Traitement de désintoxication pour les adolescents ayant une dépendance à l'héroïne
Question de la revue
Nous avons examiné les preuves sur l'effet d'un traitement de désintoxication par rapport à un traitement d'entretien pharmacologique ou une intervention psychosociale pour obtenir une abstinence chez les adolescents dépendants à l'héroïne.
Contexte
L'abus de substances est un problème sérieux et croissant chez les adolescents (de 13 à 18 ans). Il est important d'identifier les traitements efficaces pour ceux qui présentent une dépendance aux opiacés. Pour les adultes, la pharmacothérapie est un élément nécessaire et acceptable du traitement efficace. Les agents de désintoxication sont utilisés pour réduire les symptômes de sevrage pendant le sevrage encadré, mais le taux d'achèvement de la désintoxication tend à être faible, et les taux de rechute sont élevés. Les symptômes de sevrage, en particulier les envies impérieuses de consommer de la drogue, peuvent perdurer pendant des semaines et même des mois après la désintoxication. Le délai de guérison de la dépendance est typiquement influencé par une gamme de facteurs psychologiques, sociaux et liés au traitement. Les traitements de désintoxication comprennent la méthadone, la buprénorphine et les agonistes alpha2-adrénergiques.
Caractéristiques des études
Les auteurs de la revue ont effectué une recherche dans la littérature pour identifier des essais randomisés contrôlés examinant les interventions pharmacologiques avec ou sans intervention psychosociale destinées à la désintoxication chez les adolescents. Deux essais seulement ont été trouvés, les deux réalisés aux États-Unis. Le premier essai comparait un traitement de 28 jours à la buprénorphine, sous forme de comprimés placés sous la langue, au port d'un patch de clonidine chez 36 adolescents présentant une dépendance aux opiacés qui recevaient un traitement en tant que patients non hospitalisés. L'autre essai comparait un traitement d'entretien à un traitement de désintoxication : entretien à la buprénorphine-naloxone versus désintoxication à la buprénorphine.
Résultats
L'essai comparant la buprénorphine à la clonidine faisait apparaître une tendance en faveur de la buprénorphine au niveau de la réduction du taux de sortie d'étude, mais aucune différence entre les traitements au niveau de la durée et de la sévérité des symptômes. Davantage de participants du groupe sous buprénorphine ont ensuite suivi un traitement de longue durée à la naltréxone. Les effets secondaires n'étaient pas indiqués. Dans le deuxième essai comparant la buprénorphine dans l'entretien et dans la désintoxication, pour les sorties d'étude, les résultats étaient en faveur du traitement d'entretien. Au suivi à un an, la consommation d'opiacés déclarée était nettement inférieure dans le groupe recevant le traitement d'entretien et davantage d'adolescents de ce groupe participaient à d'autres programmes de traitement de la toxicomanie. La réalisation d'essais portant sur des jeunes peut être délicate, aussi bien pour des raisons pratiques qu'éthiques.
Qualité des preuves
Cette revue était limitée par le très petit nombre d'essais identifiés et la qualité des preuves était modérée pour la comparaison entre la buprénorphine et la clonidine et faible pour la comparaison entre la buprénorphine de désintoxication et la buprénorphine d'entretien. Les preuves sont à jour en janvier 2014.
Il est difficile de tirer des conclusions sur la base de deux essais portant sur un petit nombre de participants. Par ailleurs, aucune des deux études incluses n'a examiné l'efficacité de la méthadone qui reste le médicament le plus utilisé dans le traitement du sevrage des opiacés. La pénurie de données pourrait notamment s'expliquer par la difficulté de réaliser des essais portant sur des jeunes, tant pour des raisons pratiques qu'éthiques.
La littérature scientifique examinant les traitements efficaces pour les adultes présentant une dépendance aux opiacés indique clairement que la pharmacothérapie est un élément nécessaire et acceptable des traitements efficaces contre la dépendance aux opiacés. Néanmoins, aucune étude évaluant de manière systématique l'efficacité de la désintoxication pharmacologique chez les adolescents n'a été publiée.
Évaluer l'efficacité de tout traitement de désintoxication seul ou associé à une intervention psychosociale par comparaison avec l'absence d'intervention, avec une autre intervention pharmacologique ou avec des interventions psychosociales sur l'achèvement du traitement, la réduction de la consommation de substances et l'amélioration de l'état de santé et du statut social.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (2014, numéro 1), PubMed (de janvier 1966 à janvier 2014), EMBASE (de janvier 1980 à janvier 2014), CINHAL (de janvier 1982 à janvier 2014), Web of Science (de 1991 à janvier 2014) et dans les références bibliographiques des articles.
Essais cliniques randomisés contrôlés comparant toute intervention pharmacologique seule ou associée à une intervention psychosociale destinée à la désintoxication avec l'absence d'intervention, un placebo ou une autre intervention pharmacologique ou psychosociale chez les adolescents (de 13 à 18 ans).
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard recommandées par la Collaboration Cochrane.
Deux essais portant sur 190 participants ont été inclus. Le premier comparait la buprénorphine à la clonidine en matière de désintoxication. Aucune différence n'a été trouvée pour les sorties d'étude : risque relatif (RR) de 0,45 (intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,20 à 1,04) ou pour l'acceptabilité du traitement : différence moyenne (DM) des taux de sortie 3,97 (IC à 95 % de -1,38 à 9,32). Davantage de participants dans le groupe sous buprénorphine ont entrepris un traitement à la naltréxone : RR 11,00 (IC à 95 % de 1,58 à 76,55), preuves de qualité modérée.
L'autre essai comparait le traitement d'entretien au traitement de désintoxication : entretien à la buprénorphine-naloxone versus désintoxication à la buprénorphine. Pour les sorties d'étude, les résultats étaient en faveur du traitement d'entretien : RR 2,67 (IC à 95 % de 1,85 à 3,86), ainsi que pour les résultats au suivi (RR 1,36 [IC à 95 % de 1,05 à 1,76) ; aucune différence pour la consommation d'opiacés, preuves de qualité faible.