La thromboembolie (coagulation indésirable du sang) est une complication fréquente chez les personnes ayant subi un traumatisme physique et elle est également une importante cause de décès. Le type de traumatisme, l'association avec des lésions vasculaires et le repos prolongé sur un lit d'hôpital sont des facteurs connus de risque pour le développement de thrombus dans les veines profondes (caillots dans les veines des membres inférieurs) qui peuvent se déplacer (emboliser) dans les poumons et causer la mort. Pour cette raison, il est généralement recommandé que les personnes ayant subi un traumatisme majeur reçoivent un traitement mécanique ou pharmacologique visant à prévenir la formation de caillots dans leur sang. Les interventions mécaniques pourront être des bas de contention, un tube en matière plastique rempli d'air qui appuie autour de la jambe ou un filtre de caillots de sang en métal placé à l'intérieur d'une veine ; les médicaments sont notamment l'héparine non fractionnée, l'héparine de bas poids moléculaire, les anticoagulants (p.ex. warfarine), les antiagrégants plaquettaires (p.ex. l'aspirine) et d'autres. Seize études totalisant 3 005 personnes sont incluses dans cette revue. Nous n'avons pas trouvé de preuves solides que les interventions mécaniques ou pharmacologiques réduisent la mortalité ou les caillots se déplaçant dans les poumons, mais nous disposons de preuves qu'elles peuvent prévenir la formation de caillots dans les jambes.
Dans aucune des comparaisons évaluées nous n'avons trouvé de preuve que la thromboprophylaxie réduise la mortalité ou l'EP. Nous avons cependant trouvé des preuves que la thromboprophylaxie prévient la TVP. Malgré la solidité limitée des preuves, la prise en compte d'informations provenant de situations connexes, telle que la chirurgie, nous amène à recommander l'utilisation d'une méthode quelconque de prophylaxie de la TVP chez les personnes présentant un traumatisme grave.
Les traumatismes sont une des principales causes de décès et d'invalidité chez les jeunes. La thromboembolie veineuse (TEV) est une cause majeure de décès. Les personnes présentant un traumatisme ont un risque élevé de thrombose veineuse profonde (TVP). L'incidence varie en fonction de la méthode utilisée pour mesurer la TVP et de l'emplacement de la thrombose. Le repos prolongé et les anomalies de la coagulation exposent les patients présentant un traumatisme à un risque accru de formation de thrombus. En réduisant le risque de TEV, la thromboprophylaxie, qu'elle soit mécanique ou pharmacologique, est susceptible d'abaisser la mortalité et la morbidité chez les patients présentant un traumatisme qui survivent au-delà de la première journée d'hospitalisation.
Une revue systématique précédente n'avait pas trouvé de preuves de l'efficacité des interventions pharmacologiques ou mécaniques. Toutefois, cette revue systématique avait été menée il y a 10 ans et la plupart des études incluses étaient de mauvaise qualité. Depuis lors, de nouveaux essais ont été menés. Bien que les directives actuelles recommandent l'utilisation de la thromboprophylaxie chez les patients présentant un traumatisme, il n'y a pas eu de revue systématique exhaustive et actualisée depuis celle publiée.
Évaluer les effets de la thromboprophylaxie chez les patients présentant un traumatisme, pour ce qui concerne la mortalité et l'incidence de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire. Comparer les effets de différentes interventions thromboprophylactiques ainsi que leurs effets en fonction du type de traumatisme.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les blessures (1er décembre 2009), le registre Cochrane des essais contrôlés 2009, numéro 2 (The Cochrane Library), MEDLINE (Ovid) (de 1950 à la 3ème semaine de novembre 2009), EMBASE (Ovid) (de 1980 à fin avril 2009), PubMed (29 avril 2009), ISI Web of Science: Science Citation Index Expanded (SCI-EXPANDED) (de 1970 à avril 2009), ISI Web of Science : Conference Proceedings Citation Index-Science (CPCI-S) (de 1990 à avril 2009).
Des essais cliniques contrôlés randomisés impliquant des personnes de tout âge présentant un traumatisme majeur défini par un ou plusieurs des critères suivants : physiologique : traumatisme pénétrant ou contondant avec plus de deux organes touchés et signes vitaux instables, anatomique : personnes ayant un score de gravité de blessure (ISS) supérieur à 9, mécanisme : personnes impliquées dans un événement de 'haute énergie' avec un risque de blessure grave malgré des signes vitaux stables ou normaux. Nous avons exclu les essais qui n'avaient recruté que des patients ambulatoires, les essais qui n'avaient recruté que des personnes atteintes de fractures de la hanche ou des personnes souffrant de lésions médullaires aiguës.
Quatre auteurs ont, indépendamment deux à deux (LB et CM, EF et RC), examiné les titres et les résumés, extrait les données, évalué le risque de biais des essais et analysé les données. PP a résolu tout désaccord entre les auteurs.
Seize études ont été incluses (n=3005). Quatre essais avaient comparé l'effet de n'importe quel type (mécanique et/ou pharmacologique) de prophylaxie par rapport à l'absence de prophylaxie. La prophylaxie avait réduit le risque de TVP chez les personnes présentant un traumatisme (RR 0,52 ; IC à 95% 0,32 à 0,84). La prophylaxie mécanique avait réduit le risque de TVP (RR 0,43 ; IC à 95% 0,25 à 0,73). La prophylaxie pharmacologique avait été plus efficace que les méthodes mécaniques pour réduire le risque de TVP (RR 0,48 ; IC à 95% 0,25 à 0,95). L'HBPM s'est avérée réduire le risque de TVP en comparaison avec l'héparine non fractionnée (RR 0,68 ; IC à 95% 0,50 à 0,94). Les personnes ayant bénéficié d'une prophylaxie à la fois mécanique et pharmacologique avaient un plus faible risque de TVP (RR 0,34 ; IC à 95% 0,19 à 0,60)