Les bébés nés de mères qui sont confrontées à des complications durant la grossesse telles que l'accouchement avant terme (accouchement précoce avant 37 semaines de grossesse) et l'infection intra-utérine (infections à l'intérieur de l'utérus) présentent un risque plus élevé de trouble du mouvement appelé infirmité motrice cérébrale. L'infirmité motrice cérébrale est un terme englobant utilisé pour décrire un trouble physique non-progressif du mouvement ou de la posture qui est acquis au tout début de la vie, et qui est consécutif à des complications du développement cérébral. Il peut aussi être associé à des déficiences intellectuelles, des troubles du comportement, des anomalies sensorielles (cécité et surdité) et des crises convulsives.
Une autre revue Cochrane a constaté que le sulfate de magnésium administré aux mères avant un accouchement prématuré a permis de protéger le cerveau du bébé et d'améliorer les résultats à long terme au cours de l'enfance. Cette revue avait pour objectif d'évaluer si le sulfate de magnésium administré aux mères avant un accouchement à terme (accouchement à 37 semaines de grossesse ou plus tard) a aussi permis de protéger le cerveau du bébé et d'améliorer les résultats à long terme.
Cette revue a inclus une étude contrôlée randomisée impliquant 135 femmes présentant une pré-éclampsie bénigne (hypertension artérielle et/ou protéines dans les urines). Il n'y avait pas suffisamment de preuves issues de cette étude pour déterminer les effets du sulfate de magnésium chez les bébés nés à terme. Les femmes recevant du sulfate de magnésium étaient plus susceptibles d'avoir chaud et de rougir dans cette étude que les femmes ayant reçu un placebo, mais elles n'étaient pas plus susceptibles d'arrêter le traitement en raison d'effets secondaires. Les taux d'hémorragies après l'accouchement et les taux de naissances par césarienne étaient similaires chez les femmes ayant reçu du sulfate de magnésium et celles ayant reçu un placebo.
Il est nécessaire de mener d'autres études pour établir si le sulfate de magnésium administré aux mères à terme constitue une protection pour le cerveau du bébé. Les bébés dans ces essais devront être suivis sur une longue période de façon que nous puissions surveiller les effets du magnésium sur le développement de l'enfant.
Nous attendons d'autres informations provenant de six études supplémentaires pour pouvoir les évaluer.
Les preuves sont actuellement insuffisantes pour évaluer l'efficacité et l'innocuité du sulfate de magnésium lorsqu'il est administré aux femmes pour la neuroprotection du fœtus à terme. Compte tenu des preuves récentes obtenues en faveur de l'utilisation du sulfate de magnésium pour la neuroprotection du fœtus à terme, il est nécessaire de réaliser des essais contrôlés randomisés de grande qualité pour déterminer le profil d'innocuité et les critères de jugement neurologiques pour le fœtus à terme. Les stratégies pour réduire les effets secondaires maternels au cours du traitement exigent également une évaluation.
Le sulfate de magnésium est abondamment utilisé en obstétrique pour le traitement et la prévention de l'éclampsie. Une méta-analyse récente a démontré que le sulfate de magnésium est un agent neuroprotecteur du fœtus efficace lorsqu'il est administré pendant la période prénatale aux femmes présentant un risque d'accouchement très prématuré. Les nourrissons nés à terme représentent plus de la moitié de tous les cas d'infirmité motrice cérébrale, et l'incidence est restée assez constante. Il est important d'évaluer si l'administration prénatale de sulfate de magnésium aux femmes à terme protège le fœtus contre les lésions cérébrales, et les invalidités neurosensorielles associées y compris l'infirmité motrice cérébrale.
Évaluer l'efficacité du sulfate de magnésium administré aux femmes à terme en tant qu'agent neuroprotecteur pour le fœtus.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (31.07.12) et les bibliographies des autres revues Cochrane évaluant le sulfate de magnésium pendant la grossesse.
Les essais contrôlés randomisés comparant le sulfate de magnésium administré pendant la période prénatale aux femmes à terme avec un placebo, l'absence de traitement ou un agent neuroprotecteur du fœtus différent. Nous avions aussi prévu d'inclure les essais randomisés en cluster, et d'exclure les essais croisés et les essais quasi-randomisés. Nous avions prévu d'exclure les études rapportées sous forme de résumé uniquement.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué l'éligibilité des essais et les risques de biais. Deux auteurs ont extrait les données, de façon indépendante. L'exactitude des données a été vérifiée.
Nous avons inclus un essai (impliquant 135 femmes présentant une pré-éclampsie bénigne à terme). Six études supplémentaires sont en attente d'une évaluation plus poussée.
L'essai inclus a comparé le sulfate de magnésium à un placebo et comportait un faible risque de biais. L'essai n'a rendu compte d'aucun des critères de jugement principaux prédéfinis de cette revue. Il n'y avait aucune différence significative entre le sulfate de magnésium et le placebo en ce qui concerne le score Apgar inférieur à sept à cinq minutes (risque relatif (RR) 0,51 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,05 à 5,46 ; 135 nourrissons), ni l'âge gestationnel à la naissance (différence moyenne (DM) -0,20 semaine ; IC à 95 % -0,62 à 0,22 ; 135 nourrissons).
Il y avait eu significativement plus d'effets secondaires maternels (sensation de chaleur et bouffées de chaleur) dans le groupe sous sulfate de magnésium que dans le groupe sous placebo (RR 3,81 ; IC à 95 % 2,22 à 6,53 ; 135 femmes). Cependant, aucune différence significative dans les effets indésirables suffisamment graves pour cesser le traitement n'a été observée (RR 3,04 ; IC à 95 % 0,13 à 73,42 ; 135 femmes). Aucune différence significative n'a été décelée entre les groupes en ce qui concerne les taux d'hémorragies post-partum (RR 4,06 ; IC à 95 % 0,47 à 35,38 ; 135 femmes) et de césariennes (RR 0,80 ; IC à 95 % 0,39 à 1,63 ; 135 femmes).