L'objectif de cette revue était d'examiner si le fait de montrer (et d'expliquer) aux patients les résultats de l'imagerie médicale les motivaient à changer leurs comportements en matière de santé pour réduire les risques identifiés. Il s'agit d'une question importante, car il est généralement très difficile d'induire des changements de comportement en matière de santé. De nouvelles techniques sont nécessaires, et la présentation de preuves visuelles de la manière dont certains comportements nuisent à l'organisme pourrait constituer une approche efficace.
Neuf essais portant sur 1 371 participants ont été inclus dans la revue. De manière générale, aucune preuve solide ne vient étayer l'efficacité de cette approche. Néanmoins, une certaine efficacité a été observée dans certains contextes. Dans les interventions ciblant le sevrage tabagique, le fait de montrer et d'expliquer les images de l'imagerie des artères (pour évaluer le risque de maladie cardio-vasculaire) s'avérait plus efficace que l'absence de communication des images. Pour les autres critères de jugement, les effets étaient mitigés. Aucun effet délétère significatif n'était associé à cette approche, mais ce critère n'était pas bien documenté.
La principale limitation de cette revue réside dans le petit nombre d'études réalisées dans ce domaine et leur importante variabilité en termes de nature précise des interventions et des populations étudiées. Cela ne nous permet donc pas de tirer de conclusions générales.
Compte tenu de l'insuffisance des preuves disponibles et des résultats mitigés, aucune conclusion définitive ne peut être présentée concernant l'efficacité de la communication des résultats de l'imagerie médicale pour modifier les comportements en matière de santé. Seuls trois essais portant sur des populations cliniques examinaient des environnements, interventions et critères de jugement suffisamment similaires pour permettre une méta-analyse. Nous suggérons cependant que les interventions ciblées utilisant des technologies d'imagerie médicale pourraient être efficaces dans certains contextes ou pour certains comportements, mais cette efficacité devrait être envisagée au cas par cas plutôt que de manière générale.
L'explication des résultats de l'imagerie médicale permet de fournir des preuves visuelles des dommages corporels attribuables à un comportement donné. Cette approche pourrait être particulièrement prometteuse pour motiver des changements de comportement en matière de santé afin de réduire les risques. Les comportements concernés incluent le sevrage tabagique, l'auto-examen de la peau, la protection contre le soleil, l'alimentation, l'activité physique et l'utilisation de médicaments. La revue actuelle rassemble et évalue les preuves relatives à l'impact de la présentation et de l'explication de l'imagerie médicale sur le comportement afin de déterminer l'efficacité de cette intervention.
Évaluer dans quelle mesure l'explication de l'imagerie médicale du propre corps du patient obtenue au cours de procédures d'imagerie médicale augmente ou diminue certains comportements en matière de santé.
Nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, Bibliothèque Cochrane, numéro 3, 2009), MEDLINE (1950 au 14 septembre 2009), EMBASE (1980 au 14 septembre 2009), CINAHL (1982 au 9 octobre 2009) et PsycINFO (1806 au 14 septembre 2009), ainsi que les références bibliographiques des articles. Nous avons également contacté les auteurs d'articles choisis et consulté la base de données ProQuest Dissertations and Theses le 1er octobre 2009 afin d'identifier des sources de littérature grise.
Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés portant sur des hommes ou des femmes non enceintes adultes (18 ans et plus) se soumettant à des procédures d'imagerie médicale évaluant le risque de maladie ou le risque associé à une pathologie existante, et dont le risque pouvait être réduit par une modification du comportement. Le composant unique ou principal des interventions incluses était l'interprétation visuelle des résultats de l'imagerie médicale du patient, consistant à montrer et à expliquer aux patients les images (fixes ou en mouvement) de leur corps générées par imagerie médicale.
Deux auteurs ont recherché des études et extrait les données des études incluses de manière indépendante ; les divergences ont été résolues par consensus et un troisième auteur a joué le rôle d'arbitre. Le risque de biais des études incluses a été évalué et rapporté conformément aux recommandations du manuel Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions. Nous avons effectué une synthèse narrative des études incluses, qui ont été divisées en groupes de populations cliniques et non cliniques, et avons présenté les caractéristiques et résultats principaux. Lorsque les études examinaient des populations, critères d'inclusion, interventions et/ou critères de jugement suffisamment similaires, un regroupement statistique des données a été effectué.
Neuf essais portant sur 1 371 participants ont été inclus. Dans l'ensemble, les résultats étaient mitigés. Sur cinq essais examinant des populations cliniques, trois évaluaient les comportements en matière de sevrage tabagique et utilisaient tous des procédures d'imagerie des artères pour évaluer le risque cardio-vasculaire, et rapportaient un effet statistiquement significatif en faveur de l'intervention, avec un rapport des cotes combiné de 2,81 (intervalle de confiance (IC) à 95 %, entre 1,23 et 6,41, P = 0,01). L'un de ces essais mesurait également l'activité physique et ne rapportait aucune différence statistiquement significative entre les groupes. Un autre essai mesurait le comportement en matière d'examen cutané suite à une procédure de photographie de la peau pour l'évaluation des nævus, et rapportait une augmentation statistiquement significative en faveur de l'intervention, avec un rapport des cotes de 4,86 (IC à 95 %, entre 1,95 et 12,10, P = 0,0007). Le dernier essai examinant une population clinique mesurait plusieurs comportements en matière de régime alimentaire et d'utilisation de médicaments suite à une procédure d'imagerie des artères évaluant le risque cardio-vasculaire, et ne rapportait aucun effet statistiquement significatif.
Parmi les quatre essais examinant des populations non cliniques, qui utilisaient tous la photographie en lumière ultraviolette (UV) pour mettre en évidence les dommages cutanés liés aux UV, un résultat statistiquement significatif favorable à l'intervention était observé dans un essai visant à réduire l'usage des cabines de bronzage, avec une différence moyenne (DM) de -1,10 (IC à 95 %, entre -1,90 et -0,30, P = 0,007), et un essai rapportait un résultat favorable au groupe témoin, avec une DM de 0,45 (IC à 95 %, entre 0,04 et 0,86, P = 0,03) en termes d'heures d'exposition intentionnelle au soleil. Dans deux autres essais, aucun effet comportemental statistiquement significatif n'était rapporté en termes de temps d'exposition au soleil ou de protection contre le soleil.
Aucune preuve d'effet indésirable significatif n'était rapportée dans les essais inclus, mais ces effets étaient mal documentés.