Titre tout public
Les substances antidouleurs appliquées sur la peau pour les nouveau-nés ayant besoin de subir une procédure impliquant une piqûre.
Question de la revue
L'application d'un anesthésiant destiné à une application sur la peau permet-elle de réduire la douleur chez les nouveau-nés nécessitant une procédure impliquant une piqûre ?
Contexte
Certains nouveau-nés nécessitent une procédure douloureuse impliquant une piqûre, telle que la ponction au talon et la ponction veineuse (percer une veine pour obtenir des échantillons de sang ou donner des médicaments) ou l'injection intramusculaire. Les procédures douloureuses peuvent être stressantes pour les nouveau-nés et le fait d'être témoin de procédures douloureuses peut être pénible pour les parents. Avant une piqûre, il est possible d'appliquer un anesthésiant local permettant d'endormir la peau.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus huit études portant sur 506 nouveau-nés.
Résultats et qualité des preuves
Cette revue des études a constaté que, globalement, il n'existe pas suffisamment de données de bonne qualité pour déterminer si des anesthésiants locaux appliqués sur la peau aident à soulager la douleur durant les piqûres chez les nouveau-nés. Des études bien planifiées et à large échelle sont nécessaires.
Dans l'ensemble, tous les essais étaient de petite taille et les effets avaient une importance clinique incertaine. Les preuves concernant l'efficacité ou l'innocuité des interventions étudiées sont insuffisantes pour soutenir des recommandations cliniques. Il n'y a eu aucune évaluation concernant les effets à long terme des anesthésiques topiques chez les nouveau-nés.
Des études de haute qualité évaluant l'efficacité et l'innocuité des anesthésiques topiques tels que l'améthocaïne et l'EMLA contre la douleur chez le nouveau-né né à terme ou les nouveau-nés prématurés sont nécessaires. Ces études devraient avoir pour objectif de déterminer l'efficacité de ces anesthésiques topiques sur des groupes homogènes de nourrissons quant à leur âge gestationnel. Bien qu'il n'y avait aucune méthémoglobinémie observée dans les études ayant rapporté des données sur la méthémoglobine, l'efficacité et l'innocuité de l'EMLA, en particulier chez les nouveau-nés particulièrement prématurés, et pour une application répétée, doivent encore être évaluées dans de futures études.
Les nouveau-nés hospitalisés subissent fréquemment des procédures douloureuse et invasives impliquant une pénétration de la peau et d'autres tissus par une aiguille. Avant une procédure impliquant l'insertion d'une aiguille, il est possible d'appliquer un anesthésique local sous forme topique.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des anesthésiques topiques tels que l'améthocaïne et l'EMLA chez des nouveau-nés nés à terme ou des prématurés nécessitant une procédure invasive impliquant la ponction de la peau et d'autres tissus à l'aide d'une aiguille.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), PubMed, EMBASE et CINAHL jusqu'au 15 mai 2016 ; dans les revues précédentes, ainsi que dans les références croisées, les résumés et les actes de conférences. Nous avons contacté des experts. Nous avons directement contacté les auteurs afin d'obtenir des données supplémentaires. Nous n'avons imposé aucune restriction concernant la langue.
Des essais randomisés, des essais contrôlés quasi-randomisés et des essais randomisés en grappes ou croisés ayant comparé l'améthocaïne topique et un mélange eutectique d'anesthésiques locaux (EMLA) en termes d'efficacité anesthésique et d'innocuité chez des nouveau-nés nés à terme ou des nourrissons prématurés nécessitant une procédure invasive impliquant une ponction de la peau et d'autres tissus à l'aide d'une aiguille
À partir des rapports des essais cliniques, nous avons extrait les données concernant les résultats cliniques, notamment la douleur, le nombre d'enfants ayant un niveau de méthémoglobine supérieur à 5 %, le nombre de tentatives de piquer avant la réussite de la procédure, les pleurs, le temps nécessaire pour réaliser la procédure, les épisodes d'apnée, les épisodes de bradycardie, les épisodes de désaturation en oxygène, les troubles du développement neurologique et d'autres événements indésirables.
Huit essais contrôlés randomisés de petite taille répondaient aux critères d'inclusion (n = 506). Ces études comparaient soit l'EMLA à un placebo ou l'améthocaïne à un placebo. Aucune étude n'a comparé l'EMLA et l'améthocaïne. Nous n'avons pas été en mesure de réaliser une méta-analyse du critère de jugement de la douleur en raison des différentes mesures de résultat et des méthodes de notification variées. Pour l'EMLA, deux études individuelles ont rapporté une réduction statistiquement significative de la douleur par rapport à un placebo lors de la ponction lombaire et de la ponction veineuse. Trois études n'ont trouvé aucune différence statistique entre les groupes au cours de la piqûre du talon. Pour l'améthocaïne, trois études ont rapporté une réduction statistiquement significative de la douleur par rapport à un placebo lors de la ponction veineuse et une étude rapportait une réduction statistiquement significative de la douleur par rapport à un placebo pendant la pose d'une canule intraveineuse. Une étude n'a rapporté aucune différence statistique entre les deux groupes au cours de l'injection intramusculaire.
Une étude n'a rapporté aucune différence statistique entre l'EMLA et le groupe placebo pour réussir la ponction veineuse à la première tentative. De même, une étude ne rapportait aucune différence statistiquement significative entre le groupe sous placebo et l'améthocaïne pour réussir la pose de la canule intraveineuse lors de la première tentative.
Le risque de rougeur locale, de gonflement ou d'un blanchiment de la peau était significativement plus élevé avec l'EMLA (risque relatif (RR) typique de 1,65, intervalle de confiance à 95 % (IC) 1,24 à 2,19 ; différence de risques (DR) typique de 0,17, IC à 95 % 0,09 à 0,26 ; n = 272 ; nombre nécessaire pour nuire (NNN) 6, IC à 95 % 4 à 11 ; I2= 92 %, ce qui indique une hétérogénéité considérable), mais pas pour l'améthocaïne (RR typique de 2,11, IC à 95 % 0,72 à 6,16 ; DR typique de 0,05, IC à 95 % -0,02 à 0,11, n = 221). Ces réactions cutanées locales pour l'EMLA et l'améthocaïne ont été rapportées être de courte durée. Deux études ont rapporté n'avoir observé aucune méthémoglobinémie avec une application unique d'EMLA. La qualité des données quant aux critères de jugement évalués conformément à la méthode GRADE était faible à modérée.
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France