Le certolizumab pégol comme traitement pour maintenir la maladie de Crohn inactive

Quel était l’objectif de la revue ?

Cette revue Cochrane visait à déterminer si l'utilisation à long terme du certolizumab pégol (CZP) est un traitement efficace et sûr chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn (MC), par rapport à un placebo. Nous avons recueilli et analysé toutes les études pertinentes pour répondre à cette question.

Qu'est-ce que la maladie de Crohn ?

La MC est une maladie chronique qui provoque une inflammation du système gastro-intestinal, notamment de l'intestin grêle et du gros intestin. Les symptômes courants de la MC sont la diarrhée chronique, les douleurs abdominales, la fièvre et la perte de poids. La cause exacte et le mécanisme de la MC ne sont pas clairs, mais un messager chimique appelé facteur de nécrose tumorale-alpha (TNFα) a un rôle connu dans l'inflammation intestinale.

Qu'est-ce que le certolizumab pégol ?

Le CZP est un médicament qui est injecté sous la peau et qui supprime l'activité du TNFα. Le CZP peut arrêter l'inflammation en cours chez les personnes atteintes de la MC. Cependant, l'efficacité et la sécurité de l'utilisation à long terme du CZP chez les personnes atteintes de la MC et ne présentant pas d'inflammation permanente, ne sont pas bien comprises, ce qui est important à savoir.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché les études ayant comparé le CZP à un placebo (un traitement factice) chez des personnes atteintes de la MC. Nous avons effectué des recherches dans la littérature médicale jusqu'au 23 mars 2022.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé une étude pertinente portant sur 428 personnes atteintes de la MC. L'étude s'est concentrée sur des personnes atteintes de la MC âgées de 18 ans et plus et présentant une réponse positive à trois doses de CZP. Elle a comparé l'efficacité et les effets secondaires d’une utilisation à long terme du CZP par rapport à un placebo.

Principaux résultats

Nous avons constaté que le CZP contribue probablement à un meilleur contrôle de la MC. Sur 216 personnes atteintes de la MC et ayant reçu du CZP, 103 ont vu une stabilisation de leur maladie pendant 26 semaines. En revanche, sur les 212 personnes atteintes de la MC et ayant reçu un placebo, seuls 60 ont maîtrisé leur maladie. De plus, il n'y a pas eu d'effets secondaires évidents avec le CZP ou le placebo pendant les 26 semaines.

Niveau de confiance des données probantes

Nous avons utilisé une méthode générale d'échelle de notation à quatre niveaux (c'est-à-dire élevé, modéré, faible ou très faible) pour évaluer le niveau de confiance des données probantes des résultats (GRADE). Nous avons constaté que le niveau de confiance des données probantes concernant les effets du CZP était modéré car le nombre de participants était insuffisant dans l'étude incluse. Concernant les données probantes sur la sécurité du CZP, le niveau de confiance des données probantes était faible en raison du faible nombre de participants ayant eu des effets secondaires.

Conclusions

Le CZP est probablement un traitement efficace et sûr pour supprimer l'inflammation des personnes atteintes de la MC ; cependant, les études actuelles sont limitées à 26 semaines de suivi (surveillance) et aux adultes. Par conséquent, ces conclusions ne peuvent pas être utilisées à l’heure actuelle pour orienter un traitement à plus long terme ou chez les enfants.

Conclusions des auteurs: 

Le certolizumab pégol (CZP) entraîne probablement une réduction importante de l'échec du maintien de la rémission clinique et de la réponse à 26 semaines chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn. Les données probantes suggèrent que le CZP pourrait entraîner un taux d’effets indésirables graves comparable au placebo lorsqu'il est utilisé comme traitement de maintien de la rémission. Cependant, les études actuelles se limitent à 26 semaines de suivi et ne concernent que des adultes. Par conséquent, ces conclusions ne peuvent pas être utilisées à l’heure actuelle pour orienter un traitement à plus long terme ou chez des enfants.

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Contexte: 

La maladie de Crohn (MC) est une maladie avec une réponse immunitaire défaillante caractérisée par une inflammation chronique, récurrente-rémittente et progressive affectant principalement le système gastro-intestinal. Le certolizumab pégol (CZP) est un agent biologique qui régule la réponse immunitaire altérée en contrôlant le facteur de nécrose tumorale-α (TNFα). Cependant, l'efficacité et la tolérance de l'administration à long terme de CZP chez les personnes atteintes de la MC et ayant une inflammation contrôlée, ne sont pas bien comprises.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance du CZP pour le maintien de la rémission de la MC.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, ClinicalTrials.gov, le Système d'enregistrement international des essais cliniques de l'OMS (ICTRP) et dans les résumés de conférences, de leur création jusqu’au 23 mars 2022. Nous avons contacté les entreprises pharmaceutiques impliquées dans la production de CZP pour obtenir d'autres informations pertinentes.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant le CZP à un placebo chez des adultes atteints de la MC.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont sélectionné les études et extrait les données de façon indépendante. Les critères de jugement principaux étaient l’échec du maintien de la rémission clinique à 26 semaines, l’échec du maintien d’une réponse clinique à 26 semaines et les effets indésirables graves. Nous avions prévu de réaliser des méta-analyses incluant toutes les études disponibles si elles étaient suffisamment similaires pour que la mise en commun soit adaptée, ainsi que calculer le risque relatif (RR) avec les intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques et les différences de moyennes avec les IC à 95 % pour les critères de jugement continus. Nous avons analysé le nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat bénéfique supplémentaire et le nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat nocif supplémentaire afin de caractériser l'ampleur des effets du traitement. Les deux mêmes auteurs de la revue ont indépendamment évalué le risque de biais en utilisant l'outil Cochrane RoB 2 et le niveau de confiance des données probantes en utilisant l’approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié une étude répondant à nos critères d'inclusion. L'étude incluse comprenait 428 adultes atteints de la MC et ayant répondu au traitement d'induction de 400 mg de CZP aux semaines 0, 2 et 4. L'étude a évalué l'efficacité et la tolérance à long terme du CZP administré par voie sous-cutanée toutes les quatre semaines par rapport au placebo.

La proportion de participants n'ayant pas réussi à maintenir une rémission clinique à 26 semaines était de 52,3 % (113/216) dans le groupe CZP, contre 71,7 % (152/212) dans le groupe placebo. Le traitement par CZP entraîne probablement une réduction importante de l'échec du maintien de la rémission clinique à 26 semaines (RR 0,73, IC à 95 % entre 0,63 et 0,85). Le NST pour un résultat bénéfique supplémentaire était de 5 (IC à 95 % entre 4 et 9). Ce critère de jugement présentait un faible risque de biais. D’après la méthode GRADE, le niveau de confiance des données probantes était modéré en raison du faible nombre d'événements survenus.

La proportion de participants en échec de maintien d’une réponse clinique à 26 semaines était de 37,5 % (81/216) dans le groupe CZP, contre 64,2 % (136/212) dans le groupe placebo. Le traitement par CZP entraîne probablement une réduction importante de l'échec du maintien de la réponse clinique à 26 semaines (RR 0,58, IC à 95 % entre 0,48 et 0,71). Le NST pour un résultat bénéfique supplémentaire était de 4 (IC à 95 % entre 3 et 5). Ce critère de jugement présentait un faible risque de biais. D’après la méthode GRADE, le niveau de confiance des données probantes était modéré en raison du faible nombre d'événements survenus.

La proportion de participants ayant développé des effets indésirables graves était de 5,6 % (12/216) dans le groupe CZP contre 6,6 % (14/212) dans le groupe placebo. Le traitement par CZP entraînerait un taux d’effets indésirables graves comparable au placebo, lorsqu'il est utilisé comme traitement de maintien de la rémission (RR 0,84, IC à 95 % entre 0,40 et 1,78). Le NST pour un résultat bénéfique supplémentaire était de 95 (IC à 95 % entre NST pour un résultat nocif supplémentaire 19 et NST pour un résultat bénéfique supplémentaire 25). Le niveau de confiance de ce critère de jugement était faible. Nous avons déterminé que le niveau de confiance des données probantes était faible en raison du faible nombre d'événements survenus et le fait que les IC n'étaient pas suffisamment étroits.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.