Principaux messages
- Pour les personnes âgées de 65 ans et plus atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) avancé et n'ayant jamais été traitées pour un cancer, l'ajout d'une immunothérapie à la chimiothérapie permet de prolonger la vie et d'allonger le délai avant que leur cancer ne progresse. Ce constat provient d'études ayant principalement inclus des personnes âgées de 65 à 75 ans.
- Nous n'avons pas trouvé ces mêmes effets bénéfiques de l'ajout de l'immunothérapie à la chimiothérapie chez les personnes de plus de 75 ans.
Qu'est-ce qu'un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) avancé ?
Le CPNPC est l'un des deux principaux types de cancer du poumon. Environ 80 à 85 % des cas de cancer du poumon sont des CPNPC. Cela touche principalement les personnes âgées : le diagnostic est posé à un âge moyen de 71 ans. Le CPNPC est généralement détecté au stade métastatique, ou avancé, ce qui signifie que le cancer s'est propagé au-delà du poumon d'origine. À ce stade, il ne peut pas être guéri, mais le traitement peut aider à le contrôler, à améliorer les symptômes et à la qualité de vie.
Comment le CPNPC est-il traité ?
Les options de traitement varient en fonction du stade du cancer, des caractéristiques de la tumeur et d'autres facteurs. La chimiothérapie - des produits chimiques puissants qui tuent les cellules cancéreuses - a été le pilier du traitement du cancer du poumon. Les immunothérapies sont des traitements plus récents qui peuvent aider le système immunitaire à lutter contre le cancer. Elles ont montré des résultats positifs lorsqu'elles sont combinées avec la chimiothérapie pour les personnes atteintes de cancer du poumon avancé. Cependant, avec l'âge, le système immunitaire se modifie et devient moins efficace dans la lutte contre le cancer. Ceci est appelé l'immunosénescence.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions déterminer si, dans le contexte de l'immunosénescence, les immunothérapies sont efficaces chez les personnes de 65 ans et plus atteintes de CPNPC avancé, et quels sont les effets de l'intensification du traitement basé sur la chimiothérapie par l'ajout d'immunothérapie.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études qui ont examiné l'effet de l'administration de chimiothérapie combinée à l’immunothérapie par rapport à la chimiothérapie seule chez des personnes de 65 ans et plus atteintes de CPNPC avancé qui n'avaient pas encore reçu de traitement contre le cancer. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué le niveau de confiance des données probantes en fonction de facteurs tels que la méthodologie et la taille des études.
Qu'avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 17 études avec un total de 4276 personnes éligibles pour être incluses dans cette revue. Les études ont comparé l'immunothérapie associée à la chimiothérapie, à la chimiothérapie seule chez les personnes de 65 ans et plus atteintes de CPNPC avancé n'ayant pas été traitées auparavant. Douze des 17 études comprenaient des personnes de plus de 75 ans, mais ce groupe d'âge ne représentait que 9 % à 13 % de l'ensemble des participants aux études.
- Chez les personnes âgées de 65 ans et plus, l'ajout de l'immunothérapie à la chimiothérapie a permis de prolonger la vie et d'allonger le délai avant la progression du cancer, par rapport à la chimiothérapie seule. Les deux traitements ont présenté le même taux d'effets toxiques. La plupart des personnes incluses dans ces études avaient entre 65 et 75 ans.
- Chez les personnes âgées de 75 ans et plus, l'ajout d'une immunothérapie à la chimiothérapie pourrait ne pas prolonger la vie ou allonger le temps avant la progression du cancer par rapport à la chimiothérapie seule.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Le niveau de confiance des données probantes variait de modéré à très faible, et il a été abaissé en raison de préoccupations concernant la conception de certaines études. Une seule étude a évalué certains des critères de jugement qui nous intéressaient. Aucune des études n'a évalué la qualité de vie liée à la santé des personnes.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'au 23 août 2023.
Comparée à la chimiothérapie à base de platine seule, l'ajout d'inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) à la chimiothérapie à base de platine entraîne probablement une amélioration de la survie globale et de la survie sans progression, sans augmentation des événements indésirables liés au traitement (grade 3 ou supérieur), chez les personnes de 65 ans et plus atteintes de cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) avancé. Ces données sont basées sur les résultats d'études dominées par des participants âgés de 65 à 75 ans. Cependant, l'analyse suggère également que les améliorations rapportées en termes de survie globale et de survie sans progression pourraient ne pas être observées chez les personnes âgées de plus de 75 ans.
Le cancer du poumon est un cancer des personnes âgées, avec un âge médian au moment du diagnostic de 71 ans. Plus d'un tiers des personnes diagnostiquées avec un cancer du poumon ont plus de 75 ans. Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) sont des anticorps spéciaux qui ciblent une voie du système immunitaire appelée voie de la protéine-1 de la mort cellulaire programmée (PD-1) et son ligant (PD-L1) (PD-1/PD-L1). Ces anticorps aident le système immunitaire à combattre les cellules cancéreuses en bloquant les signaux que les cellules cancéreuses utilisent pour éviter d'être attaquées par le système immunitaire. Les ICI ont modifié le traitement des personnes atteintes d'un cancer du poumon. En particulier, pour les personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) avancé et non traité auparavant, le traitement de première ligne actuel comprend désormais des ICI associés à une chimiothérapie à base de platine, plutôt qu'une chimiothérapie à base de platine seule, quel que soit leur statut d'expression de PD-L1. Cependant, avec l'âge, le système immunitaire se modifie et devient moins efficace dans ses réponses aux lymphocytes T. Cela soulève des questions sur l'efficacité des ICI chez les personnes âgées.
Évaluer les effets des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI) en combinaison avec une chimiothérapie à base de platine par rapport à une chimiothérapie à base de platine (avec ou sans bevacizumab) chez des adultes de 65 ans et plus, atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules avancé et n'ayant jamais reçu de traitement.
Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur le cancer du poumon, CENTRAL, MEDLINE, Embase, deux autres registres d'essais et sur les sites web des organismes de réglementation des médicaments. La dernière date de recherche était le 23 août 2023. Nous avons également vérifié les références et recherché les résumés des réunions de sept organisations de lutte contre le cancer de 2019 à août 2023.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) qui ont rapporté l'efficacité et la sécurité de l'ajout d'ICI à une chimiothérapie à base de platine par rapport à une chimiothérapie à base de platine seule chez les personnes de 65 ans et plus qui n'avaient pas été traitées auparavant. Toutes les données proviennent d'études multicentriques internationales impliquant des adultes atteints d'un CPNPC avancé confirmé histologiquement et n'ayant pas reçu de traitement anticancéreux systémique antérieur pour leur maladie avancée.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nos critères de jugement principaux étaient la survie globale et les événements indésirables liés au traitement (de grade 3 ou plus). Nos critères de jugement secondaires étaient la survie sans progression, le taux de réponse objective, le délai de réponse, la durée de réponse et la qualité de vie liée à la santé (QVLS).
Nous avons inclus 17 études primaires, avec un total de 4276 participants, dans la synthèse de la revue. Nous avons identifié neuf études en cours et répertorié une étude comme étant « en attente de classification ». Douze des 17 études ont inclus des personnes âgées de plus de 75 ans, représentant 9 à 13 % de leurs participants. Nous avons classé certaines études comme présentant « quelques préoccupations » en raison du risque de biais lié au processus de randomisation, aux écarts par rapport aux interventions prévues ou à la mesure des critères de jugement. La note globale GRADE pour le niveau de confiance des données probantes variait de modérée à faible en raison du risque de biais, d’imprécision ou d'incohérence.
Personnes âgées de 65 ans et plus
L'ajout d'ICI à une chimiothérapie à base de platine a probablement augmenté la survie globale par rapport à une chimiothérapie à base de platine seule (rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) de 0,78, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,70 à 0,88 ; 8 études, 2093 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Une seule étude a rapporté des données sur les événements indésirables liés au traitement (grade 3 ou plus). La fréquence des événements indésirables liés au traitement pourrait ne pas différer entre les deux groupes de traitement (risque relatif (RR) de 1,09, IC à 95 % de 0,89 à 1,32 ; 1 étude, 127 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). L'ajout d'ICI à une chimiothérapie à base de platine améliore probablement la survie sans progression (RH de 0,61, IC à 95 % de 0,54 à 0,68 ; 7 études, 1885 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).
Personnes âgées de 65 à 75 ans inclus
L'ajout d'un ICI à une chimiothérapie à base de platine a probablement amélioré la survie globale par rapport à une chimiothérapie à base de platine seule (RH 0,75, IC à 95 % 0,65 à 0,87 ; 6 études, 1406 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Une seule étude a rapporté des données sur les événements indésirables liés au traitement (grade 3 ou plus). La fréquence des événements indésirables liés au traitement a probablement augmenté chez les personnes traitées par un ICI associé à une chimiothérapie à base de platine par rapport à celles traitées par une chimiothérapie à base de platine seule (RR 1,47, IC à 95 % 1,02 à 2,13 ; 1 étude, 97 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). L'ajout d'ICI à une chimiothérapie à base de platine a probablement amélioré la survie sans progression (RH 0,64, IC à 95 % à 0,57 à 0,73 ; 8 études, 1466 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).
Personnes âgées de 75 ans et plus
Il n’y aurait pas de différence en termes de survie globale chez les personnes traitées par des ICI combinés à une chimiothérapie à base de platine par rapport à une chimiothérapie à base de platine seule (RH 0,90, IC à 95 % 0,70 à 1,16 ; 4 études, 297 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Aucune donnée sur les événements indésirables liés au traitement n'était disponible dans ce groupe d'âge. L'effet de l'association d’ICI et de la chimiothérapie à base de platine sur la survie sans progression est incertain (RH 0,83, IC à 95 % à 0,51 à 1,36 ; 3 études, 226 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Seules trois études ont évalué le taux de réponse objective. En ce qui concerne le délai de réponse, la durée de la réponse et la qualité de vie liée à la santé, nous ne disposons pas encore de données probantes.
Post-édition effectuée par Audrey Giraud et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr