Bien que les communautés mettant en œuvre des interventions se soient souvent montrées très concernées par leur programme, cela a rarement conduit à une hausse des taux de sevrage. De même, une meilleure connaissance des risques pour la santé, la modification du rapport au tabagisme, de plus nombreuses tentatives de sevrage et un meilleur soutien environnemental et social pour le sevrage n'ont pas été accompagnées de réductions des taux de tabagisme au niveau de la communauté. Dans les essais les mieux conçus, les fumeurs légers à modérés avaient fait un peu mieux que les gros fumeurs (étude américaine COMMIT) et les hommes avaient fait un peu mieux que les femmes (étude australienne CART), mais les taux de tabagisme étaient demeurés similaires entre les communautés recevant l'intervention et le contrôle.
Le fait que les études les plus importantes et les mieux menées ne soient pas parvenues à détecter un effet sur la prévalence du tabagisme est décevant. L'approche communautaire demeurera importante dans les activités de promotion de la santé, mais les concepteurs des programmes futurs devront tenir compte de cet effet limité lorsqu'ils prendront une décision concernant la taille de l’échantillon et les ressources nécessaires à la réalisation des projets.
Le comportement tabagique étant déterminé par le contexte social, la meilleure façon de réduire la prévalence du tabagisme pourrait être la mise en œuvre de programmes à l'échelle communautaire permettant, par de multiples canaux, d’augmenter le renforcement, le soutien pour ne pas fumer et dénormaliser le tabac.
Évaluer l'efficacité des interventions communautaires pour la réduction de la prévalence du tabagisme.
Nous avons recherché des articles dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le tabagisme, ainsi que dans MEDLINE (1966 - janvier 2006), EMBASE (1980 - Janvier 2006) et les références bibliographiques.
Des essais contrôlés d'interventions communautaires visant à réduire la prévalence du tabagisme chez les fumeurs adultes. Le critère principal de jugement était le comportement tabagique.
Les données ont été extraites par une personne et vérifiées par une seconde.
Trente sept études ont été incluses, dont 17 comprenaient seulement une communauté d'intervention et une communauté de comparaison. Seules quatre études ont randomisé aléatoirement les communautés en groupe d'intervention ou contrôle. La population des communautés variait de quelques milliers à plus de 100 000 personnes. Le changement de la prévalence du tabagisme a été mesuré à l'aide des données transversales de suivi de 21 études. La baisse nette estimée variait de -1,0 % à +3,0 % pour hommes et femmes confondus (11 études). Cette baisse était comprise entre -0,2 % et +3,5 % par an (n = 11) pour les femmes, et entre -0,4 % et +1,6 % par an (n = 12) pour les hommes. Seul un petit nombre d'études faisait référence à la consommation de cigarettes et des taux de sevrage. Les deux études les plus rigoureuses avaient fourni quelques preuves d'un effet sur la prévalence. Dans l'étude américaine COMMIT il n'y avait pas de baisse différentielle de la prévalence entre les communautés d'intervention et de contrôle, et il n'y avait pas de différence significative dans les taux de sevrage des gros fumeurs qui constituaient la cible de l'intervention. L'étude australienne CART avait observé un taux de sevrage significativement plus important chez les hommes mais pas chez les femmes.