La maladie d'Alzheimer est une maladie dégénérative du cerveau. Elle devrait être quatre fois plus fréquente en 2050 qu'elle ne l'était en 2006. Les symptômes courants de la maladie d'Alzheimer comprennent la perte de mémoire, les difficultés à effectuer les tâches quotidiennes, et des changements dans l'humeur, le comportement et la personnalité. Les traitements médicamenteux actuellement approuvés pour la maladie d'Alzheimer ont seulement des avantages modestes et il n'a pas été démontré qu'ils ralentissaient la progression de la maladie. Il existe un besoin pour des médicaments plus efficaces. La latrepirdine (également connue sous le nom Dimebon) a été suggérée comme un traitement potentiel dans la maladie d'Alzheimer et d'autres démences. Les études cliniques ayant rapporté des résultats contradictoires, nous avons procédé à une revue systématique et mis en commun toutes les données disponibles pour évaluer les effets de la latrepirdine. Nous avons cherché des études pour nous aider à répondre à cette question en effectuant une recherche dans la littérature en juin 2014. Nous avons combiné les données de sept études avec un total de 1 697 patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Nous n'avons pas pu déterminer si la latrepirdine avait un effet bénéfique sur la cognition et la fonction chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer en raison de la variation dans les résultats des études et parce que les effets que nous avons estimés étaient trop imprécis. Toutefois, les éléments de preuve suggèrent que la latrepirdine pourrait avoir un effet positif dans le traitement des symptômes comportementaux, et qu'elle n'est pas associée à des effets indésirables chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Bien que sept études aient été réalisées, des données n'étaient disponibles qu'à partir de six, et le compte-rendu était incomplet dans la plupart des études. Nous avons contacté les investigateurs pour obtenir des données supplémentaires, mais n'avons reçu aucune réponse.
Notre méta-analyse est limitée par le petit nombre d'études, l'imprécision, les incohérences entre les études et la probabilité de biais. Néanmoins, les éléments de preuve disponibles à ce jour suggèrent que, même si elle n'est pas associée à un risque accru d'effets indésirables par rapport au placebo, la latrepirdine n'a aucun effet sur la cognition ou la fonction chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer d'intensité légère à modérée, bien qu'elle semble apporter une bénéfice modeste sur le comportement. D'autres études devraient enquêter sur le bénéfice potentiel de la latrepirdine sur les symptômes neuropsychiatriques dans la maladie d'Alzheimer.
Les traitements actuels de la maladie d'Alzheimer apportent un soulagement symptomatique modeste, mais ne ralentissent pas la progression de la maladie. La latrepirdine pourrait moduler plusieurs cibles impliquées dans la pathologie de la maladie d'Alzheimer, y compris la peroxydation lipidique, la perméabilité mitochondriale, les canaux ioniques calciques voltage-dépendants ainsi que l'activité des récepteurs de neurotransmetteurs, et elle représente donc potentiellement une intervention à la fois symptomatique et modificatrice de la maladie. Plusieurs essais randomisés contrôlés par placebo ont cherché à évaluer l'effet de la latrepirdine sur la cognition, la fonction et le comportement chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de la latrepirdine dans le traitement de la maladie d'Alzheimer.
Nous avons interrogé le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs le 4 juin 2014 en utilisant les termes suivants : latrepirdine OU dimebon OU dimebolin OU 2,3,4,5-tetrahydro-2,8-dimethyl-5- (2-(6-methyl-3-pyridyl)ethyl)-1H-pyrido(4,3-b)indole.
Nous avons inclus tous les essais randomisés en double aveugle contrôlés contre placebo dans lesquels la latrepirdine était administrée à des patients atteints de la maladie d'Alzheimer d'intensité légère, modérée ou sévère.
Nous avons évalué la qualité des études et deux auteurs ont extrait les données. Nous avons calculé la différence moyenne (DM), le risque relatif (RR) et l'intervalle de confiance (IC) à 95 % sur une base en intention de traiter (ITT) pour toutes les mesures de résultats pertinentes.
Sept essais portant sur un total de 1 697 participants ont été identifiés et six ont été inclus dans les analyses quantitatives. Aucune donnée n'était disponible dans le septième essai. Trois essais totalisant 1 243 patients ont été inclus dans les analyses portant sur les critères d'efficacité, et quatre essais totalisant 1 034 patients ont été inclus dans les analyses portant sur les critères d'innocuité et de tolérabilité. Nous avons jugé cinq essais comme étant à risque élevé de biais en raison du compte-rendu sélectif des résultats et trois comme étant à risque élevé de biais d'attrition. Des preuves de faible qualité en faveur de la latrepirdine ont été relevées sur l'échelle CIBIC-Plus (évaluant l'impression de changement fondée sur un entretien avec le clinicien et sur les renseignements fournis par l'aidant) après 26 semaines (DM -0,60 ; IC à 95 % de -0,89 à -0,31 ; 1 étude, P < 0,001). En raison de l'imprécision dans les résultats, il n'a pas été possible de déterminer si la latrepirdine avait un effet sur la cognition mesurée par l'échelle d'évaluation des fonctions cognitives ADAS-Cog (DM -1,49 ; IC à 95 % de -3,47 à 0,49 ; 3 études, P = 0,14) ou par le Mini-Mental State Examination (MMSE) (DM 0,59 ; IC à 95 % de -0,94 à 2,11 ; 3 études, P = 0,45), ou sur la fonction mesurée par l'échelle ADCS-ADL (mesure des capacités de réalisation des activités de la vie quotidienne) (DM 1,00 ; IC à 95 % de -1,15 à 3,15 ; 3 études, P = 0,36) à fin de l'étude (26 ou 52 semaines). Nous avons estimé que les preuves à l'appui de ces critères étaient globalement de faible qualité. Cependant, certaines preuves de qualité élevée mettent en évidence un très petit bénéfice de la latrepirdine sur l'inventaire neuropsychiatrique (NPI) (DM -1,77 ; IC à 95 % de -3,09 à -0,45 ; 3 études, P = 0,009) à la fin de l'étude (26 ou 52 semaines). En outre, des preuves de qualité modérée suggèrent que la latrepirdine et le placebo étaient comparables en termes d'événements indésirables (RR 1,03 ; IC à 95 % de 0,93 à 1,14 ; P = 0,51), d'événements indésirables graves (RR 0,86 ; IC à 95 % de 0,55 à 1,35 ; P = 0,52), d'abandons d'étude (RR 0,91 ; IC à 95 % de 0,65 à 1,27 ; P = 0,57) et d'abandons en raison d'événements indésirables (RR 0,98 ; IC à 95 % de 0,57 à 1,67 ; P = 0,93).
Traduction réalisée par Cochrane France