Principaux messages
Nous n'avons pas trouvé suffisamment de données probantes pour dire si les blocs du système nerveux sympathique soulagent davantage la douleur que les « soins standards ». Le risque de préjudices liés aux blocs du système nerveux sympathique n'est pas clair.
Nous n'avons pas trouvé suffisamment de données probantes pour dire si les blocs du système nerveux sympathique améliorent ou réduisent la qualité de vie.
Les études futures devraient se concentrer sur les différents types de blocs du système nerveux sympathique qui ne sont pas bien représentés dans les études actuelles.
Qu'est-ce qu'une douleur persistante due à un cancer abdomino-pelvien inopérable ?
Le « cancer abdomino-pelvien » est un nom donné à tout type de cancer qui affecte le ventre ou le bassin, chez des personnes atteintes d'un large éventail de cancers différents. Le cancer pourrait avoir commencé à cet endroit ou s'y être propagé à partir d'un autre endroit. Parfois, le cancer peut provoquer des douleurs ressenties dans la région du ventre ou plus bas dans le bassin. Cette douleur est parfois difficile à traiter, en particulier si le cancer ne peut être enlevé ou guéri (inopérable).
Comment la douleur est-elle traitée ?
Les traitements de la douleur cancéreuse au niveau du ventre et/ou du bassin sont les suivants :
- les « soins standards », qui comprennent des analgésiques puissants, généralement de la morphine, et/ou d'autres médicaments et traitements pour soulager la douleur ;
- les traitements anticancéreux (par exemple, la chimiothérapie ou la radiothérapie) ;
- des traitements visant à empêcher les signaux de la douleur d'atteindre le cerveau, où vous « ressentez » la douleur. Il s'agit notamment de blocages du système nerveux sympathique et d'autres types de traitements bloquant les nerfs.
Qu'est-ce qu'un bloc du système nerveux sympathique ?
Il s'agit d'un nom donné à un certain nombre de types de traitements différents qui visent tous à arrêter de manière permanente les nerfs qui transmettent les signaux de la douleur au cerveau. Cela permet de réduire la douleur ressentie par la personne qui reçoit le traitement.
Qu'avons-nous voulu découvrir ?
Nous voulions savoir si le blocage du système nerveux sympathique en plus des « soins standards » ou du placebo :
- aiderait un plus grand nombre de personnes à ne ressentir une douleur pas plus grave que légère ;
- améliorerait la qualité de vie ;
- serait aussi sûr que les soins standards, ou s'il existe une différence de risques de dommages graves ;
- réduirait l'intensité de la douleur ressentie et dans quelle mesure pour la plupart des personnes ;
- réduirait la quantité d'analgésiques puissants nécessaires pour contrôler la douleur ;
- entraînerait une plus grande satisfaction chez les personnes bénéficiant du traitement ;
- soulagerait durablement la douleur et pendant combien de temps.
Nous voulions également voir si deux blocs différents du système nerveux sympathique, plutôt qu'un seul, auraient une incidence sur les résultats ci-dessus.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études comparant les blocs du système nerveux sympathique à un placebo ou aux « soins standards » chez des personnes atteintes d'un cancer incurable et souffrant de douleurs liées au cancer abdomino-pelvien. Nous avons également recherché des études comparant les blocs de deux nerfs sympathiques aux blocs d'un seul nerf sympathique.
Nous avons comparé et résumé les résultats des études et les avons évalués par étapes. Nous avons évalué la qualité des données probantes en fonction des méthodes utilisées.
Qu'avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 17 études portant sur 1025 adultes souffrant de douleurs dans le ventre et/ou le bassin dues à un cancer qui n'a pas pu être enlevé. L'étude la plus importante comptait 139 personnes et la plus petite 21 personnes. Les études ont été menées dans de nombreux pays du monde, notamment aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Italie, en Chine, au Japon et au Brésil. La plupart des études ont duré trois mois, mais la plus longue a été d'un an et la plus courte d'un mois. Aucune n'a été financée par des sociétés commerciales et aucune n'a inclus de placebo à titre de comparaison.
Lorsque les blocs du système nerveux sympathique sont administrés avec les soins standards :
- il n'est pas clair si plus ou moins de personnes ont une « douleur pas plus grave que légère » ;
- ils pourraient avoir que peu ou pas d'incidence sur la qualité de vie ;
- il n'est pas clair si le traitement entraîne des risques plus ou moins graves ;
- ils pourraient avoir peu ou pas d'effet sur l'intensité de la douleur pour la plupart des gens ;
- ils pourraient ou non réduire la quantité d'analgésiques puissants (comme la morphine) nécessaires pour contrôler la douleur ;
- nous ne connaissons pas l'effet sur la satisfaction ni la durée des effets de soulagement de la douleur.
Lorsque deux blocs du système nerveux sympathique différents sont administrés au lieu d'un seul :
- nous ne savons pas si plus ou moins de personnes ont une « douleur pas plus grave que légère » ;
- nous ne connaissons pas l'effet sur la qualité de vie ;
- il n'est pas clair si le traitement entraîne des risques plus ou moins graves ;
- ils pourraient avoir peu ou pas d'effet sur l'intensité de la douleur pour la plupart des gens ;
- ils pourraient faire peu ou pas de différence avec la quantité d'analgésiques puissants nécessaires pour contrôler la douleur ;
- nous ne connaissons pas l'effet sur la satisfaction ni la durée des effets de soulagement de la douleur.
Nous sommes très incertains de ces résultats.
Quelles sont les limites des données probantes ?
La plupart des études étaient de très petite taille et ne portaient que sur un seul type de cancer et de traitement. Notre question était plus large que cela. Les études n'ont pas fourni toutes les données dont nous avions besoin, et il est possible que de nombreuses personnes aient été informées du traitement qu'elles recevaient. Nous ne pouvons pas nous fier aux données probantes que nous avons trouvées.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'en octobre 2023.
Il existe peu de données probantes pour soutenir ou réfuter l'utilisation de blocs du système nerveux sympathique en cas de douleur abdomino-pelvienne persistante due à une tumeur maligne inopérable. Nous sommes très incertains quant à l'effet des blocs combinés du système nerveux sympathique par rapport aux blocs simples du système nerveux sympathique. Le niveau de confiance des données probantes est très faible et ces résultats doivent être interprétés avec prudence.
La douleur viscérale persistante est une sensation désagréable provenant d'un ou de plusieurs organes du corps. La douleur viscérale est un symptôme courant chez les personnes atteintes d'un cancer avancé. Les procédures interventionnelles, telles que les blocs neurolytiques du système nerveux sympathique, ont été suggérées comme des traitements supplémentaires pouvant jouer un rôle dans l'optimisation de la gestion de la douleur chez les personnes souffrant de cette affection.
Évaluer les bénéfices et les risques des blocs neurolytiques du système nerveux sympathique pour la douleur viscérale persistante chez les adultes atteints d'un cancer abdomino-pelvien inopérable, en les comparant aux soins standards ou à un placebo, et en comparant les blocs uniques aux blocs combinés.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes sans restriction de langue le 19 octobre 2022 et avons effectué une recherche complémentaire le 31 octobre 2023 : CENTRAL ; MEDLINE via Ovid ; Embase via Ovid ; LILACS. Nous avons effectué des recherches dans les registres d'essais sans restriction de langue le 2 novembre 2022 : ClinicalTrials.gov ; Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l’OMS. Nous avons recherché de la littérature grise, vérifié les références bibliographiques des revues et des articles retrouvés pour trouver des études supplémentaires, et effectué des recherches de citations sur les articles clés. Nous avons également contacté des experts dans le domaine pour connaître les essais non publiés et en cours. Notre protocole d'essai a été préenregistré dans la base systématique des revues Cochrane le 21 octobre 2022.
Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant tout bloc nerveux sympathique ciblant des sites couramment utilisés pour traiter la douleur abdomino-pelvienne due à des tumeurs malignes inopérables chez les adultes aux soins standards ou à un placebo.
Nous avons sélectionné les essais de manière indépendante sur la base de critères d'inclusion prédéfinis, en résolvant toute différence par adjudication avec un troisième auteur de la revue. Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires car une certaine hétérogénéité était attendue entre les études en raison des différences entre les interventions évaluées et les types de tumeurs malignes incluses dans la population d'étude. Nous avons choisi trois critères de jugement principaux et quatre critères de jugement secondaires d'intérêt. Nous avons demandé l'avis des consommateurs pour affiner les critères de jugement de la revue et évalué les données extraites à l'aide de l'outil de Cochrane sur le risque de biais (RoB 2). Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes à l’aide du système GRADE.
Nous avons inclus 17 études avec 1025 participants dans cette revue. Quinze études avec un total de 951 participants ont contribué à l'analyse quantitative.
Bloc unique par rapport aux soins standards
Critères de jugement principaux
Aucune des études incluses n'a fait rapporté notre critère de jugement principal, à savoir la proportion de participants déclarant que leur douleur n'était pas plus grave que légère après le traitement à 14 jours. Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet des blocs du système nerveux sympathique sur la réduction de la douleur pas plus grave que légère à 14 jours, par rapport aux soins standards, en raison de l'insuffisance des données (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les blocs du système nerveux sympathique pourraient apporter une amélioration faible à « peu ou pas du tout » des scores de qualité de vie (QV) 14 jours après le traitement par rapport aux soins standards, mais les données probantes sont très incertaines (différence de moyennes standardisée (DMS) -0,73, intervalle de confiance (IC) à 95 % -1,70 à 0,25 ; I² = 87 % ; 4 études, 150 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne le risque d'événements indésirables graves tels que définis dans notre revue, car une seule étude a fourni des données sur ce critère de jugement. Les blocs du système nerveux sympathique pourraient présenter un « risque accru » à « aucun risque supplémentaire » par rapport aux soins standards (données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Critères de jugement secondaires
Les blocs du système nerveux sympathique ont montré « peu ou pas » d’effet sur les scores de douleur rapportés par les participants à 14 jours en utilisant une échelle visuelle analogique (EVA) de 0 à 10 pour la douleur par rapport aux soins standards, mais les données probantes sont très incertaines (différence de moyennes (DM) -0,44, IC à 95 % -0,98 à 0,11 ; I² = 56 % ; 5 études, 214 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il pourrait y avoir une réduction « modérée à importante » ou « faible à nulle » de la consommation quotidienne d'opioïdes après l'intervention à 14 jours avec les blocs du système nerveux sympathique par rapport aux soins standards, mais les données probantes sont très incertaines (changement de la consommation quotidienne d'opioïdes à 14 jours en milligrammes d'équivalent morphine (MME) oraux) : DM -41,63 mg, IC à 95 % -78,54 mg à -4,72 mg ; I² = 90 % ; 4 études, 130 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet des blocs du système nerveux sympathique sur la satisfaction des participants à l'égard de l'intervention entre 0 et 7 jours et sur le délai avant la nécessité d'un retraitement ou l'échec de l'effet du traitement (ou les deux), en raison de l'insuffisance des données.
Bloc combiné par rapport à un bloc unique
Critères de jugement principaux
Il n'y a pas de données probantes sur l'effet des blocs combinés du système nerveux sympathique par rapport aux blocs simples du système nerveux sympathique sur la proportion de participants déclarant que leur douleur n'est pas plus grave que légère après le traitement à 14 jours, car aucune étude n'a rapporté ce critère de jugement. Il est possible qu'il y ait un effet faible à « peu ou pas du tout » sur le score de qualité de vie 14 jours après le traitement, mais les données probantes sont très incertaines (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne le risque d'événements indésirables graves liés aux blocs combinés du système nerveux sympathique par rapport aux blocs simples du système nerveux sympathique, en raison du nombre limité de rapports dans les études incluses (données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Critères de jugement secondaires
Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet des blocs du système nerveux sympathique combinés par rapport aux blocs du système nerveux sympathique simples sur le score de douleur rapporté par les participants et le changement dans la consommation quotidienne d'opioïdes après l'intervention, à 14 jours. Il pourrait y avoir un effet faible à « peu ou pas » d’effet, mais les données probantes sont très incertaines (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il n'y a pas de données probantes concernant l'effet sur la satisfaction des participants à l'égard de la procédure entre 0 et 7 jours et le délai avant la nécessité d'un nouveau traitement ou l'échec de l'effet du traitement (ou les deux), ces critères de jugement n'ayant pas été mesurés par les études.
Risque de biais
Le risque de biais était majoritairement élevé pour la plupart des critères de jugement dans la plupart des études, en raison de préoccupations significatives concernant la mise en aveugle adéquate. Très peu d'études ont été jugées à faible risque dans tous les domaines, quel que soit le critère de jugement.
Post-édition effectuée par Inès Belalem et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr