Le sulfate de magnésium aide à prévenir les crises d'éclampsie chez les femmes enceintes atteintes de pré-éclampsie ('toxémie').
Certaines femmes ont une pression sanguine élevée avec des protéines dans les urines pendant la grossesse (pré-éclampsie, ou 'toxémie'). La plupart des femmes souffrant de pré-éclampsie accouchent sans problème. Toutefois, une pré-éclampsie grave peut entraîner des problèmes tels qu'un AVC, une insuffisance rénale, une insuffisance hépatique et une coagulation sanguine. Quelques femmes ont des crises convulsives (éclampsie). Ces problèmes peuvent entraîner la naissance d'un bébé de petit poids ou d'un bébé prématuré. Si la femme a une éclampsie, son bébé et elle sont tous les deux exposés à un risque élevé de décès. L'éclampsie est très courante dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Cette revue de 15 études a démontré que le sulfate de magnésium réduisait le nombre de femmes déclenchant une éclampsie, mais n'améliorait pas la santé des bébés. Le sulfate de magnésium avait des effets secondaires pour la mère, principalement des rougeurs. Le suivi des femmes et des enfants est rassurant quant au fait qu'il n'y a aucun effet indésirable plus tard.
Le sulfate de magnésium a réduit de plus de moitié le risque d'éclampsie et diminue probablement le risque de décès maternel. Il n'existe aucun effet évident sur le résultat après la sortie de l'hôpital. Un quart des femmes mentionnent des effets secondaires avec le sulfate de magnésium.
L'éclampsie, la survenue d'une crise convulsive en association avec la pré-éclampsie, est rare mais potentiellement mortelle. Le sulfate de magnésium est le médicament de choix pour traiter l'éclampsie. Cette revue évalue son utilisation pour prévenir l'éclampsie.
Évaluer les effets du sulfate de magnésium et autres anticonvulsifs sur la prévention de l'éclampsie.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (4 juin 2010) et dans le registre Cochrane des essais contrôlés (The Cochrane Library 2010, Numéro 3).
Les essais randomisés comparant les anticonvulsifs avec un placebo ou aucun anticonvulsif, ou les comparaisons entre les différents médicaments, pour la pré-éclampsie.
Deux auteurs ont indépendamment évalué la qualité des essais et extrait des données.
Nous avons inclus 15 essais. Six essais (11 444 femmes) comparaient le sulfate de magnésium à un placebo ou aucun anticonvulsif : le sulfate de magnésium a réduit de plus de moitié le risque d'éclampsie (risque relatif (RR) 0,41 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,29 à 0,58 ; nombre de sujets à traiter pour observer un résultat bénéfique supplémentaire (NSTb) 100, IC à 95 % 50 à 100), avec une baisse non significative du décès de la mère (RR 0,54 ; IC à 95 % 0,26 à 1,10) mais aucune différence évidente sur la morbidité maternelle (RR 1,08 ; IC à 95 % 0,89 à 1,32). Il a réduit le risque de décollement placentaire (RR 0,64 ; IC à 95 % 0,50 à 0,83) ; NSTb 100 ; IC à 95 % 50 à 100) et augmenté le taux de césarienne (RR 1,05 ; IC à 95 % 1,01 à 1,10). Il n'a été constaté aucune différence évidente dans le nombre de mort-né ou la mort néonatale (RR 1,04 ; IC à 95 % 0,93 à 1,15). Les effets secondaires, principalement les rougeurs, étaient plus fréquents avec le sulfate de magnésium (24 % vs 5 % ; RR 5,26 ; IC à 95 % 4,59 à 6,03) ; nombre nécessaire pour nuire (NNN) 6 ; IC à 95 % 5 à 6).
Le suivi était mentionné par un essai qui comparait le sulfate de magnésium à un placebo : pour 3 375 femmes, il n'y avait aucune différence évidente dans les décès (RR 1,79 IC à 95 % 0,71 à 4,53) ou la morbidité potentiellement liée à la pré-éclampsie (RR 0,84 ; IC à 95 % 0,55 à 1,26) (suivi moyen 26 mois) ; pour 3 283 enfants exposés in utero, il n'a été constaté aucune différence claire dans les décès (RR 1,02 ; IC à 95 % 0,57 à 1,84) ou les séquelles neurosensorielles (RR 0,77 ; IC à 95 % 0,38 à 1,58) à l'âge de 18 mois.
Le sulfate de magnésium a réduit l'éclampsie par rapport à la phénytoïne (trois essais, 2 291 femmes ; RR 0,08 ; IC à 95 % 0,01 à 0,60) et la nimodipine (un essai, 1 650 femmes ; RR 0,33 ; IC à 95 % 0,14 à 0,77).