Les données sont insuffisantes pour déterminer si le repos pendant la grossesse est utile pour éviter la pré-éclampsie et ses complications chez les femmes ayant une pression artérielle normale.
La pré-éclampsie est une complication grave de la grossesse qui concerne environ 2% à 8 % des femmes. Il est possible de la détecter par une augmentation de la tension artérielle et du taux de protéines dans les urines, mais initialement les femmes atteintes par cette pathologie ne présentent fréquemment aucun symptôme. Cette affection peut, en raison de la constriction des vaisseaux sanguins dans le placenta, entraver le passage de l'oxygène et des nutriments au bébé, inhibant ainsi sa croissance et entraînant sa naissance prématurée. Cette maladie peut se manifester chez les femmes par des problèmes rénaux, hépatiques, cérébraux et au niveau du système de coagulation. Il a été suggéré que le repos pourrait être bénéfique pour les femmes présentant un risque accru de pré-éclampsie, y compris celles dont la pression artérielle est normale. Le repos présente toutefois des effets indésirables potentiels, tels que l'augmentation du risque de caillots sanguins dans les jambes et l'impact considérable des périodes de repos sur la vie des femmes et de leur famille. La revue des essais a trouvé deux petites études, de qualité moyenne, et les données étaient insuffisantes pour déterminer les bénéfices et dangers potentiels. Des études complémentaires sont nécessaires, les femmes devant entretemps se fier à leurs propres convictions et raisonnement, ainsi qu'à ceux de leurs soignants.
Le repos quotidien, avec ou sans supplémentation nutritionnelle, peut réduire le risque de pré-éclampsie chez les femmes dont la pression artérielle est normale, même si l'effet rapporté peut refléter un biais et/ou une erreur aléatoire plutôt qu'un véritable effet. Nous ne disposons d'aucune information sur des critères de jugement tels que la mortalité et la morbidité périnatales, la morbidité maternelle, le point de vue des femmes, les effets indésirables et le coût. Les données actuelles sont insuffisantes pour permettre de recommander le repos ou l'activité réduite aux femmes dans le but d'éviter la pré-éclampsie et ses complications. Le fait de se reposer ou non pendant la grossesse doit donc rester un choix personnel pour les femmes.
On conseille parfois aux femmes présentant un risque de pré-éclampsie ou d'hypertension gestationnelle de se reposer. Que cette mesure soit plus bénéfique que dangereuse reste à déterminer.
Évaluer les effets du repos ou de la réduction de l'activité physique pendant la grossesse pour éviter la pré-éclampsie et ses complications chez les femmes ayant une pression artérielle normale
Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (janvier 2010).
Les essais randomisés évaluant les effets du repos ou de la réduction de l'activité physique pour éviter la pré-éclampsie et ses complications chez les femmes ayant une pression artérielle normale ont été inclus.
Deux auteurs de la revue ont sélectionné les essais à inclure et extrait des données de façon indépendante. Les données ont fait l'objet d'une double vérification.
Deux petites études (106 femmes) de qualité incertaine ont été incluses. Toutes deux ont recruté des femmes enceintes d'un seul enfant, entre 28 et 32 semaines de grossesse et présentant un risque modéré de pré-éclampsie. On a constaté une réduction statistiquement significative du risque relatif de pré-éclampsie chez les femmes se reposant 4 à 6 heures par jour (un essai, 32 femmes ; risque relatif (RR) 0,05 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,00 à 0,83), mais pas de l'hypertension gestationnelle (RR 0,25 ; IC à 95 % 0,03 à 2,00), par rapport à celles conservant une activité normale. Un repos de 30 minutes par jour ajouté à une supplémentation nutritionnelle était associé à une réduction du risque de pré-éclampsie (un essai, 74 femmes ; RR 0,13 ; IC à 95 % 0,03 à 0,51), ainsi que de l'hypertension gestationnelle (RR 0,15 ; IC à 95 % 0,04 à 0,63). L'effet sur la césarienne était incertain (RR 0,82 ; IC à 95 % 0,48 à 1,41). Aucun autre critère de jugement n’était mentionné.