Un transfert effectué depuis un hôpital jusqu'à un centre de soins communautaire peut être une expérience effrayante et difficile pour les personnes présentant des troubles mentaux graves. Il arrive que ces personnes n'aient pas de famille, d'amis ou de soignants comme réseau de soutien. En général, elles ne connaissent personne qui puisse les aider une fois à leur domicile. Pour compliquer davantage les choses, les personnes présentant des troubles mentaux graves peuvent être confrontées à des rechutes critiques de leur santé mentale créant alors un système de « portes tournantes » de soins dans lesquels les patients peuvent quitter l'hôpital lorsque leur état est jugé stable et satisfaisant pour y revenir uniquement en cas d'aggravation de leur santé mentale lors d'un épisode ou d'une crise aiguë. Une intervention en cas de crise et des ensembles de soins à domicile ont été développés comme solution possible à ces problèmes.
Dans cette revue, les soins administrés en cas de crise, au domicile du patient ou en ville, ont montré qu’ils représentaient un dispositif de prise en charge utile, acceptable et moins coûteux que les soins standard. De plus, ces soins permettaient d'éviter les hospitalisations à répétition (trois à six mois après la crise, de 50 % dans certains cas) ; amélioraient sensiblement la santé mentale des patients par rapport à des soins standard (trois mois après une crise) ; étaient plus acceptables et satisfaisants pour les patients, leurs familles et soignants ; allégeaient le fardeau supporté par les familles et les soignants et réduisaient la stigmatisation associée à l'hospitalisation. Les patients, leurs familles et soignants étaient également soulagés d'un fardeau (perturbation des activités quotidiennes, de la vie sociale et susceptibilité à des maladies physiques). Il n'y avait aucune différence au niveau des taux de mortalité entre les soins administrés en cas de crise et les soins standard.
Toutefois, la présente revue ne s'intéresse qu'à six études totalisant 984 personnes. Les méthodes de ces six études étaient considérées comme étant insuffisantes et il n'y avait aucune description définitive d'une intervention ou des soins administrés en cas de crise, ce qui signifie qu'il y avait un manque d'intérêt pour ces soins dans leur forme pure. La majorité des études excluaient les patients alcooliques ou toxicomanes et ceux pouvant représenter un danger pour eux-mêmes ou les autres. Les auteurs de la revue suggèrent que davantage d'études seront nécessaires pour créer une base de preuves plus probantes. À l'heure actuelle, les soins peuvent être administrés en cas de crise en l'absence de preuves solides et probantes. Par exemple, aucune donnée ou information n'était disponible concernant l'avis du soignant, la concordance ou la volonté des bénéficiaires du service à suivre un traitement et le nombre de rechutes des patients. Pour finir, malgré des rapports relatifs à l'épuisement du personnel, la satisfaction du personnel concernant les soins administrés en cas de crise n'était pas évaluée.
Les soins basés sur les principes des interventions en cas de crise, avec ou sans un ensemble de soins à domicile permanents, semblent être une méthode fiable et acceptable pour traiter des personnes présentant des troubles mentaux graves. Si cette approche doit être implémentée à grande échelle, d'autres études plus approfondies devront être réalisées.
Un défi particulièrement difficile dans le cadre du traitement communautaire de personnes présentant des troubles mentaux graves est la mise à disposition d'un niveau de soins acceptables pendant les phases aiguës de troubles mentaux graves. Des modèles d'intervention en cas de crise ont été développés comme solution possible.
Examiner les effets des modèles d'intervention en cas de crise destinés à des personnes présentant des troubles mentaux graves avec des épisodes aigus par rapport à des soins standard.
Nous avons mis à jour les recherches effectuées en 1998, 2003 et 2006 par des recherches effectuées dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (2010) qui se basent sur des recherches régulières réalisées dans CINAHL, EMBASE, MEDLINE et PsycINFO.
Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés concernant des modèles d'intervention en cas de crise par rapport à des soins standard et destinés à des personnes présentant des troubles mentaux graves.
Nous avons indépendamment extrait des données de ces essais et estimés les risques relatifs (RR) ou les différences moyennes (DM) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons supposé que les personnes ayant quitté prématurément un essai n'avaient constaté aucune amélioration.
Trois nouvelles études ont été identifiées depuis la dernière revue réalisée en 2006 et ont été ajoutées aux cinq études déjà incluses dans la présente revue. Aucune des études précédemment incluses n'examinait uniquement une intervention en cas de crise ; toutes recouraient à des formes de soins à domicile destinés aux personnes présentant des troubles mentaux aigus qui incluaient des éléments d'intervention administrés en cas de crise. Toutefois, l'une des nouvelles études s'intéresse exclusivement à une intervention dispensée en cas de crise comme indiqué par les équipes CRHT "Crisis Resolution Home Teams" au Royaume-Uni ; les deux autres nouvelles études évaluaient les foyers de résolution de crise, c'est-à-dire des solutions alternatives résidentielles à l'hospitalisation fournissant des environnements semblables au domicile.
Une intervention en cas de crise semble réduire les hospitalisations à répétition après des crises « index » initiales examinées dans les études incluses, plus particulièrement pour les équipes mobiles de résolution de crise prenant en charge les patients à leur domicile.
Une intervention en cas de crise diminue le nombre de personnes quittant prématurément l'étude, allège le fardeau supporté par les familles, est une forme de soins plus satisfaisante pour les patients et leurs familles et, trois mois après une crise, la santé mentale est meilleure par rapport à l'administration de soins standard. Nous n'avons trouvé aucune différence au niveau de la mortalité. Certaines études ont observé que les interventions en cas de crise étaient moins coûteuses que les soins hospitaliers, mais toutes les données numériques étaient biaisées ou inexploitables. Aucune donnée sur la satisfaction du personnel, l'avis du soignant, les complications liées à la prise de médicaments ou le nombre de rechutes n'était disponible.