Aujourd'hui, des analyses d'ADN peuvent être effectuées pour estimer la probabilité de développer des maladies telles qu'une cardiopathie ou un cancer du poumon chez les fumeurs. On pense que l'estimation des risques issue de ces analyses génétiques pourrait motiver les patients à modifier leur comportement afin de réduire les risques identifiés. Dans le cadre de cette revue, nous avons évalué les effets de la communication de l'estimation des risques de maladie issue des analyses génétiques sur les comportements visant à réduire les risques et la volonté d'adopter de tels comportements.
Une recherche systématique nous a permis d'identifier 14 articles rapportant les résultats de 13 études éligibles : sept études cliniques et six études analogues (études dans lesquelles des scénarios hypothétiques sont assignés aux participants, qui doivent imaginer qu'ils reçoivent une estimation des risques de maladie issue d'analyses génétiques).
Cinq études cliniques évaluaient le sevrage tabagique, et la combinaison statistique des résultats ne révélait aucun effet statistiquement significatif sur le sevrage tabagique à court terme (< six mois) ou à long terme (> six mois). Deux études cliniques évaluaient le comportement alimentaire et montraient que la communication de l'estimation des risques sur la base des analyses génétiques modifiait le comportement des participants.Les deux études évaluant l'activité physique et la seule étude évaluant l'utilisation de médicaments ou de vitamines visant à réduire les risques de maladie rapportaient que la communication de l'estimation des risques de maladie sur la base de l'ADN n'avait aucun effet sur le comportement.
Dans les six études analogues, la combinaison statistique des résultats révélait que l'estimation des risques de maladie sur la base des analyses génétiques avait un effet statistiquement significatif sur l'intention de changer de comportement (uniquement). Aucune preuve d'effet adverse sur la motivation ou l'humeur n'était rapportée.
En résumé, les preuves actuellement disponibles, de quantité et de qualité limitées, suggèrent que la communication de l'estimation des risques de maladie sur la base des analyses génétiques pourrait n'avoir que peu ou pas d'effet sur le comportement, mais pourrait avoir un petit effet sur l'intention de changer de comportement. Des essais à plus grande échelle mieux planifiés sont nécessaires.
Sur la base de preuves non concluantes issues d'un petit nombre d'études de qualité limitée, les résultats de cette revue suggèrent que la communication de l'estimation des risques de maladie basée sur l'ADN n'a que peu ou pas d'effet sur le sevrage tabagique et l'activité physique. Elle pourrait avoir un petit effet sur le régime alimentaire rapporté par les patients et l'intention de changer de comportement. Aucune preuve ne vient étayer l'hypothèse selon laquelle les résultats des analyses d'ADN motiveraient les patients à changer de comportement. Des essais à plus grande échelle et de meilleure qualité sont nécessaires.
Le potentiel de la communication de l'estimation des risques de maladie sur la base de l'ADN pour motiver un changement de comportement suscite beaucoup d'attentes.
Évaluer les effets de la communication de l'estimation des risques de maladie sur la base de l'ADN sur les comportements visant à réduire les risques et la volonté d'adopter de tels comportements.
Nous avons consulté les bases de données suivantes en utilisant des mots clés et intitulés médicaux : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, Bibliothèque Cochrane, numéro 4, 2010), MEDLINE (1950 à avril 2010), EMBASE (1980 à avril 2010), PsycINFO (1985 à avril 2010) en utilisant OVID SP, et CINAHL (EBSCO) (1982 à avril 2010). Nous avons également examiné les références bibliographiques, recherché d'autres références afin d'identifier des articles potentiellement éligibles et contacté les auteurs des études pertinentes afin de recueillir leurs suggestions. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue. Les articles non publiés ou sous presse étaient éligibles dans la revue.
Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés portant sur des adultes (d'au moins 18 ans), dans lesquels un groupe recevait une estimation personnalisée réelle (études cliniques) ou imaginaire (études analogues) des risques de maladie sur la base de l'ADN concernant des maladies dont le risque pouvait raisonnablement être réduit par un changement de comportement. Les études éligibles devaient inclure une mesure du critère de jugement principal du comportement visant à réduire les risques ou de l'intention d'adopter ce comportement.
Deux auteurs de revue ont recherché des études et extrait les données de manière indépendante. Le risque de biais a été évalué conformément aux recommandations du manuel Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions. Pour les mesures de résultats continues, nous avons rapporté les quantités d'effet sous forme de différences moyennes standardisées (DMS). Pour les mesures de résultats dichotomiques, nous avons rapporté les quantités d'effet sous forme de rapports des cotes. Nous avons obtenu les quantités d'effet combinées avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % à l'aide du modèle à effets aléatoires appliqué à l'échelle des différences standardisées et des logarithmes des rapports des cotes.
Nous avons examiné 5 384 résumés et identifié 21 études potentiellement éligibles. Après avoir analysé le texte intégral, nous avons inclus 14 articles rapportant les résultats de 7 études cliniques (2 articles documentaient le même essai) et de 6 études analogues.
Sur les sept études cliniques identifiées, cinq évaluaient le sevrage tabagique. Les méta-analyses ne révélaient aucun effet statistiquement significatif en termes de sevrage tabagique à court terme (moins de 6 mois) (rapport des cotes de 1,35, IC à 95 %, entre 0,76 et 2,39, P = 0,31, n = 3 études) ou de sevrage après six mois (rapport des cotes de 1,07, IC à 95 %, entre 0,64 et 1,78, P = 0,80, n = 4 études). Deux études cliniques évaluaient le régime alimentaire et rapportaient des effets significatifs favorables à l'estimation des risques basée sur l'ADN (rapport des cotes de 2,24, IC à 95 %, entre 1,17 et 4,27, P = 0,01). Aucun effet statistiquement significatif n'était observé dans les deux études évaluant l'activité physique (rapport des cotes de 1,03, IC à 95 %, entre 0,59 et 1,80, P = 0,92) ou la seule étude évaluant des médicaments ou des vitamines visant à réduire les risques de maladie (rapport des cotes de 1,26, IC à 95 %, entre 0,58 et 2,72, P = 0,56).
Pour les six études analogues non cliniques, la méta-analyse révélait un effet statistiquement significatif du risque basé sur l'ADN sur l'intention de changer de comportement (DMS de 0,16, IC à 95 %, entre 0,04 et 0,29, P = 0,01).
Aucune preuve n'indiquait que la communication de l'estimation des risques de maladie basée sur l'ADN était associée à des effets indésirables. Deux études évaluant la peur tout de suite après la présentation des informations rapportait cependant une peur accrue dans les groupes de l'estimation des risques de maladie basée sur l'ADN par rapport aux groupes témoins.
La qualité des études incluses était globalement faible. Aucune des études cliniques ou analogues n'était associée à un faible risque de biais en raison d'une documentation peu claire ou, lorsque des détails étaient fournis, de signes indiquant que les mesures nécessaires pour prévenir le risque de biais n'avaient pas été prises.