Contexte
Les conditions qui empêchent le cœur de pomper efficacement restent la principale cause de décès dans le monde. Une crise cardiaque est l'état le plus courant qui provoque une défaillance de la pompe cardiaque (appelée choc cardiogénique), mais d'autres causes existent comme les infections virales, les valvulopathies et les problèmes musculaires. Lorsque le muscle cardiaque a été endommagé à un point tel qu'il ne peut plus pomper efficacement, il faut améliorer son fonctionnement, sous peine d'endommager les organes et de provoquer la mort. Même avec les meilleurs traitements dont nous disposons actuellement, le risque de mourir est extrêmement élevé. Des dispositifs d'assistance mécanique qui peuvent aider le cœur à pomper plus efficacement ont été développés pour que le cœur puisse se remettre de l'agression.
Cependant, les données probantes de ces traitements sont rares et l'objectif de cette revue est d'évaluer si ces dispositifs aident effectivement plus de personnes à survivre. Nous avons évalué des essais contrôlés randomisés (études cliniques où les personnes sont placées au hasard dans l'un des deux groupes de traitement ou plus) où ces dispositifs ont été utilisés et nous avons comparé les résultats de ces personnes à ceux des personnes qui n'ont pas reçu de dispositif et qui ont reçu le meilleur traitement médical (avec des médicaments pour aider le cœur à pomper).
Résultats
Les données probantes sont à jour jusqu'au 25 novembre 2019.
Nous avons identifié cinq essais qui ont recruté 162 personnes en état de choc en raison de leur insuffisance cardiaque. Ces personnes ont été randomisées pour utiliser des dispositifs d'assistance mécanique avec les meilleures pratiques de gestion actuelles ou la meilleure gestion médicale actuelle seule (qui comprend des médicaments pour aider le cœur à pomper plus efficacement).
La qualité des données probantes était très faible, en raison des difficultés à prendre en compte les biais (on ne peut pas cacher le fait qu'une personne reçoit un dispositif d'assistance mécanique, la difficulté à recruter des participants, à obtenir le consentement lorsqu'une personne est très proche de la mort, et les variations dans les protocoles sur le calendrier des dispositifs et les types de dispositifs utilisés).
D'après les données, il y avait peu ou pas d'effet sur la survie à 30 jours si un dispositif était utilisé en même temps que la meilleure gestion médicale actuelle ou la meilleure gestion médicale actuelle seule. Cependant, nous ne sommes pas certains de ces résultats.
Les complications telles que la septicémie, les phénomènes thromboemboliques, les hémorragies et les événements cardiovasculaires majeurs n'étaient pas rares dans le groupe DAM (groupe ayant le dispositif d’assistance mécanique) et le groupe témoin dans l'ensemble des études, mais elles n'ont pas pu être regroupées en raison des incohérences dans les définitions et la déclaration des événements indésirables.
Actuellement, quatre essais sont en cours. Ils évaluent s'ils peuvent améliorer les résultats en sélectionnant les personnes les plus susceptibles de bénéficier d'un avantage.
Conclusions
En conclusion, cette revue n'a pas permis d'évaluer si les dispositifs d'assistance mécanique aident les personnes souffrant d'un choc cardiogénique dû à leur insuffisance cardiaque. Nous attendons les résultats des essais en cours, qui devraient permettre de déterminer si ces dispositifs aideront les personnes à survivre avec un rétablissement complet ou non.
Il n'y a pas de données probantes, dans cette revue, indiquant un bénéfice des dispositifs d'assistance mécanique dans l'amélioration de la survie des personnes atteintes de choc cardiogénique aigu. La poursuite de l'utilisation de la technologie, la stratification des risques et l'optimisation des protocoles d'utilisation ont été mises en évidence comme des raisons potentielles du manque d'avantages et sont abordées dans les essais cliniques en cours.
Le choc cardiogénique (CC) est un état d'hypoperfusion critique des organes terminaux dû à un trouble cardiaque primaire. Pour les personnes présentant un CC réfractaire malgré des vasopresseurs maximaux, un soutien inotrope et une pompe à ballon intra-aortique, la mortalité approche 100 %. Les dispositifs d'assistance mécanique fournissent une assistance circulatoire mécanique (ACM) qui a la capacité de maintenir la perfusion des organes vitaux, de décharger le ventricule défaillant et de réduire ainsi les pressions de remplissage intracardiaque, ce qui réduit la congestion pulmonaire, le stress de la paroi du myocarde et la consommation d'oxygène du myocarde. L'hypothèse a été émise pour laisser le temps au myocarde de se rétablir (pont vers la guérison) ou pour permettre de décider si la personne est candidate à un dispositif d'assistance ventriculaire (DAV) à long terme, soit comme pont vers une transplantation cardiaque, soit comme thérapie de destination avec un DAV à long terme.
Évaluer si les dispositifs d'assistance mécanique améliorent la survie des personnes souffrant d'un choc cardiogénique aigu.
En novembre 2019, nous avons effectué des recherches dans la collection de base de CENTRAL, MEDLINE (Ovid), Embase (Ovid) et Web of Science. En outre, nous avons effectué en Août 2019 des recherches dans trois registres d’essais. Nous avons scanné des références bibliographiques et contacté des experts dans le domaine pour obtenir des informations complémentaires. Aucune restriction de langue n’a été appliquée.
Essais contrôlés randomisés sur des personnes atteintes de CC aigus comparant les dispositifs d'assistance mécanique avec la meilleure gestion actuelle des soins intensifs, y compris la pompe à ballon intra-aortique et l'assistance inotrope.
Nous avons effectué la collecte et l'analyse des données en conformité avec le protocole publié.
Les critères de jugement primaires étaient la survie jusqu'à la sortie, 30 jours, 1 an et les critères de jugement secondaires comprenaient la qualité de vie, les événements cardiovasculaires majeurs (30 jours/fin de suivi), la dépendance à la dialyse (30 jours/fin de suivi), la durée du séjour à l'hôpital et la durée du séjour en unité de soins intensifs et les événements indésirables majeurs.
Nous avons utilisé les cinq considérations GRADE (limites de l'étude, cohérence de l'effet, imprécision, caractère indirect et biais de publication) pour évaluer la qualité d'un ensemble de données probantes en rapport avec les études qui fournissent des données aux méta-analyses pour les critères de jugement pré-spécifiés
Les statistiques regroupées pour les critères de jugement principaux étaient les risques relatifs (RR), les rapports de risque (HR) et les rapports de cotes (OR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95%.
La recherche a permis d'identifier cinq études parmi les 4534 citations originales examinées. Deux études ont porté sur des CC aigus de toutes causes, randomisées pour un traitement par DAV percutanée TandemHeart, et trois études ont porté sur des personnes souffrant de CC secondaires à un infarctus aigu du myocarde, randomisées pour un traitement par Impella CP ou la meilleure prise en charge médicale. La méta-analyse n'a été effectuée que pour évaluer la survie à 30 jours car les données étaient insuffisantes pour effectuer d'autres méta-analyses. Les résultats des cinq études menées auprès de 162 participants ont montré que les dispositifs d'assistance mécanique pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la survie à 30 jours (RR de 1,01 ; IC à 95 % : 0,76 à 1,35) mais les données probantes sont très incertaines.
Les complications telles que la septicémie, les phénomènes thromboemboliques, les hémorragies et les événements cardiovasculaires majeurs n'étaient pas rares dans le groupe DAM (groupe ayant le dispositif d’assistance mécanique) et le groupe témoin dans l'ensemble des études, mais elles n'ont pas pu être regroupées en raison des incohérences dans les définitions et la déclaration des événements indésirables.
Nous avons identifié quatre essais de contrôle randomisés évaluant les dispositifs d'assistance mécanique dans les CC aigus qui sont actuellement en cours.
Post-édition effectuée par Mamadou Lamarana Diallo et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr