Un anévrisme est un élargissement (dilatation) localisé d'une artère. Le vaisseau sanguin peut éclater (se rompre) parce que la paroi du vaisseau est affaiblie. Environ 5 à 10 % des hommes âgés de 65 à 79 ans ont un anévrisme abdominal dans la région de l'aorte, la principale artère partant du cœur qui traverse l'abdomen. Les anévrismes de l'aorte abdominale sont souvent asymptomatiques mais une rupture est une urgence chirurgicale et entraîne souvent le décès du patient. Un anévrisme supérieur à 5 cm comporte un risqué élevé de rupture. Les anévrismes plus petits sont surveillés régulièrement à l'aide des ultrasons pour vérifier s'ils grandissent. La réparation chirurgicale élective des anévrismes de l'aorte vise à prévenir le décès dû à la rupture. L'incidence d'un anévrisme de l'aorte chez les femmes qui vieillissent est plus faible que chez les hommes.
Cette revue a identifié quatre essais contrôlés impliquant 127 891 hommes et 9 342 femmes qui ont été répartis de manière aléatoire dans le groupe avec dépistage de l'anévrisme de l'aorte avec ultrasons ou dans le groupe sans dépistage. Seul un essai incluait des femmes. Deux essais ont été réalisés au RU, un au Danemark et un en Australie. Les résultats apportent la preuve d'un avantage du dépistage chez les hommes avec une diminution très significative des décès liés à un anévrisme de l'aorte abdominale. Le rapport des cotes (OR) pour le décès était de 0,60 (allant de 0,47 à 0,78, trois essais) chez les hommes âgés de 65 à 83 ans, mais n'était pas significatif pour les femmes. Dans un essai, une incidence moindre de la rupture de l'anévrisme a également été constatée chez les hommes mais pas chez les femmes.
La mortalité toutes causes n'était pas significativement différente entre le groupe dépisté et le groupe non dépisté, environ trois à cinq ans après le dépistage, ce qui était attendu au vu de la relative rareté de l'anévrisme de l'aorte abdominale comme cause de décès.
Les hommes qui ont été dépistés ont subi plus de chirurgie pour leur anévrisme de l'aorte abdominale (OR 2,03 ; allant de 1,59 à 2,59, quatre essais) mais l'analyse des ressources semble démontrer le rapport coût-efficacité global du dépistage. Nous n'avons trouvé aucune donnée sur l'espérance de vie, les complications liées à la chirurgie ou la qualité de vie.
Il existe des preuves d'une baisse significative de la mortalité liée à un AAA chez les hommes âgés de 65 à 79 ans qui subissent un dépistage par ultrasons. Il n'y a pas suffisamment de preuves permettant de démontrer un avantage chez les femmes. Le rapport coût-efficacité peut être acceptable, mais a besoin d'analyses complémentaires réalisées par des experts. Ces découvertes doivent être considérées avec prudence pour juger si un programme de dépistage coordonné basé sur la population doit être introduit.
L'anévrisme de l'aorte abdominale (AAA) est présent chez 5 à 10 % des hommes âgés de 65 à 79 ans. La principale complication est la rupture qui représente une urgence chirurgicale. La mortalité après la rupture est élevée, 80 % pour les patients terminant à l'hôpital et 50 % pour ceux qui subissent une chirurgie pour une réparation d'urgence. Actuellement, la réparation chirurgicale élective est recommandée pour les anévrismes de diamètre supérieur à 5,5 cm afin de prévenir la rupture. Il est intéressant de dépister la population pour détecter, contrôler et réparer les anévrismes de l'aorte abdominale avant la rupture.
Déterminer les effets du dépistage d'un AAA sur les personnes asymptomatiques sur la mortalité, le traitement ultérieur, la qualité de vie et le rapport coût-efficacité du dépistage.
Le groupe Cochrane sur les maladies vasculaires périphériques a effectué des recherches dans son registre spécialisé (dernière recherche effectuée le 27 juillet 2007) et dans CENTRAL (dernière recherche en 2007, numéro 3).
Des essais contrôlés randomisés portant sur le dépistage de l'AAA.
Deux auteurs ont indépendamment évalué les essais et extrait des données.
Quatre études totalisant 127 891 hommes et 9 342 femmes ont été incluses dans cette revue. Seule une étude incluait des femmes.
Les résultats pour les hommes et les femmes ont été analysés séparément. Trois à cinq ans après le dépistage, il n'a été constaté aucune différence significative dans la mortalité toutes causes entre le groupe dépisté et le groupe non dépisté pour les hommes ou les femmes (hommes, rapport des cotes (OR) 0,95 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,85 à 1,07 ; femmes, OR 1,06 ; IC à 95 % 0,93 à 1,21).
Une baisse significative de la mortalité liée à un AAA a été constatée chez les hommes (OR 0,60 ; IC à 95 % 0,47 à 0,78), mais pas chez les femmes (OR 1,99 ; IC à 95 % 0,36 à 10,88). Dans cette analyse, la mortalité inclut le décès lié à la rupture et à la chirurgie d'urgence ou élective pour une réparation d'anévrisme. Une baisse significative de l'incidence de la rupture de l'anévrisme a également été constatée chez les hommes (OR 0,45 ; IC à 95 % 0,21 à 0,99), mais pas chez les femmes (OR 1,49 ; IC à 95 % 0,25 à 8,94).
Une hausse significative de la chirurgie liée à un AAA a été rapportée chez les hommes (OR 2,03 ; IC à 95 % 1,59 à 2,59). Ceci n'a pas été signalé chez les femmes. Nous n'avons trouvé aucune donnée sur l'espérance de vie, les complications liées à la chirurgie ou la qualité de vie subjective.