Sargramostime (GM-CSF) pour l’induction de la rémission de la maladie de Crohn

La maladie de Crohn est un état inflammatoire chronique de l’intestin. De nouvelles théories concernant la cause de cette inflammation laissent certains investigateurs penser qu’elle résulte d’un affaiblissement du système immunitaire et non de son hyperactivité. Cette idée a été testée à l’aide d’un médicament appelé « sargramostime » qui renforce le système immunitaire des patients souffrant de la maladie de Crohn. Cette revue regroupant trois études n’a révélé aucune différence d’efficacité entre le sargramostime et le placebo (faux médicament) pour l’induction de la rémission ou l’amélioration clinique chez les patients souffrant de la maladie de Crohn. Les effets secondaires associés au traitement par sargramostime se manifestent par des douleurs osseuses, des douleurs thoraciques musculo-squelettiques et un état dyspnéique (essoufflement). Etant donné le nombre réduit d’essais dans ce domaine et les résultats opposés de certains d’entre eux, les auteurs ont établi les conclusions suivantes : bien que le sargramostime ne semble pas être plus efficace que le placebo, d’autres recherches doivent être réalisées afin de déterminer si ce médicament permet de traiter la maladie de Crohn active.

Conclusions des auteurs: 

Le sargramostime ne semble pas être plus efficace que le placebo pour l’induction d’une rémission clinique ou d’une amélioration clinique chez les patients souffrant de la maladie de Crohn active. Toutefois, une analyse GRADE indique que la qualité globale des preuves concernant les résultats principaux (rémission clinique) et secondaires (réponse clinique) était insuffisante et précisait que des recherches supplémentaires auront probablement un impact sur les estimations des effets.

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Contexte: 

La maladie de Crohn est un état inflammatoire intestinal, comprenant une réponse immunitaire hyperactive de la flore intestinale. Une nouvelle théorie avance l’hypothèse d’une immunodéficience comme cause et prévoit d’utiliser le sargramostime (facteur de stimulation des granulocytes et macrophages, GM-CSF) pour renforcer le système immunitaire dans un effort visant à tester cette hypothèse.

Objectifs: 

Les principaux objectifs consistaient à déterminer l’efficacité et la tolérance du sargramostime pour l’induction de la rémission chez les patients souffrant de la maladie de Crohn cliniquement active.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des recherches systématiques ont été effectuées dans MEDLINE, EMBASE et CENTRAL depuis leur date de création jusqu’à avril 2011. Les bibliographies des articles de revue pertinents ont également été consultées. Les registres d’essais cliniques et les bases de résumés incluant Digestive Diseases Week (1980-2010) et United European Gastroenterology Week (2005-2009) ont fait l’objet de recherches afin d’identifier les études publiées sous la forme de résumés.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés de sargramostime pour le traitement de patients souffrant de la maladie de Crohn active ont été pris en compte pour l’inclusion.

Recueil et analyse des données: 

Les données issues des articles sélectionnés ont été extraites et l’outil d’évaluation du risque de biais (CochraneRisk of Bias Tool) a été appliqué indépendamment par deux auteurs. Le principal résultat concernait l’induction de la rémission clinique comme défini par un indice d’activité de la maladie de Crohn (CDAI) < à 150 à la fin du traitement. Les résultats secondaires concernaient les mesures des réponses cliniques sur le CDAI et la tolérance. Les risques relatifs (RR) regroupés et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés dans le cas de résultats dichotomiques, le plus souvent à l’aide d’un modèle à effets aléatoires en raison d’une hétérogénéité élevée.

Résultats principaux: 

Trois études ont été identifiées, 2 ont été publiées sous la forme de rapports complets et une sous la forme d’un résumé (537 patients). Le risque de biais était faible pour les 3 études inclues. Aucune différence statistiquement significative n’a été montrée dans la proportion de patients (GM-CSF 25,3 % et placebo 17,5 %) présentant une rémission clinique (RR 1,67 ; IC à 95 % 0,80 à 3,50 ; P = 0,17 ; 3 études ; 537 patients). Aucune différence statistiquement significative n’a été montrée dans la proportion de patients (GM-CSF 38,3 % et placebo 24,8 %) présentant une réponse clinique de 100 points (RR 1,71 ; IC à 95 % 0,98 à 2,97 ; P = 0,06 ; 3 études ; 537 patients). Aucune différence statistique significative n’a été relevée dans la proportion de patients (GM-CSF 54,3 % et placebo 44,2 %) présentant une réponse clinique de 70 points (RR 1,23 ; IC à 95 % 0,83 à 1,82 ; P = 0,30 ; 1 étude ; 124 patients). Aucune différence statistique significative n’a été relevée dans la proportion de patients (GM-CSF 95,8 % et placebo 89,3 %) ayant subi au moins un événement indésirable (RR 1,07 ; IC à 95 % 0,99 à 1,16 ; P = 0,08 ; 2 études ; 251 patients) ou des événements indésirables graves (GM-CSF 12,0 % et placebo 4,8 % ; RR 2,21 ; IC à 95 % 0,84 à 5,81 ; P = 0,11 ; 2 études ; 251 patients). L’incidence des douleurs osseuses, des douleurs thoraciques musculo-squelettiques et de la dyspnée étaient supérieures chez les patients suivant un traitement au sargramostime par rapport au placebo. D’autres événements indésirables couramment associés au sargramostime : syndrome de fuite capillaire pulmonaire, œdème pulmonaire, insuffisance cardiaque, fièvre et neurotoxicité, n’étaient pas reportés dans ces études.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.