Pourquoi est-il important d'améliorer le diagnostic du glaucome primaire à angle fermé ?
Les glaucomes sont des maladies oculaires qui endommagent le nerf optique qui se trouve à l’arrière de l'œil. S'il n'est pas traité, le glaucome peut entraîner la cécité. Le glaucome primaire à angle fermé est un type de glaucome dans lequel la voie de drainage du liquide à l'intérieur de l'œil (appelée angle de drainage) est rétrécie ou bloquée, ce qui entraîne une augmentation de la pression oculaire et une perte du champ de vision. Le glaucome primaire à angle fermé représente 25 % de tous les cas de glaucome dans le monde et il est plus susceptible d'entraîner une perte de vision que la forme la plus courante, le glaucome primaire à angle ouvert.
Plusieurs tests non invasifs sont disponibles pour identifier les personnes à risque de développer un glaucome primaire à angle fermé dans un cadre de soins communautaires ou de soins cliniques non spécialisés. Les personnes dont le test est positif sont orientées vers des examens spécialisés plus poussés et un éventuel traitement. La non-détection de cette affection (résultat faussement négatif) peut entraîner un risque accru de lésions progressives du nerf optique et de cécité. Une erreur de diagnostic (un résultat faussement positif) pourrait entraîner des investigations inutiles et coûteuses.
Quel est l’objectif de cette revue ?
L'objectif de cette revue était de de déterminer la précision des tests de dépistage non invasifs pour identifier les personnes à risque de développer un glaucome primaire à angle fermé.
Qu’étudie cette revue ?
Cinq tests non invasifs ont été étudiés. Il s’agissait soit de tests simples nécessitant une lampe stylo ou un équipement clinique largement répandu, le microscope à lampe à fente (éclairage oblique, profondeur de la chambre antérieure limbique (LACD)), soit d'équipements d'imagerie plus sophistiqués (tomographie par cohérence optique (OCT) du segment antérieur), photographie de Scheimpflug et mesure de profondeur de la chambre antérieure périphérique par balayage (SPAC)) qui peuvent scanner et mesurer les dimensions de l'angle de drainage.
Quels ont été les principaux résultats de cette revue ?
Cette revue inclut 47 études pertinentes, portant sur un total de 26 151 participants. Vingt-sept études ont évalué l’OCT du segment antérieur, 17 études ont évalué le test LACD, neuf études, la photographie de Scheimpflug, six études, le test SPAC et cinq études ont évalué le test de l’éclairage oblique.
La performance diagnostique globale du test LACD était similaire à celle des technologies d'imagerie plus avancées, à savoir l’OCT du segment antérieur, la photographie de Scheimpflug et le test SPAC, tandis que le test de l’éclairage oblique a montré une performance inférieure. En prenant l'exemple du test LACD, si ce test était effectué sur 1000 personnes, dont 100 à risque de développer un glaucome primaire à angle fermé, nous estimons que 83 cas seraient correctement identifiés et que 17 cas ne seraient pas décelés (résultats faussement négatifs). Le test identifierait correctement 792 des 900 personnes ne présentant pas de risque de glaucome primaire à angle fermé et en classerait incorrectement 108 (12 %), qui seraient inutilement orientées vers un spécialiste (résultats faussement positifs).
Dans quelle mesure les résultats des études incluses dans cette revue sont-ils fiables ?
La plupart des études étaient de faible qualité en raison du mode de recrutement des participants ou de la façon dont les tests étaient effectués. Cela a pu conduire à ce que les tests semblent plus précis que ce qu’ils n’étaient réellement. Nous ne pouvons donc pas être sûrs que les tests produiront toujours les résultats observés.
Quelles sont les implications de cette revue ?
Les études incluses dans cette revue ont été réalisées pour la plupart en Asie, où le glaucome primaire à angle fermé est le plus répandu. Les résultats ont montré que la mesure de la profondeur de la chambre antérieure, qui est un test simple et rapide pouvant être réalisé avec un minimum de formation, peut identifier les personnes à risque de glaucome primaire à angle fermé, ce qui permet un traitement précoce et adapté. Bien que ce test puisse potentiellement passer à côté d'environ une personne sur six présentant un risque de développer la maladie et conduire à la prise en charge inutile de 12 % d’entre elles, il pourrait être utile pour un dépistage ciblé dans les régions où la prévalence de la maladie est élevée.
Cette revue est-elle à jour ?
Les données de cette revue sont à jour au 3 octobre 2019.
Le fait que la mesure de la profondeur de la chambre antérieure limbique ait donné d'aussi bons résultats que les tests diagnostiques qui utilisent des technologies d'imagerie sophistiquées, confirme le potentiel de ce test pour la détection des cas d'angle occlusif dans les populations à risque élevé. Toutefois, en raison des problèmes méthodologiques entre les études, il se peut que nos estimations de la précision des tests soient plus élevées que ce à quoi on pourra s’attendre dans la pratique clinique. Des études de haute qualité sont encore nécessaires pour évaluer la performance des tests non invasifs pour l'évaluation de la fermeture de l'angle dans le cadre de soins de santé communautaires et de soins de santé secondaires.
Le glaucome primitif par fermeture de l'angle (GPFA) est responsable de 50 % de la cécité due au glaucome dans le monde. Plus des trois quarts des personnes atteintes de GPFA résident en Asie. Dans ces populations, le GPFA se développe souvent de manière insidieuse, entraînant une augmentation chronique de la pression intraoculaire et des lésions du nerf optique qui sont souvent asymptomatiques. Les tests sans contact permettant d'identifier les personnes présentant un risque de fermeture de l'angle sont relativement rapides et peuvent être effectués aux fins de dépistage par des professionnels de santé ou des techniciens ayant reçu une formation appropriée. Si le test est positif, la personne sera orientée vers une évaluation spécialisée plus poussée.
Déterminer la précision diagnostique des tests sans contact (profondeur de la chambre antérieure limbique (LACD) (signe de van Herick) ; éclairage oblique ; mesure de profondeur de la chambre antérieure périphérique par balayage (SPAC), photographie de Scheimpflug ; tomographie par cohérence optique du segment antérieur (AS-OCT), pour identifier les personnes présentant un angle occlusif.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données bibliographiques suivantes le 3 octobre 2019 : CENTRAL ; MEDLINE ; Embase ; BIOSIS ; OpenGrey ; ARIF et les registres d'essais cliniques. Les recherches n’ont pas pris en compte les études de cas. Les recherches ne comportaient aucune restriction sur la date ou la langue.
Nous avons inclus les études prospectives et rétrospectives transversales, de cohorte et de cas-témoins, menées dans n'importe quel contexte, qui ont évalué la précision d'un ou de plusieurs tests de dépistage pour identifier les personnes présentant un angle occlusif par rapport à une norme de référence gonioscopique.
Deux auteurs ont indépendamment effectué l'extraction des données et l'évaluation de la qualité en utilisant l’échelle QUADAS-2 pour chaque étude. Pour chaque test, des tableaux 2 x 2 ont été créés et la sensibilité et la spécificité ont été calculées. Lorsque quatre études ou plus ont fourni des données à des seuils fixés pour chaque test, nous avons ajusté un modèle bivarié à l'aide de la fonction METANDI de STATA afin de calculer des estimations ponctuelles groupées pour la sensibilité et la spécificité. Pour les comparaisons entre les tests à l’étude et les sous-groupes, nous avons effectué un test de rapport de vraisemblance comparant le modèle avec et sans la covariable.
Nous avons inclus 47 études portant sur 26 151 participants et analysant les données de 23 440 participants. La plupart des études ont été menées en Asie (36, 76,6 %). Vingt-sept études ont évalué l'AS-OCT (analyses portant sur 15 580 participants), 17 études le test LACD (7385 participants), neuf études la photographie Scheimpflug (1616 participants), six études le test SPAC (5239 participants) et cinq études ont évalué l’éclairage oblique (998 participants). En ce qui concerne la qualité des études, on a jugé que 36 des études incluses (76,6 %) présentaient un risque élevé de biais dans au moins un domaine. L'utilisation d’un plan d’étude cas-témoin (13 études) ou les exclusions inappropriées (6 études) ont posé des problèmes de sélection des patients dans 40,4 % des études. Dans 59,6 % des études, des problèmes en matière de tests à l’étude étaient attribuables à l'absence de masquage ou à la détermination post-hoc des seuils optimaux. Parmi les études qui n'ont pas utilisé un plan d’étude cas-témoin, 16 (20 599 participants) ont été menées dans le cadre de la médecine générale/de soins de santé communautaires et 18 (2 590 participants) dans le cadre de soins secondaires, dont 15 ont examiné le test LACD.
On a procédé au calcul d’estimations globales pour les paramètres et les seuils couramment cités pour chaque test : LACD ≤ 25 % (16 études, 7540 yeux) : sensibilité 0,83 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,74 à 0,90), spécificité 0,88 (IC à 95 % 0,84 à 0,92) (niveau de confiance modéré) ; éclairage oblique (grade1) (5 études, 1188 yeux) : sensibilité 0,51 (IC à 95 % 0,25 à 0,76), spécificité 0,92 (IC à 95 % 0,70 à 0,98) (niveau de confiance faible) ; SPAC (≤ 5 et/ou S ou P) (4 études, 4677 yeux) : sensibilité 0,83 (IC à 95 % 0,70 à 0,91), spécificité 0,78 (IC à 95 % 0,70 à 0,83) (niveau de confiance modéré) ; photographie de Scheimpflug (ACD central) (9 études, 1698 yeux) : sensibilité 0,92 (IC à 95 % 0,84 à 0,96), spécificité 0,86 (IC à 95 % 0,76 à 0,93) (niveau de confiance modéré) ; AS-OCT (opinion subjective sur l’occlusion de l’angle) (13 études, 9242 yeux) : sensibilité 0,85 (IC à 95 % 0,76 à 0,91) ; spécificité 0,71 (IC à 95 % 0,62 à 0,78) (niveau de confiance modéré).
Pour les comparaisons de sensibilité et de spécificité entre les tests à l’étude, nous avons utilisé le test LACD (≤ 25%) comme référence. Le test d’éclairage oblique (seuil de grade 1) a montré une sensibilité statistiquement significativement inférieure à celle du test LACD (≤ 25 %), tandis que le test AS-OCT (jugement subjectif) avait une spécificité statistiquement significativement inférieure. On a pas observé de différence statistiquement significative entre les groupes pour les autres comparaisons de tests à l’étude. Une analyse par sous-groupes a été réalisée pour le test LACD (≤ 25%), comparant l’utilisation de ce dernier dans le cadre de soins de santé communautaires (7 études, 14,4% de prévalence) et de soins secondaires (7 études, 42% de prévalence). Nous n'avons pas trouvé de données probantes montrant une différence statistiquement significative dans les résultats des tests en fonction du cadre.
Si le test LACD était administré à 1 000 personnes présentant un risque de fermeture de l'angle avec une prévalence d'angles occlusifs de 10 %, le test LACD manquerait environ 17 cas sur les 100 présentant un angle occlusif et classerait de manière incorrecte 108 cas sur 900 sans fermeture d’angle.
Translation notes CD012947.pub2