Quel est l’objectif de cette revue ?
L'objectif de cette revue Cochrane était de déterminer si l'administration du médicament ivermectine à des communautés entières pouvait réduire la transmission du paludisme. Nous avons examiné toutes les études pertinentes pour répondre à cette question, et avons trouvé une étude.
Principaux messages
Il n'est pas possible de dire à ce stade si le traitement d'une communauté entière avec l'ivermectine réduit le paludisme. Plusieurs études de recherche sont en cours; nous pensons qu'elles apporteront plus de réponses à l'avenir.
Qu'étudie cette revue ?
Le paludisme est une maladie transmise aux humains par la piqûre de moustiques infectés par des parasites Plasmodium. Il entraîne près d'un demi-million de décès chaque année. L'ivermectine est un médicament qui est administré à des communautés entières pour contrôler les parasites responsables de l'éléphantiasis et de la cécité des rivières. Il a été observé que l'ivermectine peut tuer les moustiques lorsqu'ils se nourrissent du sang de personnes ayant pris ce médicament. On pense donc qu'en donnant ce médicament à des communautés entières, il tuera de nombreux moustiques et pourra réduire la transmission du paludisme.
Dans cette revue, nous avons évalué si le traitement de communautés entières avec l'ivermectine réduirait la transmission du paludisme. Nous avons recherché des études provenant de différentes sources, et n'avons inclus que les études ayant été conduites dans des communautés où sévit le paludisme, et ayant assigné aléatoirement des groupes de personnes à l'ivermectine ou à un contrôle, qui pouvait être un placebo ou des traitements médicamenteux communautaires standard. Nous voulions savoir si le traitement a influencé l’apparition du paludisme dans la communauté.
Quels sont les principaux résultats de cette revue ?
Une étude remplissait les critères d'inclusion. Cette étude a inclus huit villages du Burkina Faso, qui ont été assignés aléatoirement à l'ivermectine ou à un contrôle. Tous les villages ont reçu de l'ivermectine, dans le cadre de la lutte programmée contre la filariose lymphatique. En outre, les villages traités ont reçu cinq doses supplémentaires d'ivermectine, une fois toutes les trois semaines. L'effet de l'ivermectine sur le paludisme a été évalué chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Chez ces enfants, le traitement n'a pas montré de différences notables en ce qui concerne la présence du paludisme entre les groupes traité et témoin (données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Il n'est donc pas possible de dire, à ce stade, si le traitement de communautés entières avec l'ivermectine a un effet sur la diminution du paludisme. Plusieurs études sont actuellement en cours; nous pensons qu'elles apporteront plus de réponses à l'avenir.
Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?
Nous avons recherché les études publiées jusqu'au 14 janvier 2021.
Nous ne sommes pas certains que l'administration communautaire d'ivermectine ait un effet sur la transmission du paludisme, sur la base d'un essai publié à ce jour.
Le paludisme est transmis par la piqûre de moustiques femelles adultes Anopheles infectés par le Plasmodium. L'ivermectine, un médicament antiparasitaire, agit en tuant les moustiques qui sont exposés au médicament, lorsqu'ils se nourrissent du sang de personnes (repas de sang) qui ont ingéré le médicament. Cet effet sur les moustiques a été démontré à l’aide d’essais randomisés individuels. Cet effet a suscité l’intérêt pour l’utilisation de l'ivermectine comme outil de contrôle du paludisme.
Évaluer l'effet de l'administration communautaire d'ivermectine sur la transmission du paludisme.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses, CENTRAL, MEDLINE, Embase, LILACS, Science Citation index - expanded, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ClinicalTrials.gov et la base de données RePORTER des National Institutes of Health (NIH), jusqu'au 14 janvier 2021.
Nous avons vérifié les références bibliographiques des études incluses, à la recherche d'autres études potentiellement pertinentes, et avons contacté des chercheurs travaillant dans le domaine pour trouver des essais non publiés et en cours.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) en grappes qui avaient comparé l'ivermectine, à dose unique ou multiple, avec un traitement témoin ou un placebo administré à des populations vivant dans des zones d'endémie palustre, dans le contexte d'une administration massive du médicament. Les critères de jugement principaux étaient la prévalence de l'infection liée au parasite du paludisme et l'incidence du paludisme clinique dans la communauté.
Deux auteurs de la revue ont extrait de manière indépendante les données concernant le nombre d'événements et le nombre de participants dans chaque bras de l'essai au moment de l'évaluation. Pour ce qui est des données du taux, nous avons noté le temps total à risque dans chaque bras de l'essai. Pour évaluer le risque de biais, nous avons utilisé l'outil RoB 2 de Cochrane pour les ECR en grappes. Nous avons documenté la méthode d'analyse des données, tous les ajustements pour le regroupement ou d'autres covariables, et enregistré l'estimation du coefficient de corrélation intra-grappe (CCI).
Nous avons ré-analysé les données de l'essai fournies par les auteurs de l'essai pour ajuster les effets de grappes. Nous avons utilisé un modèle à effets mixtes de Poisson avec correction pour les petits échantillons, et une analyse de niveau des grappes en utilisant le modèle linéaire pondéré pour ajuster de manière adéquate les grappes.
Nous avons inclus un ECR en grappes et identifié six essais en cours.
L'ECR en grappes inclus a examiné l'incidence du paludisme dans huit villages du Burkina Faso, randomisés dans deux bras. Les deux bras d'étude ont reçu une dose unique d'ivermectine de 150 µg/kg à 200 µg/kg, ainsi qu'une dose d'albendazole. Les villages du groupe d'intervention ont reçu cinq doses supplémentaires d'ivermectine, une fois toutes les trois semaines. Les enfants ont été enrôlés dans une cohorte active, dans laquelle ils ont été soumis à plusieurs reprises au dépistage de l'infection palustre.
Le critère de jugement principal était l'incidence cumulée du paludisme non compliqué dans une cohorte d'enfants âgés de cinq ans ou moins, au cours des 18 semaines de l'étude. Nous avons jugé que l'étude présentait un risque élevé de biais, car l'analyse ne tenait pas compte du regroupement ou de la corrélation entre les participants d'un même village.
L'étude n'a pas démontré l'effet de l'Ivermectine sur l'incidence cumulée de paludisme non compliqué dans la cohorte d'enfants au cours de l'étude de 18 semaines (risque relatif 0,86, intervalle de confiance [IC] à 95 % de 0,62 à 1,17 ; p = 0,2607; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Post-édition effectuée par Eliane Denise Bahbouth et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr