Acupuncture pour les bébés atteints du syndrome de sevrage néonatal après une exposition aux médicaments opioïdes pendant la grossesse

Principaux messages

- En raison d'un manque de données probantes, nous ne sommes pas en mesure de tirer des conclusions sur les bénéfices et les risques de l'acupuncture pour les bébés atteints du syndrome de sevrage néonatal causé par une exposition aux médicaments opioïdes pendant la grossesse.

- De grandes études bien conçues et bien rapportées sont nécessaires pour en savoir plus sur les bénéfices et les risques de l'acupuncture, notamment des études comparant les techniques d'acupuncture, les sites, le moment et l'application.

Qu'est-ce que le syndrome de sevrage néonatal ?

Le syndrome de sevrage néonatal est un syndrome de sevrage médicamenteux, survenant principalement après une exposition prénatale aux opioïdes (comme l'héroïne et la méthadone). Un nouveau-né peut naître physiquement dépendant de ces médicaments, ce qui provoque des symptômes de sevrage après la naissance, tels que des pleurs aigus, un cycle sommeil-éveil perturbé et des tremblements. Le syndrome de sevrage néonatal est diagnostiqué à l'aide d'une évaluation standardisée du sevrage, comme le score de Finnegan.

Comment le syndrome de sevrage néonatal est-il traité ?

Les nouveau-nés développant un syndrome de sevrage néonatal ont besoin d'un traitement médical et de séjours hospitaliers plus longs après la naissance par rapport aux nouveau-nés qui ne souffrent pas de cette maladie. Les traitements du syndrome de sevrage néonatal comprennent de multiples traitements multimodaux pour soulager les symptômes de sevrage, tels que l'emmaillotage, la cohabitation et l'allaitement. Si l'évaluation standardisée dépasse un certain seuil, les nouveau-nés sont traités pharmacologiquement avec un opioïde administré par voie orale. Cependant, la prise en charge optimale du syndrome de sevrage néonatal continue de faire débat. L'acupuncture a été proposée comme une intervention potentielle. L'acupuncture consiste à stimuler des points spécifiques du corps, soit par l'insertion de fines aiguilles métalliques (« invasives »), soit par l'utilisation de techniques qui ne pénètrent pas la peau (« non invasives »), comme l'acupression et le laser.

Que voulions-nous découvrir ?

Notre objectif était de déterminer les bénéfices et les risques de l'acupuncture pour les bébés atteints du syndrome de sevrage néonatal (SSNN). Les critères de jugement principaux étaient la durée du traitement pharmacologique (médicaments opioïdes), les événements indésirables (risques) et la durée du séjour à l'hôpital.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études comparant l'acupuncture à l'absence de traitement, aux médicaments ou à d'autres types d'acupuncture (par exemple, l'acupuncture à aiguilles par rapport à l'acupuncture au laser). L'acupuncture pouvait être administrée seule ou en association avec un traitement médical conventionnel pour le SSNN (« soins standard »), à condition que ce dernier soit administré à tous les participants de l'étude.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé deux études incluant 104 nourrissons au total. Les deux études comparaient l'acupuncture (avec des techniques qui ne pénètrent pas la peau) ajoutée aux soins standards par rapport aux soins standard.

Les deux études utilisaient des techniques d'acupuncture différentes. Une étude portant sur 28 nourrissons, qui a été menée en Autriche entre 2009 et 2014, a utilisé l'acupuncture au laser quotidienne sur des points d’acupuncture auriculaires et corporels jusqu’à l’arrêt de la morphine utilisée pour traiter les symptômes du SSNN dans les deux groupes. L'autre étude, menée aux États-Unis entre 1992 et 1996, portait sur 76 bébés et utilisait l'acupression avec des graines de plantes collées sur des points d’acupression auriculaires qui étaient massés pendant 30 à 60 secondes, en plus des soins standards du SSNN.

Principaux résultats

Les données probantes sont très incertaines quant aux effets de l'ajout de l'acupuncture aux soins standards sur la durée du traitement médicamenteux ou la durée du séjour hospitalier. Les données probantes sont également très incertaines quant à savoir si l'acupuncture peut réduire le score le plus élevé qu'un nourrisson reçoit lorsqu'un médecin évalue son syndrome de sevrage néonatal.

Aucun événement indésirable n'a été signalé pour aucun des nourrissons dans les deux études, mais étant donné que seulement 104 bébés ont été inclus, il est impossible tirer des conclusions sur la tolérance de l'acupuncture à partir de ces résultats.

Aucune étude n'a fourni d'informations sur la douleur ou la mort infantile. La progression des nourrissons à plus long terme n’a pas non plus été suivie.

Quelles sont les limites des données probantes ?

La principale limite est que seules deux petites études ont été analysées. Certains des critères de jugement n'ont pas été rapportés du tout. De plus, les études auraient pu être mieux conçues. On ne sait pas s'il existe des études sur ce sujet qui ont été menées mais non publiées. À notre connaissance, aucune étude n’est actuellement en cours.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu’en août 2023.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes limitées disponibles sont insuffisantes pour établir les bénéfices et les risques de l'acupuncture pour la prise en charge du syndrome de sevrage néonatal (SSNN) chez les nouveau-nés. Les deux études que nous avons incluses dans cette revue évaluaient l'acupuncture non invasive et ne rapportaient aucun effet indésirable ; cependant, les données proviennent d'un très petit échantillon. En raison des limitations actuelles, les cliniciens sont invités à utiliser l’acupuncture avec prudence chez les nouveau-nés atteints de SSNN, car aucune donnée probante ne soutient son utilisation systématique.

Cette revue systématique souligne la nécessité de réaliser de grands essais contrôlés randomisés bien conçus, afin d’atteindre une taille d’échantillon suffisante pour évaluer à la fois les bénéfices et les risques de l’acupuncture pour le traitement du SSNN. De plus, des comparaisons des techniques et des sites d'acupuncture devraient être effectuées pour évaluer l'efficacité et la faisabilité.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Le syndrome de sevrage néonatal (SSNN) est un syndrome de sevrage médicamenteux qui survient principalement après une exposition prénatale aux opioïdes. Un nouveau-né peut naître physiquement dépendant des opioïdes, ce qui provoque des symptômes de sevrage (tels que des pleurs aigus, des perturbations du cycle veille-sommeil et des tremblements) après la naissance. Cela est diagnostiqué avec une évaluation standardisée du sevrage, comme le score de Finnegan. Les nouveau-nés qui développent un SSNN ont besoin d'un traitement médical et de séjours hospitaliers plus longs après la naissance par rapport aux nouveau-nés qui ne souffrent pas de cette maladie. Les traitements du SSNN comprennent de multiples traitements multimodaux visant à soulager les symptômes de sevrage, tels que l'emmaillotage, la cohabitation et l'allaitement. Si l'évaluation standardisée dépasse un certain seuil, les nouveau-nés sont traités pharmacologiquement avec un opioïde administré par voie orale. Cependant, la gestion optimale du SSNN reste un sujet de débat. L'acupuncture a été proposée comme une intervention potentielle. L'acupuncture consiste à stimuler des points spécifiques du corps, soit par l'insertion d’aiguilles métalliques fines, soit par des techniques non invasives telles que l'acupression ou le laser.

Objectifs: 

Évaluer si l'acupuncture (acupression, aiguille, laser) réduit la durée du traitement du syndrome de sevrage néonatal (SSNN) chez les nouveau-nés, réduit les événements indésirables et la durée du séjour à l'hôpital.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons utilisé des bases de données bibliographiques (CENTRAL, PubMed, Embase) et des registres d'essais, ainsi que la vérification des références, la recherche de citations et le contact avec les auteurs des études, pour identifier les études qui sont incluses dans la revue. La dernière date de recherche était le 25 août 2023.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) ou quasi-ECR ainsi que des essais randomisés en grappes. Nous avons inclus des nourrissons nés à terme ou prématurés tardifs qui ont reçu un diagnostic de SSNN dans les 72 premières heures après la naissance (c'est-à-dire présentant des signes cliniques significatifs évalués à l'aide d'un outil d'évaluation standardisé du SSNN, par exemple présentant un syndrome de sevrage et un score de Finnegan > 8). Nous avons inclus des études où l'acupuncture (utilisant des techniques invasives ou non invasives) était comparée à : 1) l'absence d'intervention ; 2) un placebo ou un traitement fictif ; 3) tout traitement pharmacologique ; ou 4) un autre type d'acupuncture (par exemple, pénétration de la peau avec une aiguille par rapport à l'acupression). L'acupuncture pouvait être administrée seule ou en association avec un traitement médical conventionnel pour le SSNN (« soins standards »), à condition que ce dernier soit également administré au groupe témoin.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards définies par Cochrane. Nos critères de jugement principaux étaient la durée de tout traitement pharmacologique du SSNN, les événements indésirables et la durée du séjour à l'hôpital. Nous avons utilisé la méthodologie GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus deux ECR monocentriques (104 nourrissons). Les deux études comparaient l'acupuncture non invasive ajoutée aux soins standards par rapport aux soins standards. Aucune étude ne comparait l'acupuncture à un placebo ou à un traitement fictif, à un traitement pharmacologique ou à un autre type d'acupuncture. Nous n’avons identifié aucune étude en cours.

L'une des études incluses a été menée auprès de 28 nourrissons en Autriche, entre 2009 et 2014 ; il s'agissait d'un ECR prospectif en aveugle sur l'acupuncture au laser, qui a été réalisé quotidiennement aux points d'acupuncture auriculaires et corporels, bilatéralement, jusqu'à l'arrêt de la morphine. L'autre étude a été menée auprès de 76 nourrissons aux États-Unis entre 1992 et 1996. Il s'agissait d'une étude randomisée, prospective, mais sans mise en aveugle de l'acupression : une petite graine à base de plantes était fixée sur un ou plusieurs points d’acupression auriculaires, et le site de la graine était massé pendant 30 à 60 secondes après chaque événement de notation du SSNN.

Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ajout de l'acupuncture aux soins standards sur les critères de jugement suivants.

- Durée de tout traitement pharmacologique du SSNN. Dans une étude, la durée médiane était de 28 jours (écart interquartile (EI) 22 à 33) et 39 jours (EI 32 à 48) dans les groupes d'acupuncture et de contrôle, respectivement ; dans l'autre étude, la durée moyenne de tout traitement pharmacologique pour le SSNN était de 22,1 jours (écart-type (ET) 16,6) et 22,7 jours (ET 13,8) dans les groupes d'acupuncture et de contrôle, respectivement (différence de moyennes (DM) -0,60, IC à 95 % -7,45 à 6,25 ; 1 étude, 76 nourrissons).

- Événements indésirables. Les deux études rapportaient qu'aucun effet indésirable n'était survenu (différence de risques (DR) 0,00, IC à 95 % -0,05 à 0,05 ; 2 études, 104 nourrissons ; I 2 = 0).

- Durée du séjour à l'hôpital en jours. Dans une étude (28 nourrissons), la médiane et l'intervalle interquartile étaient respectivement de 35 (25 à 47) jours et de 50 (36 à 66) jours dans les groupes d'acupuncture et de contrôle. Dans l'autre étude (76 nourrissons), la durée moyenne de tout traitement pharmacologique du SSNN était de 25,8 jours (ET 16,4) et 26 jours (ET 13,3) dans les groupes d'acupuncture et de contrôle, respectivement (DM -0,20, IC à 95 % -6,90 à 6,50 ; 1 étude, 76 nourrissons).

- Score maximal dans une évaluation standardisée du SSNN. Une étude (28 nourrissons) a rapporté des scores médians de 15 (EI 13 à 18) et 16 (EI 14 à 19) dans les groupes d'acupuncture et de contrôle, respectivement ; l'autre étude (76 nourrissons) a rapporté que le score moyen du SSNN par événement de notation était légèrement inférieur (moyenne 4,95, écart-type 1,00) pour les nourrissons « témoins » que pour les nourrissons assignés à l'acupuncture (moyenne 5,27, écart-type 1,04).

Nous avons jugé que le niveau de confiance global des données probantes était très faible pour tous les critères de jugement. Aucune étude n'a rapporté de données sur la mortalité toutes causes confondues, la douleur ou le suivi à long terme.

Notes de traduction: 

Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de Racha Lazreg (bénévole chez Cochrane France) et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.