Les programmes, comme « Dissuasion par la peur », consistent à inviter des délinquants juvéniles ou des enfants susceptibles de sombrer dans la délinquance à visiter des établissements pénitentiaires. Ces programmes visent à décourager toute récidive des participants en leur permettant d'avoir une première expérience de la vie en prison et d'interagir avec des détenus adultes. La présente revue, qui est la mise à jour d'une revue publiée en 2002, se compose de neuf études impliquant 946 adolescents, en majorité des garçons. Ces études ont été réalisées dans différentes régions des États-Unis et impliquaient des adolescents de différentes origines ethniques et dont l'âge moyen variait de 15 à 17 ans. Les résultats obtenus indiquaient que non seulement ces programmes n'avaient aucun effet dissuasif, mais aussi qu'ils aggravaient la criminalité. Ces interventions augmentent les risques de récidives de 1,6 à 1 et de 1,7 à 1. Par conséquent, les responsables gouvernementaux à l'initiative de ces programmes doivent rigoureusement les évaluer pour ne pas compromettre davantage la sécurité des citoyens mêmes qu'ils se sont engagés à protéger.
Nous concluons que les programmes, comme celui de « Dissuasion par la peur », augmentent la délinquance par rapport à l'absence d'intervention auprès de jeunes ayant un profil similaire. Au vu de ces résultats, nous ne pouvons recommander ce programme comme stratégie de prévention de la délinquance. Les agences autorisant ces programmes doivent donc rigoureusement les évaluer afin de s'assurer qu'ils ne sont pas plus dangereux qu'efficaces pour les citoyens mêmes qu'elles s'engagent à protéger.
Le programme « Dissuasion par la peur » et d'autres programmes similaires consistent à inviter des délinquants juvéniles ou des enfants susceptibles de sombrer dans la délinquance à visiter des établissements pénitentiaires. Ces programmes visent à décourager toute récidive des participants en leur permettant d'avoir une première expérience de la vie en prison et d'interagir avec des détenus adultes. Ces programmes sont toujours d'actualité, malgré des recherches mettant en cause leur efficacité. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée en 2002.
Évaluer les effets de programmes consistant à inviter des délinquants juvéniles (officiellement jugés, c'est-à-dire condamnés par un tribunal pour enfants) ou des prédélinquants (des enfants en difficulté, mais qui n'ont pas été officiellement jugés comme des délinquants) à visiter des établissements pénitentiaires afin de les dissuader de toute récidive.
En décembre 2011, nous avons mis à jour cette revue en effectuant des recherches dans 22 bases de données électroniques, notamment CENTRAL, MEDLINE, PsycINFO et Criminal Justice Abstracts. Nous avons également effectué des recherches dans des registres d'essais cliniques, consultés des experts, réalisés des recherches dans Google Scholar, ainsi qu'un suivi de toutes les références pertinentes.
Nous avons inclus des études examinant des programmes dans lesquels des délinquants ou des enfants exposés à la délinquance étaient invités à visiter des institutions pénitentiaires ou de réinsertion. Les études composées d'échantillons regroupant des adolescents et des jeunes adultes (par exemple : âgés de 14 à 20 ans) étaient incluses. Nous avons uniquement pris en compte celles ayant attribué ces conditions de manière aléatoire ou quasi aléatoire (c'est-à-dire, une attribution alternée des conditions) aux participants. Chaque étude devait disposer d'une condition de contrôle sans traitement et d'au moins une mesure de résultat du comportement criminel « post-visite ».
Les méthodes de recherche de la revue d'origine ont généré 487 références, dont la majorité contenait des résumés. L'auteur principal de cette revue a analysé ces références dont 30 étaient des rapports d'évaluation. Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné ces références et convenu que 11 étaient des essais randomisés potentiels. Tous les rapports ont été obtenus. En inspectant les textes intégraux de ces rapports, deux auteurs de la revue ont indépendamment convenu d'exclure deux études. Par conséquent, neuf essais randomisés ont été pris en compte. L'auteur principal de la revue a extrait des données de chacun de ces neuf rapports d'étude à l'aide d'un instrument spécialement conçu à cet effet. Dans les cas où des informations sur des résultats venaient à manquer dans les rapports d'origine, nous avons essayé, par correspondance, d'obtenir des données d'analyse auprès des chercheurs d'origine. Le deuxième auteur de la revue (CTP) a indépendamment vérifié les données de résultats.
Dans cette revue, nous avons rapporté de manière narrative les résultats de chacun des neuf essais. Nous avons réalisé deux méta-analyses de sept études, indiquant des taux de récidive suite à l'intervention, à l'aide des données officielles. Des informations provenant d'autres sources, (par exemple : auto-signalées) ne figuraient pas dans certaines études ou des informations importantes étaient omises (par exemple : des écarts-types). Nous avons examiné les effets immédiats suite au traitement (c'est-à-dire, les « effets premiers »), en calculant les odds ratios (OR) des données sur les proportions de chaque groupe récidiviste, et supposé l'utilisation de modèles à effets fixes et aléatoires dans nos analyses.
Nous avons inclus neuf études dans cette revue. Toutes faisaient partie de la revue systématique d'origine ; aucun nouvel essai répondant aux critères d'éligibilité n'a été identifié dans nos recherches mises à jour. Ces études ont été réalisées dans huit États différents des États-Unis, entre 1967 et 1992. Presque 1 000 (946) adolescents ou jeunes adultes d'origines ethniques différentes ont participé, la plupart étant des garçons. L'âge moyen des participants de chaque étude variait de 15 à 17 ans.
Des méta-analyses composées de sept études montrent que l'intervention est plus dangereuse qu'inefficace. L'OR (à effets fixes) des effets concernant l'effet premier à la fin du traitement sur un comportement criminel officiellement mesuré indiquait un effet négatif du programme (OR 1,68, intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,20 à 2,36) et quasi identique quelle que soit la stratégie méta-analytique utilisée (OR à effets aléatoires 1,72, IC à 95 % 1,13 à 2,62). Des analyses de sensibilité (à effets aléatoires) montraient que ces résultats étaient fiables, même en supprimant une étude utilisant une stratégie de randomisation inadaptée (OR 1,47, IC à 95 % 1,03 à 2,11) ou en supprimant une étude avec une attrition élevée (OR 1,96, IC à 95 % 1,25 à 3,08) ou les deux (OR 1,68, IC à 95 % 1,10 à 2,58).