Les patients sous chimiothérapie, greffés ou atteints du SIDA risquent de contracter une infection fongique. Ces infections peuvent menacer le pronostic vital, tout particulièrement lorsqu’elles se généralisent à tout le corps. La nystatine est parfois administrée à titre de mesure préventive systématique ou de traitement chez ces patients. Cette revue a constaté que la nystatine n’était pas supérieure au placebo (absence de traitement).
La nystatine ne peut pas être recommandée en prophylaxie ou en traitement des infections par Candida chez les patients immunodéprimés.
La nystatine est quelquefois utilisée en prophylaxie chez les patients souffrant d’une immunodéficience profonde ou en traitement d’une infection fongique chez ces patients, bien que l’effet semble douteux.
Étudier si la nystatine diminue la morbidité et la mortalité lorsqu’elle est administrée en prophylaxie ou en traitement chez des patients souffrant d’une immunodéficience profonde.
Nous avons effectué une recherche dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) numéro 4, 2007, PubMed (novembre 2007) et les références bibliographiques des articles. Nous avons recherché les actes de l’ICAAC (1990 à 2007), de l’assemblée générale de l’ASM (1990 à 2007) et du Congrès européen de microbiologie clinique et de maladies infectieuses (1995 à 2007) et contacté des chercheurs dans le domaine. Pour la mise à jour 2011, nous avons consulté PubMed de 1966 jusqu’au 18 juillet 2011 et les références bibliographiques des articles.
Essais cliniques randomisés comparant la nystatine à un placebo, à un groupe témoin sans traitement, au fluconazole ou à l’amphotéricine B.
Les données sur la mortalité, l’infection fongique invasive et la colonisation ont été extraites par les deux auteurs de manière indépendante. Un modèle à effets aléatoires a été utilisé, sauf si p> > 0,10 pour le test d’hétérogénéité
Nous avons inclus 14 essais (1 569 patients). Les médicaments ont été administrés en prophylaxie dans 12 essais et en traitement dans deux essais. Onze essais ont porté sur des patients souffrant d’une leucémie aiguë, d’un cancer avéré ou ayant reçu une greffe de moelle osseuse, un essai a été mené auprès de patients ayant reçu une greffe de foie, un essai a été réalisé sur des patients en phase critique ayant eu une intervention chirurgicale et un traumatisme et un essai a été effectué sur des patients atteints du SIDA. La nystatine a été comparée à un placebo dans trois essais, au fluconazole dans dix essais et à l’amphotéricine B dans un essai ; la dose variait entre 0,8 MIE et 72 MIE par jour et était de 2 mg/kg/jour avec une formulation liposomale. L’effet de la nystatine sur la colonisation fongique était similaire à celui du placebo (risque relatif (RR) 0,85, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,65 à 1,13). Aucune différence statistiquement significative sur la mortalité n’a été notée entre le fluconazole et la nystatine (RR 0,75, IC à 95 % 0,54 à 1,03) tandis que le fluconazole s’est révélé plus efficace pour prévenir l’infection fongique invasive (RR 0,40, IC à 95 % 0,17 à 0,93) et la colonisation (RR 0,50, IC à 95 % 0,36 à 0,68). Un essai à petite échelle comparant l’amphotéricine B à la nystatine liposomale n’a fait état d’aucune infection fongique avérée. Les résultats étaient très similaires si les trois études qui n’ont pas été menées sur des patients cancéreux étaient exclues. Pour la mise à jour 2011, aucun essai supplémentaire n’a été identifié pour inclusion.