Quels sont les bénéfices et les risques du daratumumab en complément des médicaments anti-myélomateux par rapport aux médicaments anti-myélomateux seuls chez les adultes atteints d'un myélome multiple nouvellement diagnostiqué inéligibles à une greffe de

Principaux messages

- La recherche montre que chez les adultes atteints de myélome multiple, l'ajout d'un nouveau médicament appelé daratumumab aux traitements anti-myélomateux standard permet probablement aux patients de vivre plus longtemps qu'avec un traitement anti-myélomateux standard seul.

- L'ajout du daratumumab augmente probablement le risque d'événements indésirables graves, mais probablement pas le risque d'événements indésirables globaux définis comme des Critères de Terminologie Communs pour les Evénements Indésirables (CTCAE) (CTCAE) de grade ≥ 3.

- Le traitement par le daratumumab augmente probablement le risque d'infections.

Qu'est-ce que le myélome multiple ?

Le myélome multiple est un type de cancer du sang. La maladie est causée par la multiplication incontrôlée de plasmocytes anormaux, un type de globules blancs présents dans la moelle osseuse. Le myélome multiple est une maladie potentiellement mortelle.

Comment le myélome multiple est-il traité chez les adultes nouvellement diagnostiqués inéligibles à une greffe de cellules souches ?

Les adultes atteints d'un myélome multiple nouvellement diagnostiqué et inéligibles à recevoir une greffe de cellules souches (procédure consistant à remplacer les cellules sanguines endommagées par des cellules saines) reçoivent un traitement consistant en une association de plusieurs médicaments.

Que voulions-nous découvrir ?

Le daratumumab est un médicament récemment développé qui provoque la mort des cellules du myélome. L'ajout du daratumumab a été approuvé chez les personnes qui ont déjà essayé d'autres traitements pour le myélome multiple mais dont la maladie est réapparue ou ne s'est jamais améliorée. Nous voulions savoir si le daratumumab ajouté aux médicaments anti-myélomateux présentait des bénéfices ou des risques chez les adultes atteints d'un myélome multiple nouvellement diagnostiqué qui ne sont pas aptes à recevoir une greffe de cellules souches, par rapport aux médicaments anti-myélomateux seuls.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études comparant les bénéfices et les risques du daratumumab associé à des médicaments anti-myélomateux avec les mêmes médicaments anti-myélomateux seuls chez des adultes dont le diagnostic de myélome multiple venait d'être confirmé et inéligibles à une chimiothérapie à haute dose accompagnée d'une greffe de cellules souches. Nous avons comparé et résumé les résultats, et évalué notre confiance dans les données probantes.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé quatre études portant sur un total de 1783 adultes (femmes et hommes) atteints d'un myélome multiple nouvellement diagnostiqué et inéligibles à une greffe de cellules souches. L'âge moyen des participants aux trois études était compris entre 69 et 74 ans.

Le traitement par le daratumumab augmente probablement l'espérance de vie. 36 mois après le traitement, 695 des 1000 personnes ayant reçu un traitement anti-myélomateux seul et 792 des 1000 personnes ayant reçu le même traitement plus du daratumumab étaient toujours en vie.

Le traitement par le daratumumab augmente probablement la durée pendant laquelle le myélome multiple ne s'aggrave pas. 24 mois après le traitement, la maladie ne s'était pas aggravée pour 494 des 1000 personnes ayant reçu un traitement anti-myélomateux seul et pour 713 des 1000 personnes ayant reçu le même traitement plus du daratumumab.

Le traitement par daratumumab pourrait légèrement améliorer la qualité de vie à 12 mois, mais nous avons peu de confiance dans ce résultat. Le groupe daratumumab a obtenu une note supérieure de 2,19 sur un système de notation de 0 à 100 par rapport au groupe ayant reçu un traitement anti-myélomateux seul.

Le traitement par le daratumumab augmente probablement le risque d'événements indésirables graves (problèmes de santé liés au traitement qui entraînent une hospitalisation ou qui mettent en jeu le pronostic vital). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 505 personnes sur 1000 dans le groupe traitement anti-myélomateux seul et 596 personnes sur 1000 dans le groupe daratumumab ont présenté des événements indésirables graves.

Il est probable qu'il y ait peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne les événements indésirables globaux (CTCAE de grade ≥ 3). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 953 personnes sur 1000 dans le groupe traitement anti-myélomateux seul et 963 personnes sur 1000 dans le groupe daratumumab ont présenté des effets indésirables (grade ≥ 3 selon les CTCAE).

Le traitement par daratumumab augmente probablement le risque d'infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 224 personnes sur 1000 dans le groupe traitement anti-myélomateux seul et 340 personnes sur 1000 dans le groupe daratumumab ont eu des infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE).

Quelles sont les limites des données probantes ?

Nous avons une confiance modérée dans les données probantes relatives à la durée de vie, en raison de données incomplètes dans un essai.

Nous sommes modérément confiants dans les données probantes concernant la durée après le traitement pendant laquelle le myélome multiple ne s'aggrave pas, les événements indésirables graves, les événements indésirables (grade ≥ 3 selon les CTCAE) et les infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE). En effet, il est possible que les participants et le personnel des études aient eu connaissance du traitement administré, ce qui aurait pu influencer les résultats, et car les résultats concernant les événements indésirables graves étaient très différents d'une étude à l'autre.

Nous avons peu confiance dans les données probantes concernant la qualité de vie en raison de la possibilité que les participants et le personnel des études aient été au courant du traitement administré, ce qui aurait pu influencer les résultats, et en raison de la petite taille des études.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont valables jusqu'en septembre 2023. Plusieurs nouvelles études sur le daratumumab sont en cours et pourraient fournir plus d'informations sur les bénéfices et les risques possibles du daratumumab dans le myélome multiple. Nous mettrons à jour cette revue lorsque ces études seront terminées.

Conclusions des auteurs: 

L'analyse globale de quatre études a montré un bénéfice potentiel du daratumumab en termes de survie globale et de survie sans progression et un léger bénéfice potentiel en termes de qualité de vie. Les participants traités par le daratumumab présentent probablement une augmentation des événements indésirables graves. Il n'y a probablement pas de différences entre les groupes en ce qui concerne les événements indésirables (grade ≥ 3 selon les CTCAE) ; cependant, il y a probablement plus d'infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE) chez les participants traités par le daratumumab.

Nous avons identifié six études en cours qui pourraient renforcer le niveau de confiance des données probantes dans une future mise à jour de cette revue.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Le myélome multiple (MM) est une hémopathie maligne caractérisée par la prolifération de plasmocytes malins dans la moelle osseuse. Chez les adultes inéligibles à une chimiothérapie à haute dose et à une greffe autologue de cellules souches, les combinaisons thérapeutiques recommandées en première intention consistent généralement en des associations d'agents alkylants, de médicaments immunomodulateurs et d'inhibiteurs du protéasome. Le daratumumab est un anticorps monoclonal IgG1k humain ciblant le CD38, récemment développé et approuvé dans le traitement des personnes diagnostiquées avec un MM. Les cellules du myélome multiple expriment à des niveaux élevés et de manière uniforme la CD-38, une glycoprotéine transmembranaire de type II de 46 kDa, ce qui fait des cellules du myélome une cible spécifique du daratumumab.

Objectifs: 

Déterminer les bénéfices et les risques du daratumumab en complément d'un traitement antinéoplasique par rapport à un traitement antinéoplasique seul chez les adultes atteints de MM nouvellement diagnostiqué et non éligibles à une greffe.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, Embase, EU Clinical Trials Register, ClinicalTrials.gov, l’ICTRP de l’OMS et dans les comptes rendus de conférences de 2010 à septembre 2023.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés qui comparaient le traitement par daratumumab ajouté à un traitement antinéoplasique par rapport au même traitement antinéoplasique seul chez des participants adultes avec un diagnostic confirmé de MM. Nous avons exclu les essais quasi randomisés et les essais comptant moins de 80 % de participants adultes, à moins qu'il n'y ait eu des analyses en sous-groupes d'adultes atteints de MM.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les résultats des stratégies de recherche pour en vérifier l'éligibilité. Nous avons documenté le processus de sélection des études dans un organigramme, comme le recommande la déclaration PRISMA. Nous avons évalué le risque de biais dans les études incluses avec l’outil RoB 1 et évalué le niveau de confiance des données probantes à l'aide de l’approche GRADE. Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard de Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre essais contrôlés randomisés ouverts à deux bras (34 publications) impliquant un total de 1783 participants. Les essais ALCYONE, MAIA et OCTANS étaient des essais multicentriques menés à l'échelle mondiale dans des pays à revenus intermédiaires et élevés. L'essai AMaRC 03-16 a été mené dans un pays à revenu élevé, l'Australie. L'âge moyen des participants était de 69 à 74 ans, et la proportion de femmes se situait entre 40 et 54 %.

Tous les essais ont évalué les traitements antinéoplasiques avec ou sans daratumumab. Dans les essais ALCYONE et OCTANS, le daratumumab a été associé au bortézomib et au melphalan-prednisone. Dans l'étude AMaRC 03-16, il a été associé au bortézomib, au cyclophosphamide et à la dexaméthasone, et dans l'étude MAIA, il a été associé au lénalidomide et à la dexaméthasone.

Aucune des études incluses n'a été réalisée en aveugle (risque élevé de biais de performance et de biais de détection). Une étude n'ayant été publiée que sous forme de résumé, par conséquent le risque de biais était incertain pour la plupart des critères. Les trois autres études ont été publiées en texte intégral. En dehors de la mise en aveugle, le risque de biais était faible pour ces études.

Survie globale

Le traitement par daratumumab augmente probablement la survie globale par rapport au même traitement sans daratumumab (rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) 0,64, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,53 à 0,76, 2 études, 1443 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après une période de suivi de 36 mois, 695 pour 1000 participants ont survécu dans le groupe témoin, tandis que 792 pour 1000 participants ont survécu dans le groupe daratumumab (IC à 95 % 758 à 825).

Survie sans progression

Le traitement par daratumumab augmente probablement la survie sans progression par rapport au traitement sans daratumumab (HR 0,48, IC à 95 % 0,39 à 0,58, 3 études, 1663 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après une période de suivi de 24 mois, la survie sans progression a été atteinte chez 494 pour 1000 participants dans le groupe témoin par rapport à 713 pour 1000 participants dans le groupe daratumumab (IC à 95 % 664 à 760).

Qualité de vie

Le traitement par daratumumab pourrait entraîner une très faible augmentation de la qualité de vie après 12 mois, évaluée sur l'échelle de l'état de santé global (global health status scale, GHS) du questionnaire EORTC QLQ-C30, par rapport au traitement sans daratumumab (différence de moyennes de 2,19, IC à 95 % de -0,13 à 4,51, 3 études, 1096 participants, données probantes d’un niveau de confiance faible). L'échelle va de 0 à 100, une valeur plus élevée indiquant une meilleure qualité de vie.

Mortalité au cours de l'étude

Le traitement par daratumumab diminue probablement la mortalité au cours de l'étude par rapport au traitement sans daratumumab (risque relatif (RR) 0,72, IC à 95 % 0,62 à 0,83, 3 études, 1644 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 366 pour 1000 participants dans le groupe témoin et 264 pour 1000 participants dans le groupe daratumumab sont décédés (IC à 95 % 227 à 304).

Événements indésirables graves

Le traitement par daratumumab augmente probablement les événements indésirables graves par rapport au traitement sans daratumumab (RR 1,18, IC à 95 % 1,02 à 1,37, 3 études, 1644 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 505 pour 1000 participants dans le groupe témoin contre 596 pour 1000 participants dans le groupe daratumumab ont présenté des événements indésirables graves (IC à 95 % : 515 à 692).

Événements indésirables (grade ≥ 3 selon les Critères de Terminologie Communs pour les Evénements Indésirables (CTCAE)).

Le traitement par daratumumab entraîne probablement peu ou pas de différence en termes d'événements indésirables (grade ≥ 3 selon les CTCAE) par rapport au traitement sans daratumumab (RR 1,01, IC à 95 % 0,99 à 1,02, 3 études, 1644 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 953 pour 1000 participants dans le groupe témoin contre 963 pour 1000 participants dans le groupe daratumumab ont présenté des événements indésirables (grade CTCAE ≥ 3) (IC à 95 % 943 à 972).

Le traitement par daratumumab augmente probablement le risque d'infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE) par rapport au traitement sans daratumumab (RR 1,52, IC à 95 % 1,30 à 1,78, 3 études, 1644 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Après le plus long suivi disponible (12 à 72 mois), 224 par 1000 participants dans le groupe témoin contre 340 par 1000 participants dans le groupe daratumumab ont présenté des infections (grade ≥ 3 selon les CTCAE) (IC à 95 % 291 à 399).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Elissar El Chami et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.