Lorsque le sang contient un nombre insuffisant de globules rouges ou que les globules rouges transportent une quantité d’hémoglobine insuffisante pour fournir des niveaux d’oxygène adéquats aux tissus, on parle alors d’anémie. Les concentrations en hémoglobine sont normalement réduites dans le sang de la mère durant la grossesse, améliorant ainsi le flux sanguin autour de l’utérus et vers le bébé. On parle alors parfois d'anémie physiologique, qui ne nécessite aucun traitement. La véritable anémie, cependant, peut être légère, modérée ou grave et peut être source de faiblesse, de fatigue et de vertiges. Une grave anémie entraîne un risque d’insuffisance cardiaque chez les femmes et est très courante dans les pays à faible revenu. L’anémie revêt plusieurs causes, notamment un manque de fer, d’acide folique ou de vitamine B12. Tous sont nécessaires à la fabrication des globules rouges et sont présents dans le cadre d'un régime équilibré. Le manque de fer, toutefois, représente la cause la plus courante d’anémie durant la grossesse. Un traitement en fer peut être administré par la bouche (voie orale), par injection dans le muscle (voie intramusculaire) ou par injection dans la veine (voie intraveineuse). La transfusion sanguine ou un médicament stimulant l’organisme pour qu’il produise plus de globules rouges (érythropoïétine) constituent également un des traitements possibles.
Nous avons identifié dans cette revue 23 essais comprenant 3 198 femmes enceintes. Un grand nombre d’essais ont été menés dans des pays à faible revenu et de nombreuses variantes thérapeutiques ont été étudiées. Le fer oral a réduit l’incidence de l’anémie, mais il provoque parfois une constipation et des nausées. Bien que les voies intramusculaire et intraveineuse aient davantage amélioré les taux de globules rouges et les réserves de fer que la voie orale, aucun résultat clinique (par exemple, la pré-éclampsie, les naissances avant terme et les hémorragies du post-partum) n’a été évalué et les données sur les effets indésirables sont insuffisantes. Le traitement par voie intraveineuse peut entraîner une thrombose veineuse (occlusion des veines) et le traitement par voie intramusculaire provoque des douleurs importantes et une décoloration au site d'injection. On ne sait pas si les mères et les bébés étaient en meilleure santé lorsque les mères ont reçu du fer pour traiter une anémie légère ou modérée durant la grossesse. Aucune étude n’a été menée sur le recours aux transfusions sanguines.
Globalement, l'insuffisance de preuves n'a pas permis d'établir quand ou comment l'anémie durant la grossesse doit être traitée.
Malgré l’incidence élevée et les conséquences de la maladie associées, il y a une pénurie d’essais de bonne qualité évaluant les effets cliniques maternels et néonataux de l’administration de fer chez les femmes anémiées. Un traitement quotidien par fer oral améliore les indices hématologiques, mais entraîne fréquemment des effets gastro-intestinaux indésirables. Le fer parentéral (par voies intramusculaire et intraveineuse) améliore la réponse hématologique par rapport au fer oral, mais les préoccupations se portent sur les éventuels effets indésirables importants (pour le traitement par voie intraveineuse : une thrombose veineuse et des réactions allergiques ; pour le traitement par voie intramusculaire : des douleurs importantes, une décoloration et des réactions allergiques). Des essais de bonne qualité à grande échelle évaluant les résultats cliniques (notamment les effets indésirables) ainsi que les effets du traitement selon la gravité de l’anémie doivent être effectués.
La carence en fer, qui représente la cause la plus courante d’anémie au cours de la grossesse dans le monde, peut être légère, modérée ou grave. Une anémie grave peut avoir des conséquences très sérieuses pour les mères et les bébés, mais la question de savoir si le traitement de l’anémie légère ou modérée apporte plus de bénéfice que de préjudice reste sujette à controverse.
Évaluer les effets des différents traitements de l’anémie due à une carence en fer (définie comme un taux d’hémoglobine inférieur à 11 g/dl ou d’autres paramètres équivalents) lors de la grossesse sur la morbidité et la mortalité maternelles et néonatales.
Nous avons effectué une recherche dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et l'accouchement (7 juin 2011), CENTRAL (2011, numéro 5), PubMed (1966 à juin 2011), le système d’enregistrement international des essais cliniques - International Clinical Trials Registry Platform (ICTRP) (2 mai 2011), Health Technology Assessment Program (HTA) (2 mai 2011) et LATINREC (Colombie) (2 mai 2011).
Essais cliniques randomisés comparant les traitements de l’anémie due à une carence en fer durant la grossesse.
Nous avons identifié 23 essais comprenant 3 198 femmes. Nous avons évalué leur risque de biais. Trois études identifiées supplémentaires sont en attente de classification.
Un grand nombre d’essais ont été menés dans des pays à faible revenu ; ils étaient généralement réalisés à petite échelle et leur méthodologie était fréquemment insatisfaisante. Ils ont couvert une très large gamme de médicaments, doses et voies d’administration différents, rendant ainsi la synthèse des données difficile. L’administration de fer oral durant la grossesse a permis une diminution de l’incidence de l’anémie (rapport de risques 0,38, intervalle de confiance à 95 % 0,26 à 0,55, un essai, 125 femmes) et de meilleurs indices hématologiques que le placebo (deux essais). Il n’a pas été possible d’évaluer les effets du traitement selon la gravité de l’anémie. Une tendance a été signalée entre la dose et les effets indésirables rapportés. La plupart des essais n’ont rapporté aucun résultat cliniquement pertinent ni d’effets indésirables. Bien que les voies intramusculaire et intraveineuse aient permis d’obtenir de meilleurs indices hématologiques chez les femmes par rapport à la voie orale, aucun résultat clinique n’a été évalué et les données sur les effets indésirables, par exemple, sur la thrombose veineuse et les réactions allergiques graves, sont insuffisantes. Les suppléments quotidiens en fer à faible dose peuvent s’avérer efficaces pour traiter l’anémie durant la grossesse avec moins d’effets secondaires gastro-intestinaux par comparaison avec des doses plus élevées.