Problématique de la revue
Nous avons examiné les données probantes de l'effet de la dérivation gastrique de Roux-en-Y par rapport à la gastroduodénostomie (Billroth I) après une chirurgie pour un cancer gastrique. Nous avons trouvé huit études.
Contexte
Le cancer gastrique (de l'estomac) est l'un des cancers les plus répandus dans le monde. Récemment, les taux de détection précoce du cancer de l'estomac et les techniques de traitement se sont améliorés. Par conséquent, les gens peuvent survivre plus longtemps après une opération, et l'importance de la qualité de vie après une opération a été discutée. La Billroth-I et la dérivation gastrique de Roux-en-Y sont deux options pour la reconstruction de la continuité du système gastro-intestinal après une gastrectomie distale (ablation de la partie inférieure de l'estomac).
Cependant, il n'existe pas de normes sur le choix de la procédure de reconstruction ; les recommandations ne préconisent pas quelle procédure doit être prioritaire. Il était donc important d’effectuer une revue des données probantes disponibles pour aider à la prise de décision des personnes subissant une intervention chirurgicale, des chirurgiens, des médecins, du personnel médical et des décideurs.
Caractéristiques des études
Les données probantes sont actuelles jusqu'au 4 mai 2021.
Nous avons identifié huit essais incluant 942 participants atteints de cancer gastrique et ayant subi une gastrectomie distale. Les études ont été menées dans quatre pays. Une étude a porté à la fois sur des patients atteints de cancer et sur des patients souffrant d'autres maladies (comme des ulcères d'estomac). Deux études ont comparé la dérivation gastrique de Roux-en-Y, la gastroduodénostomie (Billroth I) et la gastrojéjunostomie (Billroth II), tandis que les autres études ont comparé directement la dérivation gastrique de Roux-en-Y et la gastroduodénostomie (Billroth I). Quant aux approches chirurgicales, la chirurgie ouverte ou laparoscopique (à travers une petite ouverture), ou les deux, ont été utilisées dans toutes les études ; la chirurgie robotique n'a pas été utilisée. Six échelles différentes ont été utilisées pour mesurer la qualité de vie.
Principaux résultats
Les données probantes suggèrent que la dérivation gastrique de Roux-en-Y pourrait entraîner peu ou pas de différence dans la qualité de vie 12 mois après la chirurgie. Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec prudence car les investigateurs de l'étude ont mesuré la qualité de vie de différentes manières. Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet des interventions sur les fuites à travers la connexion reconstruite (fuites anastomotiques).
La Billroth-I pourrait entraîner peu ou pas de différence dans la perte de poids corporel, augmente probablement le reflux biliaire dans l'estomac restant et pourrait réduire les complications globales après la chirurgie par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y. Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet des procédures sur la durée du séjour hospitalier.
Niveau de confiance des données probantes
Le niveau de confiance des données probantes concernant la qualité de vie était faible en raison des limites de la conception et de la réalisation des études, et car il n'y a pas suffisamment d'études pour être certain des résultats pour ce critère de jugement. Le niveau de confiance des données probantes pour les autres critères de jugement allait de très faible à modéré. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner les effets des méthodes de reconstruction sur une période plus longue.
Les données probantes suggèrent qu'il y a peu ou pas de différence entre la dérivation gastrique de Roux-en-Y et la gastroduodénostomie (Billroth I) pour le critère de jugement de la qualité de vie liée à la santé. Les données probantes de l'effet de la dérivation gastrique de Roux-en-Y par rapport à la Billroth-I sur l'incidence des fuites anastomotiques sont très incertaines car l'incidence de ce critère de jugement était faible. Bien que le niveau de confiance des données probantes soit faible, nous avons trouvé quelques différences peut-être cliniquement significatives entre la dérivation gastrique de Roux-en-Y et la Billroth-I pour les critères de jugement à court terme. La dérivation gastrique de Roux-en-Y réduit probablement l'incidence du reflux biliaire dans l'estomac résiduel par rapport à la Billroth-I. La Billroth-I pourrait réduire la durée de l'hospitalisation postopératoire par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y, mais les données probantes sont très incertaines. La Billroth-I pourrait réduire la morbidité globale postopératoire par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y. Les futurs essais devraient inclure un suivi à long terme de la qualité de vie liée à la santé et de la perte de poids corporel.
Le cancer gastrique est le cinquième cancer le plus fréquemment diagnostiqué dans le monde. Grâce à l'amélioration des taux de détection précoce du cancer de l'estomac et aux progrès technologiques des traitements, une amélioration significative des taux de survie a été obtenue chez les personnes atteintes d'un cancer qui subissent une gastrectomie. Par la suite, l'accent a été mis de plus en plus sur le syndrome post-gastrectomie (par exemple, sensation de plénitude, retard de vidange et sueurs froides, entre autres) et sur la qualité de vie post-chirurgie. Cependant, il n'est pas certain que les types de reconstruction donnent de meilleurs résultats après l'intervention chirurgicale.
Évaluer les données probantes concernant la qualité de vie liée à la santé et la tolérance de la dérivation gastrique de Roux-en-Y et de la gastroduodénostomie (Billroth-I) après une gastrectomie distale pour les personnes atteintes d'un cancer gastrique.
Nous avons effectué des recherches dans la Cochrane Library et le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et Embase le 4 mai 2021. Nous avons vérifié les références bibliographiques des études incluses et avons contacté les fabricants et les professionnels du domaine. Nous n’avons pas appliqué de restriction sur la langue.
Essais contrôlés randomisés (ECR) attribuant aux participants une dérivation gastrique de Roux-en-Y ou une gastroduodénostomie (Billroth-I) après une gastrectomie distale dans le cancer gastrique.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les études identifiées par la recherche pour en vérifier l'éligibilité et ont extrait les données. Les critères de jugement principaux étaient la qualité de vie liée à la santé après l'opération et l'incidence des fuites anastomotiques. Les critères de jugement secondaires comprenaient la perte de poids corporel, l'incidence du reflux biliaire, la durée de l'hospitalisation et la morbidité globale. Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires pour réaliser les méta-analyses. Nous avons évalué le risque de biais des études incluses conformément au Manuel Cochrane pour les revues systématiques des interventions en santé, et le niveau de confiance des données probantes en utilisant l'approche GRADE.
Nous avons inclus huit ECR (942 participants) dans la revue. Une étude a porté à la fois sur des patients atteints de cancer et sur des patients souffrant de maladies bénignes telles que des ulcères d'estomac. Deux études ont comparé la dérivation gastrique de Roux-en-Y, la gastroduodénostomie (Billroth I) et la gastrojéjunostomie (Billroth II), tandis que les autres études ont comparé directement la dérivation gastrique de Roux-en-Y et la gastroduodénostomie (Billroth I).
Pour les critères de jugement principaux, les données probantes suggèrent qu'il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans la qualité de vie liée à la santé entre la dérivation de Roux-en-Y et la Billroth-I (différence moyenne standardisée 0,04, intervalle de confiance (IC) à 95 % -0,11 à 0,18 ; I² = 0 % ; 6 études ; 695 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison des limites de l'étude et de l'imprécision). Les données probantes de l'effet de la dérivation de Roux-en-Y par rapport à la Billroth-I sur l'incidence des fuites anastomotiques sont très incertaines (risque relatif (RR) 0,63, IC à 95 % 0,16 à 2,53 ; I² = 0 % ; 5 études ; 711 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). L'incidence des fuites anastomotiques était de 0,6 % et de 1,4 % dans les groupes dérivation gastrique de Roux-en-Y et Billroth-I, respectivement.
En ce qui concerne les critères de jugement secondaires, les données probantes suggèrent que la Billroth-I pourrait entraîner peu ou pas de différence dans la perte de poids corporel par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y (différence moyenne (DM) 0,41, IC à 95 % -0,77 à 1,59 ; I² = 0 % ; 4 études ; 541 participants ; preuve de faible données probantes d’un niveau de confiance faible). La dérivation gastrique de Roux-en-Y réduit probablement l'incidence du reflux biliaire par rapport à la Billroth-I (RR 0,40, IC à 95 % 0,25 à 0,63 ; I² = 22 % ; 4 études ; 399 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). La Billroth-I pourrait raccourcir la durée d'hospitalisation postopératoire, mais les données probantes pour ce critère de jugement sont très incertaines (DM 0.96, IC à 95 % 0.16 à 1.76 ; I² = 56 % ; 7 études ; 894 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). La Billroth-I pourrait réduire la morbidité globale postopératoire par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y (RR 1,47, IC à 95 % 1,02 à 2,11 ; I² = 0 % ; 7 études ; 891 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Post-édition effectuée par Melanie Kappel et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d’origine? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr