence minime, voire nulle, en termes de croissance linéaire, de retard de croissance, d'hypercalciurie ou d'hypercalcémie, par rapport à un placebo ou à l'absence d'intervention, mais pourrait entraîner une légère augmentation du z-score longueur/taille pour l’âge (L/TAZ). En outre, les données probantes suggèrent que, par rapport à des doses plus faibles de vitamine D, avec ou sans micronutriments, la supplémentation en vitamine D pourrait entraîner peu ou pas de différence en termes de croissance linéaire, de L/TAZ, de retard de croissance, d'hypercalciurie ou d'hypercalcémie. La petite taille des échantillons, l'hétérogénéité substantielle en termes de population et de paramètres d'intervention, et le risque élevé de biais dans nombre des études incluses limitent notre capacité à confirmer avec certitude les effets de la vitamine D sur nos critères de jugement. Des études de plus grande envergure, bien conçues et de longue durée (plusieurs mois à plusieurs années) sont recommandées pour confirmer si une supplémentation orale en vitamine D pourrait ou non avoir un impact sur la croissance linéaire des enfants de moins de cinq ans, tant chez les personnes en bonne santé que chez celles souffrant de maladies infectieuses ou non transmissibles sous-jacentes.
La vitamine D est une hormone sécostéroïde qui joue un rôle important dans l'homéostasie du calcium pour maintenir la santé du squelette. Le ralentissement de la croissance linéaire et le retard de croissance restent des indicateurs répandus du mauvais état nutritionnel des nourrissons et des enfants de moins de cinq ans dans le monde entier, et le faible taux de vitamine D a été relié à un rythme de croissance faible. Cependant, les données probantes existantes sur les effets de la supplémentation en vitamine D sur la croissance linéaire et d'autres critère de jugement en matière de santé chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans n'ont pas été systématiquement examinées.
Évaluer les effets de la supplémentation orale en vitamine D sur la croissance linéaire et d'autres critères de jugement liés à la santé chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans.
En décembre 2019, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, PubMed, Embase, 14 autres bases de données électroniques et deux registres d’essais cliniques. Nous avons également consulté les références bibliographiques des publications pertinentes pour tout essai pertinent, et nous avons contacté les principaux organismes et auteurs pour obtenir des informations sur les essais pertinents en cours et non publiés.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des quasi-ECR évaluant les effets de la supplémentation orale en vitamine D, avec ou sans autres micronutriments, par rapport à l'absence d'intervention, au placebo, à une dose plus faible de vitamine D ou aux mêmes micronutriments seuls (et non ajoutés à la vitamine D) chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans vivant dans tout pays.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard de Cochrane.
Sur les 75 études (187 rapports ; 12 122 participants) incluses dans l'analyse qualitative, 64 études (169 rapports ; 10 854 participants) ont fourni des données sur nos critères de jugement d'intérêt pour la méta-analyse. La majorité des études incluses ont été menées en Inde, aux États-Unis et au Canada. Deux études ont rapporté un financement à but lucratif, deux ont été classées comme recevant un financement mixte (à but lucratif et non lucratif), cinq ont indiqué qu'elles ne recevaient pas de financement, 26 n'ont pas divulgué de sources de financement et les autres études ont été financées par un financement à but non lucratif. Le niveau de confiance des données probantes varie entre élevé et très faible sur l'ensemble des critères de jugement (tous mesurés à la fin des études) pour chaque comparaison.
Supplémentation en vitamine D par rapport au placebo ou à l’absence d'intervention (31 études)
Par rapport au placebo ou à l'absence d'intervention, la supplémentation en vitamine D (à des doses de 200 à 2 000 UI par jour ; ou jusqu'à 300 000 UI en bolus au moment du recrutement) pourrait ne faire que peu ou pas de différence en termes de croissance linéaire (longueur/taille mesurée en cm) chez les enfants de moins de cinq ans (différence moyenne (DM) 0,66, intervalle de confiance (IC) à 95 % -0,37 à 1.68 ; 3 études, 240 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; améliore probablement le z-score longueur/taille pour l’âge (L/TAZ) (DM 0,11, IC à 95 % 0,001 à 0,22 ; 1 étude, 1258 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; et ne fait probablement que peu ou pas de différence sur le retard de croissance (risque relatif (RR) 0,90, IC à 95 % 0,80 à 1,01 ; 1 étude, 1247 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).
En termes d'effets indésirables, la supplémentation en vitamine D fait probablement peu ou pas de différence dans le développement d'une hypercalciurie par rapport au placebo (RR 2,03, IC à 95 % 0,28 à 14,67 ; 2 études, 68 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Il n'est pas certain que la supplémentation en vitamine D ait un impact sur le développement de l'hypercalcémie car le niveau de confiance des données probantes était très faible (RR 0,82, IC à 95 % 0,35 à 1,90 ; 2 études, 367 participants).
Supplémentation en vitamine D (dose plus élevée) par rapport à la vitamine D (dose plus faible) (34 études)
Par rapport à une dose plus faible de vitamine D (100 à 1000 UI par jour ; ou jusqu'à 300 000 UI en bolus au recrutement), une supplémentation en vitamine D à dose plus élevée (200 à 6000 UI par jour ; ou jusqu'à 600 000 UI en bolus au recrutement) pourrait n'avoir que peu ou pas d'effet sur la croissance linéaire, mais nous sommes incertains de ce résultat (DM 1.00, IC à 95 % -2,22 à 0,21 ; 5 études, 283 participants), et il se pourrait qu'elle n'ait que peu ou pas d'effet sur la L/TAZ (DM 0,40, IC à 95 % -0,06 à 0,86 ; 2 études, 105 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous n’avons pas trouvé d’études évaluant le retard de croissance.
En ce qui concerne les effets indésirables, une supplémentation en vitamine D à dose élevée pourrait ne faire que peu ou pas de différence dans le développement de l'hypercalciurie (RR 1,16, IC à 95 % 1,00 à 1,35 ; 6 études, 554 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ou de l'hypercalcémie (RR 1,39, IC à 95 % 0,89 à 2,18 ; 5 études, 986 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) par rapport à une supplémentation en vitamine D à dose plus faible.
Supplémentation en vitamine D (dose plus élevée) + micronutriment(s) par rapport à la vitamine D (dose plus faible) + micronutriment(s) (9 études)
Une supplémentation avec une dose plus élevée de vitamine D (400 à 2000 UI par jour, ou jusqu'à 300 000 UI en bolus lors de l'inscription) plus des micronutriments, comparée à une dose plus faible (200 à 2000 UI par jour, ou jusqu'à 90 000 UI en bolus lors de l'inscription) de vitamine D avec les mêmes micronutriments, pourrait faire peu ou pas de différence dans la croissance linéaire (DM 0,60, IC à 95 % -3,33 à 4,53 ; 1 étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous n’avons pas trouvé d’études évaluant la L/TAZ ou le retard de croissance.
En termes d'événements indésirables, une supplémentation en vitamine D à dose plus élevée avec des micronutriments, comparée à une dose plus faible de vitamine D avec les mêmes micronutriments, pourrait ne faire que peu ou pas de différence dans le développement de l'hypercalciurie (RR 1,00, IC à 95 % 0,06 à 15,48 ; 1 étude, 86 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et ne fait probablement que peu ou pas de différence dans le développement de l'hypercalcémie (RR 1,00, IC à 95 % 0,90, 1,11 ; 2 études, 126 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).
Quatre études ont mesuré l'hyperphosphatémie et trois études ont mesuré les calculs rénaux, mais elles n'ont pas rapporté de cas et n'ont donc pas été incluses dans la comparaison pour ces critères de jugement.
Post-édition effectuée par Fanny Lebigre et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr