Différents agents ont été étudiés pour déterminer leurs effets dans la protection des cellules nerveuses qui meurent avec la maladie de Parkinson (MP). Ces agents sont souvent appelés médicaments neuroprotecteurs ou traitements de fond. Ils peuvent agir en empêchant l’apparition de la maladie elle-même (ce que l’on appelle prévention primaire) ou en stoppant la progression de la MP une fois qu’elle a été établie (ce que l'on appelle prévention secondaire). Les agents anti-hypertenseurs (médicaments permettant de baisser la pression artérielle) ont été evalués dans les études sur les animaux. Cette évaluation visait à analyser les effets des médicaments qui font baisser la pression artérielle à la fois sur la prévention de l’apparition de la MP et également sur les symptômes et la progression de la maladie chez les personnes qui ont déjà la MP.
Des études épidémiologiques ou observationnelles ont été analysées pour voir si le fait de prendre un anti-hypertenseur réduisait le risque développer la MP chez la population générale. Nous n’avons trouvé que six études. Trois études du même type évaluaient les mêmes classes d’anti-hypertenseurs mais utilisaient des méthodes différentes, les résultats ne pouvaient donc pas être combinés.
Des essais cliniques ont été utilisés pour voir si le fait de prendre un anti-hypertenseur lorsque vous avez déjà la MP réduit les symptômes ou ralentit la progression de la maladie. Seuls deux essais complets ont été retrouvés, indiquant tous les deux les effets de différentes classes de médicaments. Un essai sur un médicament appartenant au groupe appelé bloqueurs des canaux calciques est toujours en cours et les résultats, prévus en 2012, permettront de guider des études complémentaires.
Très peu d’informations ont été découvertes pour la prévention primaire ou secondaire. Il est indispensable de réaliser plus d’études pour évaluer les différents anti-hypertenseurs et leurs effets sur le risque de développer la MP. A partir de ces études, des médicaments potentiels seront identifiés pour progresser dans les essais cliniques sur les patients qui ont la MP, afin de voir s’ils améliorent les symptômes ou ralentissent la maladie. Il est important que nous ayons des informations supplémentaires sur les effets secondaires chez les personnes atteintes de la MP qui prennent ces médicaments et que les avantages dépassent de loin les inconvénients.
Il existe actuellement un manque de preuves concernant l’utilisation des anti-hypertenseurs dans la prévention primaire ou secondaire de la MP. Des études observationnelles supplémentaires sont nécessaires pour identifier les médicaments potentiels et mener des études de sécurité et de tolérance chez les personnes avec une MP précoce. Les résultats de l'essai en cours permettront de guider les recherches complémentaires.
Le traitement actuel de la maladie de Parkinson (MP) se concentre sur le fait de soulager les symptômes, actuellement il n'existe aucun traitement largement reconnu comme permettant de stopper ou ralentir la progression de la maladie. Les agents neuroprotecteurs potentiels ou modificateurs de la maladie ont été identifiés à partir d’études précliniques. Dans ce groupe, on retrouve les anti-hypertenseurs.
1) Les anti-hypertenseurs préviennent-ils l’apparition de la MP ? (prévention primaire)
2) Les anti-hypertenseurs sont-ils des agents modificateurs de la MP, ralentissent-ils la progression de la maladie une fois la MP diagnostiquée ? (prévention secondaire)
3) Quels sont les effets indésirables liés à la prise d’anti-hypertenseurs chez les patients atteints de la MP ?
Une recherche sur les bases de données électroniques incluant les registres d'essais a été effectuée, et complétée par une recherche manuelle des résumés des congrès et des références des articles clefs (mise à jour mai 2011). Les auteurs ont été contactés pour fournir des informations complémentaires en cas de besoin.
Pour l’évaluation sur la prévention primaire, nous avons analysé les essais de prévention primaire et les études observationnelles (études de cohorte et études cas-témoins). Les participants n’avaient pas la MP lorsque l’exposition aux anti-hypertenseurs a été évaluée. Pour l’évaluation sur la prévention secondaire, nous avons cherché les essais cliniques sur les patients chez qui le diagnostic de la MP était bien établi. Deux personnes ont sélectionnées de manière indépendante les études candidates à l’inclusion à l’aide de critères prédéterminés.
Les données ont été extraites des articles source et la qualité méthodologique a été évaluée indépendamment par deux auteurs. Les résultats des deux évaluations ont été traités de manière descriptive.
Deux études de cohorte et quatre études cas témoins répondaient aux critères d’inclusion pour l’évaluation sur la prévention primaire. Les deux études de cohorte n’ont démontré aucun effet de l’exposition aux inhibiteurs de canaux calciques sur le risque de développer la MP. Trois études cas témoins ont étudié les effets de l’exposition aux inhibiteurs des canaux calciques et aux bêtabloquants sur le risque de développer la MP mais les périodes d’évaluation de l’exposition avant l’apparition de la MP étaient sensiblement différentes, et différentes classes de médicaments ont été étudiées, les résultats n’étaient donc pas comparables. Un effet protecteur des inhibiteurs des canaux calciques agissant centralement a été observé dans une étude.
Deux essais et un essai en cours répondaient aux critères d’inclusion pour l’évaluation sur la prévention secondaire. Chaque essai terminé a évalué une classe différente d’anti-hypertenseur. L’essai en cours évalue les effets de l’isradipine, un inhibiteur des canaux calciques, sur les symptômes moteurs et la progression de la maladie. Elle suit une étude de tolérabilité réalisée au préalable. Les résultats sont prévus pour l’année 2012.
Des effets indésirables ont été notés dans tous les essais inclus, il s'agissait d'une intolérance aux médicaments et d'une aggravation des symptômes de la MP.