Principaux messages
- En comparant la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée avec le montage Billroth II, les deux traitements pourraient être similaires en termes de complications postopératoires majeures, d'incidence de fuites anastomotiques et de changements de poids corporel, mais nous sommes très incertains quant à la majorité de ces résultats. La dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée pourrait réduire la survenue de reflux biliaires, mais pourrait avoir peu ou pas d'incidence sur la survenue d'une gastrite résiduelle.
- En comparant la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée avec la dérivation gastrique de Roux-en-Y, la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les complications postopératoires majeures et l'incidence des fuites anastomotiques. Elle pourrait augmenter la fréquence du reflux biliaire, mais pourrait faire peu ou pas de différence dans la fréquence de la gastrite résiduelle et de l’œsophagite. Nous sommes très incertains des résultats ci-dessus.
Qu'est-ce que le cancer de l'estomac et comment le traiter ?
Le cancer gastrique, également connu sous le nom de cancer de l'estomac, est l'un des types de cancer les plus répandus dans le monde. Lorsque ce cancer est découvert dans la partie inférieure de l'estomac, un traitement courant consiste à retirer cette partie de l'estomac. Cette opération est connue sous le nom de gastrectomie distale. Après avoir enlevé une partie de l'estomac, les chirurgiens doivent effectuer une autre opération pour relier la partie restante de l'estomac à l'intestin grêle, afin de garantir le bon fonctionnement du système digestif.
Cette opération de reconnexion est cruciale pour le rétablissement du patient et sa santé à long terme. Une méthode spécifique, appelée technique Roux-en-Y non coupée, est conçue pour réduire les complications après l'opération. Toutefois, le débat se poursuit parmi les professionnels de la santé pour savoir si cette méthode offre plus de bénéfices et est plus sûre que d'autres techniques chirurgicales.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions savoir si la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée après une gastrectomie distale pour un cancer de l'estomac était meilleure que d'autres méthodes de rétablissement de continuité en termes d'amélioration :
- Qualité de vie liée à la santé, mesurée au moins six mois après l'intervention chirurgicale.
- Complications postopératoires majeures dans les 30 jours suivant l'opération.
- Incidence d'une fuite anastomotique (situation dans laquelle l'endroit où le chirurgien a joint ou reconnecté différentes parties de votre système digestif, appelé anastomose, commence à fuir) dans les 30 jours suivant l'opération.
- Changements du poids corporel par rapport au poids initial, mesurés au moins six mois après l'intervention chirurgicale.
- L'apparition d'un reflux biliaire, d'une inflammation dans la partie restante de l'estomac ou d'une inflammation de l'œsophage, mesurée au moins six mois après l'intervention chirurgicale.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études comparant la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée à d'autres types de rétablissement de continuité (Billroth I, Billroth II et Roux-en-Y normale) après une gastrectomie distale pour un cancer de l'estomac. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué le niveau de confiance des données probantes en fonction de facteurs tels que la méthodologie et la taille des études.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 10 études portant sur 1365 personnes, menées en Chine et en Corée du Sud. Parmi celles-ci, huit études, qui ont inclus 1167 participants, ont fourni des données pour nos analyses.
Dans notre comparaison de la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée et le montage Billroth II, la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée pourrait faire peu ou pas de différence au niveau des complications postopératoires majeures, de l'incidence des fuites anastomotiques et de la survenue d'une gastrite résiduelle, mais nous sommes très incertains quant à ces résultats. Elle pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les changements de poids corporel, mais pourrait réduire l'occurrence du reflux biliaire.
Dans notre comparaison entre la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée et la dérivation gastrique de Roux-en-Y, la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les complications postopératoires majeures et l'incidence des fuites anastomotiques. Elle pourrait augmenter la fréquence du reflux biliaire, mais pourrait faire peu ou pas de différence dans la fréquence de la gastrite résiduelle et de l’œsophagite. Nous sommes très incertains des résultats ci-dessus.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Nous avons peu confiance dans les données probantes car les études sont de petite taille et les résultats très variables. En outre, très peu d'études ont rapporté nos principaux critères de jugement. Il est probable que des recherches futures puissent modifier notre compréhension de ce sujet. Des études plus complètes sont nécessaires pour apporter des réponses plus claires et plus fiables.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Ces données probantes sont à jour jusqu'en novembre 2023.
Compte tenu de la prédominance de données probantes d’un niveau faible à très faible, cette revue Cochrane se heurte à la difficulté de fournir des orientations cliniques définitives. Nous avons constaté que la majorité des critères de jugement critiques pourraient être comparables entre la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée et d'autres méthodes de rétablissement de continuité, mais nous sommes très incertains quant à la plupart de ces résultats. Néanmoins, elle indique que la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée pourrait réduire l'incidence du reflux biliaire par rapport au montage Billroth-II, bien qu'avec un niveau de confiance faible. En revanche, par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y, la Roux-en-Y non coupée pourrait augmenter l'incidence du reflux biliaire, selon des données probantes d’un niveau de confiance très faible.
Pour renforcer les données probantes, d'autres essais rigoureux et à long terme sont nécessaires. En outre, ces études devraient explorer les variations dans les procédures chirurgicales, en particulier en ce qui concerne les dispositifs non coupés et les méthodes de prévention de la recanalisation. Des recherches futures pourraient éventuellement modifier les conclusions de cette revue.
Le choix d'une méthode de rétablissement de continuité optimale est essentiel pour les patients atteints d'un cancer gastrique qui subissent une gastrectomie distale. La dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée, une variante de l'approche Roux-en-Y conventionnelle (ou variante du montage Billroth II), utilise des dispositifs non coupés pour occlure l'anse afférente du jéjunum. Cette modification vise à atténuer le syndrome post-gastrectomie et à améliorer les résultats à long terme. Cependant, les bénéfices comparatifs et les risques potentiels de cette approche par rapport à d'autres techniques de rétablissement de continuité restent un sujet de débat.
Évaluer les bénéfices et les risques de la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée après gastrectomie distale chez les patients atteints de cancer gastrique.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, PubMed, Embase, WanFang Data, China National Knowledge Infrastructure et les registres d'essais cliniques pour les essais publiés et non publiés jusqu'en novembre 2023. Nous avons également examiné manuellement les références des revues systématiques pertinentes identifiées lors de notre recherche. Nous n'avons imposé aucune restriction sur la langue.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des quasi ECR comparant la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée à d'autres montages après gastrectomie distale pour cancer gastrique. Les groupes de comparaison comprenaient d'autres montages tels que Billroth I, Billroth II (avec ou sans anastomose de Braun), et la dérivation gastrique de Roux-en-Y.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards de Cochrane. Les critères de jugement critiques comprenaient la qualité de vie liée à la santé au moins six mois après l'opération, les complications postopératoires majeures dans les 30 jours suivant l'opération selon la classification de Clavien-Dindo (grades III à V), les fuites anastomotiques dans les 30 jours, les changements de poids corporel (kg) au moins six mois après l'opération, et l'incidence du reflux biliaire, de la gastrite résiduelle et de l'œsophagite au moins six mois après l'opération. Nous avons utilisé l'approche GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.
Nous avons identifié huit essais, incluant 1167 participants, qui ont contribué aux données de nos méta-analyses. Ces essais ont été menés exclusivement dans des pays d'Asie de l'Est, principalement en Chine. Les études variaient quant aux types de dispositifs non coupés utilisés, allant des agrafeuses linéaires à 2 ou 6 rangs aux lignes de suture. Les périodes de suivi des critères de jugement à long terme s'étendaient de 3 mois à 42 mois, la plupart des études se concentrant sur une période de 6 à 12 mois. Nous avons classé le niveau de confiance des données probantes de faible à très faible.
La dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée par rapport au montage Billroth II
Dans le domaine des complications chirurgicales, des données probantes d’un niveau de confiance très faible suggèrent que la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée par rapport au montage Billroth II pourrait faire peu ou pas de différence en ce qui concerne les complications postopératoires majeures (risque relatif (RR) 0,98, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,24 à 4.05 ; I² = 0% ; différence de risques (DR) 0,00, IC à 95 % -0,04 à 0,04 ; I² = 0 % ; 2 études, 282 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et l'incidence des fuites anastomotiques (DR 0,64, IC à 95 % 0,29 à 1,44 ; I² non applicable ; DR -0,00, IC à 95 % -0,03 à 0,02 ; I² = 32 % ; 3 études, 615 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous sommes très incertains de ces résultats.
En se concentrant sur les critères de jugement à long terme, les données probantes d’un niveau de confiance faible à très faible suggèrent que la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée comparée au montage Billroth II pourrait faire peu ou pas de différence dans les changements de poids corporel (différence de moyennes (DM) 0,04 kg, IC à 95 % -0,84 à 0,92 kg ; I² = 0 % ; 2 études, 233 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible), pourrait réduire l'incidence du reflux biliaire dans le reste de l'estomac (RR 0,67, IC à 95 % 0.55 à 0,83 ; DR -0,29, IC à 95 % -0,43 à -0,16 ; nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat bénéfique supplémentaire 4, IC à 95 % 3 à 7 ; 1 étude, 141 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible), et pourrait avoir peu ou pas d'effet sur l'incidence de la gastrite résiduelle 0,27, IC à 95 % 0,01 à 5,06 ; I 2 = 78 % ; DR -0,15, IC à 95 % -0,23 à -0,07 ; I 2 = 0 % ; NST pour un résultat bénéfique supplémentaire 7, IC à 95 % 5 à 15 ; 2 études, 265 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Aucune étude n'a fait état de la qualité de vie ou de l'incidence de l'œsophagite.
La dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y
Dans le domaine des complications chirurgicales, des données probantes d’un niveau de confiance très faible suggèrent que la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée par rapport à la dérivation gastrique de Roux-en-Y pourrait faire peu ou pas de différence en ce qui concerne les complications postopératoires majeures (RR 4,74, IC à 95 % 0,23 à 97,08 ; I² non applicable ; DR 0.01, IC à 95 % -0,02 à 0,04 ; I² = 0 % ; 2 études, 256 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et l'incidence des fuites anastomotiques (RR 0,34, IC à 95 % 0,05 à 2,08 ; I² = 0 % ; DR -0,02, IC à 95 % -0,06 à 0,02 ; I² = 0 % ; 2 études, 213 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous sommes très incertains de ces résultats.
En se concentrant sur les critères de jugement à long terme, des données probantes d’un niveau de confiance très faible suggèrent que la dérivation gastrique de Roux-en-Y non coupée comparée à la dérivation gastrique de Roux-en-Y pourrait augmenter l'incidence du reflux biliaire dans l'estomac restant (RR 10,74, IC à 95 % 3,52 à 32.76 ; DR 0,57, IC à 95 % 0,43 à 0,71 ; NST pour un résultat bénéfique supplémentaire 2, IC à 95 % 2 à 3 ; 1 étude, 108 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et pourrait faire peu ou pas de différence dans l'incidence de la gastrite résiduelle (RR.18, IC à 95 % 0,69 à 2,01 ; I² = 60 % ; DR 0,03, IC à 95 % -0,03 à 0,08 ; I² = 0 % ; 3 études, 361 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et l'incidence de l’œsophagite (RR 0,82, IC à 95 % 0,53 à 1,26 ; I² = 0 % ; DR -0,02, IC à 95 % -0,07 à 0,03 ; I² = 0 % ; 3 études, 361 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous sommes très incertains de ces résultats.
Les données étaient insuffisantes pour évaluer l'impact sur la qualité de vie et l'évolution du poids corporel.
Post-édition effectuée par Inès Belalem et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr