À l'échelle mondiale, le cancer de la vessie est très fréquent. Dans des cas rares, il s'étend jusqu'au muscle vésical. L'association d'un traitement chirurgical et par radiation (radiothérapie) est utilisée pour essayer de traiter le cancer de la vessie ayant envahi le muscle. Un traitement implique une radiothérapie, suivie d'une chirurgie majeure visant à retirer la vessie. Un autre traitement utilise une radiothérapie intensive, suivie d'une chirurgie mineure, le cas échéant Toutefois, on ignore quel traitement offre les meilleures chances de survie aux malades. La présente revue a déterminé que la survie était meilleure chez les personnes bénéficiant d'une chirurgie majeure par rapport à une radiothérapie majeure, bien que les récentes avancées en matière chirurgicale et radiothérapeutique n'aient pas encore fait l'objet d'études.
L'analyse de la présente revue suggère qu'il existe des effets bénéfiques sur la survie globale avec la chirurgie radicale par rapport à la radiothérapie radicale chez les patients atteints d'un cancer musculo-invasif de la vessie. Toutefois, il faut retenir que seuls trois essais étaient inclus pour l'analyse, que le nombre de patients était réduit et que plusieurs d'entre eux n'ont pas bénéficié du traitement pour lequel ils étaient randomisés. Il faut également noter que de nombreuses améliorations ont été apportées au niveau de la radiothérapie et de la chirurgie depuis le début de ces essais.
Le cancer musculo-invasif de la vessie est un problème clinique grave et mortel pour la majorité des patients. Des traitements alternatifs de cette affection sont la cystectomie radicale ou la radiothérapie radicale. Le choix de traitement varie selon le pays de résidence. Le traitement idéal consisterait à préserver la vessie par une éradication totale de la tumeur, sans compromettre la survie.
L'objectif de la présente revue était de comparer la survie globale après une chirurgie radicale (cystectomie) à une radiothérapie radicale chez les patients atteints d'un cancer musculo-invasif.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (juillet 2001), MEDLINE (juillet 2001), EMBASE (juillet 2001), CancerLIT (juillet 2001), Healthstar (juillet 2001) et la base de données DARE (Database of Abstracts of Reviews of Effectiveness) (juillet 2001). Nous avons tenté de contacter les auteurs de données non publiées.
Les essais randomisés comparant la chirurgie à la radiothérapie étaient éligibles pour l'évaluation.
Trois relecteurs ont évalué la qualité méthodologique des essais selon les directives Cochrane. Des données ont été extraites du texte de l'article ou extrapolées à partir du graphique de Kaplan-Meier. Le rapport des cotes de Peto a été déterminé afin de comparer la survie globale et la survie spécifique à la maladie. L'analyse a été réalisée en intention de traiter puis sur la base du traitement effectivement reçu.
Trois essais randomisés comparant une radiothérapie préopératoire suivie d'une cystectomie radicale (chirurgie) à une radiothérapie radicale avec cystectomie de sauvetage (radiothérapie radicale) étaient éligibles pour l'évaluation. Ces essais représentaient un total de 439 patients, dont 221 étaient randomisés pour subir une chirurgie et 218 une radiothérapie radicale. Ces trois essais ont été combinés pour obtenir des résultats concernant la survie globale et un a permis de réaliser une analyse spécifique à la maladie (Bloom 1982).
La survie globale moyenne (analyse en intention de traiter) à 3 et 5 ans était de 45 % et 36 % pour le chirurgie et de 28 % et 20 % pour la radiothérapie, respectivement. L'analyse du rapport des cotes de Peto (intervalle de confiance à 95 %) était largement en faveur de la chirurgie en termes de survie globale. Les résultats favorisaient significativement la chirurgie à 3 ans (RC = 1,91, IC à 95 % 1,30 à 2,82) et à 5 ans (RC = 1,85, IC à 95 % 1,22 à 2,82).
Sur la base d'un « traitement reçu », les résultats étaient significativement en faveur de la chirurgie à 3 (RC = 1,84, IC à 95 % 1,17 à 2,90) et 5 ans (RC = 2,17, IC à 95 % 1,39 à 3,38) concernant la survie globale et à 3 ans (RC = 1,96, IC à 95 % 1,06 à 3,65) concernant la survie spécifique à la maladie.