Principaux messages
- Le plasma riche en plaquettes (éléments du sang favorisant la régénération des tissus) pourrait réduire le temps de cicatrisation par rapport à une gaze stérile.
- La crème réparatrice Lietofix favoriserait la cicatrisation des plaies à 30 jours par rapport au pansement iodé (qui contribue à réduire les bactéries dans la plaie).
- Il n'est pas certain que les pansements à hydrogel (conçus pour maintenir la plaie humide) réduisent le temps de cicatrisation par rapport au nettoyage à l'iode.
Qu'est-ce que le kyste pilonidal interfessier ?
Le sinus ou kyste pilonidal de la fesse est une affection douloureuse courante touchant principalement les jeunes adultes.
Il se produit dans le sillon inter-fessier (creux entre les fesses) et débute par l’infection ou l’inflammation de follicules pileux. Un effet de vide, créé par le mouvement des fesses, attirerait davantage de poils vers le bas dans la zone enflammée. Les symptômes peuvent être très douloureux et parfois durer longtemps.
Comment traite-t-on le kyste pilonidal ?
Le traitement est souvent chirurgical et consiste à retirer la zone enflammée contenant des poils et des débris. Dans certains cas, les plaies ne sont pas fermées par des points de suture mais laissées ouvertes pour encourager la guérison naturelle. De nombreux pansements et agents topiques (crèmes ou lotions) sont disponibles pour favoriser la guérison de ces plaies.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions déterminer quels pansements et agents topiques sont les plus efficaces pour la cicatrisation des plaies ouvertes de kyste pilonidal, après un traitement chirurgical.
Pour chaque intervention, nous avons examiné :
- le temps de guérison ;
- le nombre de plaies guéries à 30 jours, 6 mois et 1 an ;
- les récidives des blessures ;
- le temps nécessaire à la reprise des activités quotidiennes normales ;
- la qualité de vie ;
- le rapport qualité-prix ;
- la douleur lors du premier changement de pansement ;
- les effets nocifs (comme une infection du site chirurgical ou une réaction allergique) après le traitement.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons inclus des participants de tout âge et sexe traités dans n'importe quel établissement de soins. Nous avons recherché des études comprenant :
- Des participants traités pour un kyste pilonidal de la fesse et laissés avec une plaie ouverte ;
- Une comparaison de différents pansements et agents topiques pour déterminer leur efficacité à favoriser la cicatrisation des plaies.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons inclus 11 études avec un total de 932 participants. Deux études ont comparé le traitement par pression négative (qui applique une aspiration contrôlée à la surface de la plaie) à des pansements simples. Deux études ont comparé le plasma riche en plaquettes à une gaze stérile absorbante. Les sept autres études ont comparé divers pansements et agents topiques. Toutes les études ont eu lieu dans des hôpitaux.
- Aucune étude n'a fourni de données sur la qualité de vie, le rapport qualité-prix ou la douleur lors du premier changement de pansement.
- Nous ne savons pas si le traitement par pression négative favorise une guérison plus rapide que les pansements simples.
- La crème réparatrice Lietofix pourrait favoriser la guérison des plaies à 30 jours.
- Nous ne savons pas si les pansements à hydrogel favorisent une cicatrisation plus rapide ou meilleure prévention des infections du site chirurgical par rapport au nettoyage des plaies avec de la povidone iodée à 10 %.
- Le plasma riche en plaquettes pourrait réduire le temps de cicatrisation des plaies par rapport à une gaze absorbante stérile.
- Par rapport à une bande placebo, une bande d'oxyde de zinc (supposée comme ayant des propriétés cicatrisantes) pourrait avoir peu ou pas d'effet sur la cicatrisation des plaies à 30 jours, et on ne sait pas si elle réduit le temps de cicatrisation.
- Nous ne savons pas si l'éponge de collagène imbibée d'antibiotiques pourrait avoir un effet sur le temps de guérison par rapport à l'absence de pansement.
- Les pansements enduits de chlorure de dialkyl carbamoyle (une substance à laquelle les bactéries adhèrent) pourraient avoir peu ou pas d’effet sur le temps de cicatrisation des plaies par rapport aux pansements en alginate (dérivé d'algues).
Quelles sont les limites des données probantes ?
Nous ne sommes pas très confiants des données probantes car il n'y avait qu'une ou deux études pour chaque comparaison et la plupart des études étaient très petites. Il est également possible que les personnes ayant participé aux études aient été conscientes du traitement qu'elles recevaient.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes de cette revue sont à jour jusqu'en mars 2021.
À l'heure actuelle, les données probantes de cette revue sur l’éventuel bénéfice des pansements ou des agents topiques sur le temps de cicatrisation, la proportion de plaies qui guérissent à un moment précis ou sur un des critères de jugement secondaires sont d'un niveau de confiance faible à très faible. Il existe des données probantes d’un niveau de confiance faible concernant l’effet bénéfique du plasma riche en plaquettes (deux études) et de la crème Lietofix et des pansements hydrogel (études individuelles), sur la cicatrisation des plaies. D'autres études sont nécessaires pour approfondir ces interventions.
Le kyste pilonidal sacro-coccygien est une affection débilitante courante touchant principalement les jeunes adultes et ayant un impact profond sur leurs activités de la vie quotidienne. Il est traité chirurgicalement, et dans certains cas, la plaie du sillon inter-fessier est laissée ouverte pour qu’elle guérisse d'elle-même. De nombreux pansements et agents topiques sont disponibles pour favoriser la cicatrisation de ces plaies.
Évaluer les effets des pansements et des agents topiques dans la prise en charge des plaies ouvertes après un traitement chirurgical d’un kyste pilonidal sacro-coccygien, quel que soit le contexte de soins.
En mars 2021, nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les plaies et les contusions, CENTRAL, MEDLINE, Embase et EBSCO CINAHL Plus. Nous avons également recherché dans les registres d'essais cliniques, les études en cours et non publiées, et nous avons parcouru les références bibliographiques des études incluses, des revues, des méta-analyses et des rapports sur les technologies de la santé pour identifier des études supplémentaires. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue, la date de publication ou le contexte de l'étude.
Nous avons uniquement inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) en groupes parallèles. Nous avons inclus les études portant sur des participants ayant subi tout type de chirurgie du kyste pilonidal sacro-coccygien et ayant conservé une plaie ouverte.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons utilisé GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes pour chaque critère de jugement.
Nous avons inclus 11 ECR comprenant 932 participants. Deux études ont comparé la thérapie par pression négative (TPN) à la guérison conventionnelle des plaies ouvertes, deux études ont comparé le plasma riche en plaquettes à la gaze absorbante stérile, et les sept autres études ont comparé divers pansements et agents topiques. Toutes les études présentaient un risque élevé de biais dans au moins un domaine, tandis qu'une étude comportait un faible risque de biais dans tous sauf un domaine. Toutes les études ont été menées en établissement de soins secondaires. L'âge moyen des participants se situait entre 20 et 30 ans, et près de 80 % des participants étaient des hommes. Aucune étude n'a fourni de données sur la qualité de vie, le rapport coût-efficacité, la douleur au premier changement de pansement ou la proportion de plaies cicatrisées à 6 ou 12 mois, et très peu d'effets indésirables ont été enregistrés dans toutes les études.
Il n'est pas clair si la TPN réduit le temps de cicatrisation des plaies par rapport à la cicatrisation conventionnelle des plaies ouvertes (comparaison 1), car le niveau de confiance des données probantes est très faible. Les deux études ont fourni des résultats contradictoires, l'une montrant un bénéfice (différence moyenne (DM) -24,01 jours, intervalle de confiance (IC) à 95 % entre -35,65 et -12,37 ; 19 participants), tandis que l'autre n'a pas rapporté de différence. On ne sait pas non plus si la TPN a un effet sur la proportion de plaies guéries à 30 jours (risque relatif (RR) 3,60, IC à 95 % entre 0,49 et 26,54 ; 19 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Des données limitées étaient disponibles pour les critères de jugement secondaires : le temps de retour aux activités quotidiennes normales et le taux de récidive ; nous ne savons pas si la TPN a un effet sur ces critères de jugement.
La crème Lietofix pourrait augmenter la proportion de plaies guérissant à 30 jours par rapport à un pansement iodé (comparaison 4 ; RR 8,06, IC à 95 % entre 1,05 et 61,68 ; 205 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance faible). L'étude n'a pas fourni de données sur le délai de cicatrisation.
Nous ne savons pas si les pansements en hydrogel réduisent le temps de cicatrisation de la plaie par rapport au nettoyage avec de la povidone iodée à 10 % (comparaison 5 ; DM -24,54 jours, IC à 95 % entre -47,72 et -1,36 ; 31 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). L'étude n'a pas fourni de données sur la proportion de plaies guéries. Il n'est pas clair si les pansements en hydrogel ont un effet sur les effets indésirables car le niveau de confiance des données probantes est très faible.
Le plasma riche en plaquettes pourrait réduire le temps de cicatrisation des plaies par rapport à la gaze absorbante stérile (comparaison 6 ; DM -19,63 jours, IC à 95 % entre -34,69 et -4,57 ; 210 participants, 2 études ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Aucune étude n'a fourni de données sur la proportion de plaies guéries. Le plasma riche en plaquettes pourrait réduire le temps de retour aux activités quotidiennes normales (DM -15.49, IC à 95 % entre -28.95 et -2.02 ; 210 participants, 2 études ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
La bande d'oxyde de zinc pourrait faire peu ou pas de différence sur le temps de cicatrisation des plaies par rapport au placebo (comparaison 2 ; médiane de 54 jours dans le groupe bande d'oxyde de zinc contre 62 jours dans le groupe bande placebo ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous ne savons pas si la bande d'oxyde de zinc a un effet sur la proportion de plaies cicatrisées à 30 jours, car le niveau de confiance des données probantes est très faible (RR 2,35, IC à 95 % entre 0,49 et 11,23).
Il n'est pas clair si l'éponge de collagène imprégnée de gentamicine réduit le temps de cicatrisation par rapport à l'absence de pansement (comparaison 7 ; DM -1,40 jours, IC à 95 % entre -5,05 et 2,25 ; 50 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). L'étude n'a pas fourni de données sur la proportion de plaies guéries.
Les pansements recouverts de chlorure de dialkyl carbamoyle auraient peu ou pas d’effet sur le temps de cicatrisation des plaies par rapport aux pansements d'alginate (comparaison 8 ; médiane 69 (IC à 95 % entre 62 et 72) jours dans le groupe pansements de chlorure de dialkyl carbamoylecontre 71 jours (IC à 95 % entre 69 et 85) dans le groupe alginate ; 1 étude, 246 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Une étude a comparé un pansement hydrophile en mousse de polyuréthane à un pansement d'alginate (comparaison 3) tandis qu'une autre étude a comparé un pansement hydrocolloïde à un pansement iodé (comparaison 9). Il n'est pas clair si l’une de ces interventions a un effet sur le temps de cicatrisation car le niveau de confiance des données probantes est très faible.
Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr