Les tissus osseux et mous peuvent s'infecter après une fracture osseuse. Lorsqu'une fracture pénètre la peau, on parle de fracture ouverte ou compliquée. Si la peau est intacte, on parle de fracture simple ou fermée. Lorsqu'une fracture fermée est traitée chirurgicalement, des bactéries peuvent contaminer la plaie et provoquer une infection du site opératoire. Cette infection, de même que d'autres infections nosocomiales, peut engager le pronostic vital des patients suite à une chirurgie de réparation d'une fracture fermée de l'os de la cuisse ou d'un autre os long. Depuis les années 1970, des antibiotiques sont systématiquement administrés pour tenter de réduire les infections provoquées par des bactéries telles que Staphylococcus. Cette revue inclut 23 essais portant sur un total de 8 447 participants. Cette revue a observé que les antibiotiques étaient efficaces pour réduire l'incidence de l'infection, tant au niveau de la plaie chirurgicale que du thorax et des voies urinaires. Une dose unique d'antibiotique présente des effets similaires à des doses multiples lorsque l'antibiotique choisi est actif au cours de la période comprise entre le début de l'intervention et la cicatrisation complète de la plaie. Les données disponibles étaient insuffisantes pour confirmer la tendance attendue, à savoir une augmentation des événements indésirables liés aux médicaments, tels que des problèmes intestinaux et des réactions cutanées.
Une prophylaxie antibiotique devrait être proposée aux patients subissant une chirurgie de fixation d'une fracture fermée.
L'infection du site opératoire et les autres infections nosocomiales sont responsables d'une morbidité significative après la fixation interne des fractures. L'administration d'antibiotiques pourrait réduire la fréquence des infections.
Déterminer si l'administration prophylactique d'antibiotiques chez les patients subissant une chirurgie pour une fracture de la hanche ou d'autres fractures fermées des os longs réduit l'incidence des infections du site opératoire et des autres infections nosocomiales.
Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les traumatismes ostéo-articulaires et musculaires (décembre 2009), le registre Cochrane central des essais contrôlés (Bibliothèque Cochrane, 2009, numéro 4), MEDLINE (1950 à novembre 2009), EMBASE (1988 à décembre 2009), d'autres bases de données électroniques telles que le système d'enregistrement international des essais cliniques de l'OMS (décembre 2009), les actes de congrès et les références bibliographiques des articles.
Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés comparant n'importe quel schéma de prophylaxie antibiotique systémique administré lors de la chirurgie par rapport à une absence de prophylaxie, un placebo ou un schéma thérapeutique de différente durée chez des patients victimes d'une fracture de la hanche subissant une chirurgie de fixation interne ou de remplacement prothétique, ou toute autre fixation interne d'une fracture fermée d'un os long. Tous les essais devaient documenter l'infection du site opératoire.
Deux auteurs ont examiné les articles à inclure, évalué le risque de biais et extrait les données de manière indépendante. Les données combinées sont présentées sous forme de graphique.
Les données de 8 447 participants issus de 23 études ont été incluses dans les analyses. Chez les patients subissant une chirurgie de fixation d'une fracture fermée, la prophylaxie antibiotique à dose unique entraînait une réduction significative des infections du site opératoire profond (risque relatif de 0,40, IC à 95 %, entre 0,24 et 0,67), des infections du site opératoire superficiel, des infections urinaires et des infections des voies respiratoires. La prophylaxie à doses multiples présentait une quantité d'effet similaire concernant les infections du site opératoire profond (risque relatif de 0,35, IC à 95 %, entre 0,19 et 0,62), mais aucun effet significatif n'a pu être confirmé concernant les infections urinaires et respiratoires. Malgré un risque de biais indéterminé dans la plupart des études, les analyses de sensibilité montraient que l'exclusion des études à risque de biais élevé ne modifiait pas les conclusions des méta-analyses. Le modèle économique basé sur les données issues d'un essai à grande échelle indiquait que l'administration prophylactique d'une dose unique de ceftriaxone présentait un bon rapport coût-efficacité. Les données étaient très limitées concernant l'incidence des effets indésirables mais, comme cela était prévisible, ils semblaient plus fréquents chez les patients recevant des antibiotiques par rapport aux groupes du placebo ou de l'absence de prophylaxie.